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3 - Le raid sur Dijon et la défense d’Autun (21 novembre-1° décembre 1870).
 

Le raid sur Dijon et la défense d’Autun (21 novembre-1° décembre 1870)

Les troupes allemandes cantonnées dans la région de Dijon ne sont pas assez nombreuses pour mener de grandes opérations, se contentant d’occuper le terrain. Garibaldi sait également que son armée n’est pas encore de taille pour les affronter dans une bataille traditionnelle. Il organise alors des opérations de guérilla pour immobiliser le maximum de troupes ennemies et perturber les lignes logistiques de Strasbourg à Paris.

L’artillerie se compose alors de deux batteries :

  • 2° batterie (4 de campagne) de la garde nationale mobile de la Charente Inférieure (capitaine Senné) ;
  • 1° batterie (4 de montagne) du 6° régiment (capitaine Pohin).

Le 14 novembre, la 4° brigade quitte Autun pour réaliser un raid sur Châtillon-sur-Seine. Pour cette action, l’artillerie n’est pas engagée. Le 19 novembre, à l’aube, la brigade pénètre en silence dans la ville. Un détachement s’empare de L’Hôtel de la Côte d’Or où logent les officiers prussiens tandis que les autres détachements pénètrent dans le centre-ville et mettent hors de combat les allemands qui y logent. Mais la résistance allemande s’organise et les francs-tireurs doivent se retirer en direction de Semur-en-Auxois. La brigade fait néanmoins 200 prisonniers et capture des convois d’armes et de munitions.

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Garibaldi et ses volontaires combattant les Prussiens - Domaine public

Devant le succès de cette opération, le général Garibaldi décide alors d’organiser un autre raid sur Dijon le 21 novembre. Deux colonnes sont organisées. La première, comprenant les deux batteries alors disponibles, progresse par le nord le long de la voie ferrée venant de Paris tandis que la seconde suit la vallée de l’Ouche pour atteindre Dijon.

Le 24, les troupes sont à Pont de Pany. Le lendemain, la 1° brigade est repérée par le poste allemand de Velars sur Ouche, enlevant l’effet de surprise. Garibaldi décide néanmoins d’attaquer Dijon. Au soir, l’armée est cantonnée à Lantenay, Ancey et Mâlain. Le 26 au matin, les troupes françaises marchent sur Dijon par le nord-ouest et se heurtent à la brigade badoise du général-major von Degenfeld en fin de matinée.

Appuyée par la batterie de campagne installée à Pasques et la batterie de montagne défilée dans le bois de Lantenay, la 3° brigade, formée en trois longues lignes de tirailleurs, marche sur Prenois.

Sous l’assaut et les feux de l’artillerie française, la brigade badoise bat en retraite. Elle abandonne le village de Prenois et les Garibaldiens atteignent Darois. Pour profiter du succès, Garibaldi décide de prendre dans la foulée Dijon par une attaque de nuit. Les troupes françaises avancent sur Dijon, bousculant des avants postes allemands mais l’attaque échoue et les troupes doivent refluer sur Lantenay.

Le 27 au matin, l’armée des Vosges retraite sur Autun, poursuivie par la 3° brigade badoise commandée par le général Keller. La retraite est protégée par la 2° brigade du colonel Delpech appuyée par la batterie de montagne du capitaine Pohin. Le 28 novembre, une nouvelle batterie, la 3° batterie (4 de campagne) des mobiles de la Charente-inférieure (capitaine Renson) arrive en renfort d’Autun.

Le 30, Garibaldi rejoint Autun et en organise la défense. Les 2° et 3° batteries de campagne des mobiles de la Charente et la batterie de montagne sont installées sur l’esplanade du petit séminaire, point le plus élevé de la ville, d’où l’on peut apercevoir l’ennemi dans toutes les directions. Deux vieilles pièces en bronze, servies par les mobiles de Saône et Loire (commandant Pelletier) sont en position à Auxy.

Les troupes allemandes atteignent Autun le 1° décembre en fin de matinée. Elles tâtent les défenses de la ville et leur artillerie entre en action vers midi. L’artillerie française intervient seulement à partir de 13h30. Devant la résistance française et particulièrement celle des artilleurs, l’artillerie allemande concentre ses feux sur le petit séminaire. Malgré de nombreuses pertes, les batteries françaises continuent à tirer et l’attaque allemande est stoppée. Les troupes allemandes tentent alors de contourner les défenses par la forêt de Planoise. Pour contrer ce mouvement, les réserves françaises interviennent, soutenues par deux sections de la batterie de montagne qui se déplacent en bordure de la forêt. Les allemands, surpris par cette résistance appuyée efficacement par l’artillerie, se replient vers le bois de Vesvres puis finalement se retirent sur Dijon. Les pièces en position à Auxy ne sont pas intervenues.

L’artillerie de l’armée des Vosges a contribué à sauver Autun. Elle a attiré sur elle le feu ennemi et l’a supporté héroïquement jusqu’à la fin. Les artilleurs comptent 53 hommes tués ou blessés sur environ 120 engagés dont le lieutenant Pohin, blessé, de la 1° batterie de montagne du 6°. Le général Garibaldi remercie les troupes dont les artilleurs avec l’ordre du jour suivant :

« Le général Garibaldi adresse des félicitations pour leur belle conduite dans la journée d’hier à l’armée, et plus spécialement à l’artillerie de campagne et de montagne, au bataillon des Basses-Pyrénées, à ceux des Alpes-Maritimes commandés par le chef de bataillon Bruneau et par le capitaine Guide, à la garde nationale mobilisée, aux francs-tireurs de la 4° brigade, à la compagnie génoise commandée par le capitaine Razetlo, et au capitaine Verdez de la brigade télégraphique, qui a conduit lui-même pendant assez longtemps une partie de la colonne qui opérait contre la gauche de l’ennemi.

Les troupes ont pu voir par la journée d’hier que lorsqu’on veut résister aux envahisseurs, même en nombre supérieur, on le peut ; aussi ne saurions nous flétrir avec assez d’énergie ceux que le bruit du canon ou de la fusillade met en fuite. Ordre est donné dans toutes les directions de les arrêter ; il faut des exemples et nous nous soumettrons à la dure nécessité d’en faire ; tout individu isolé, surpris en état de fuite, sera fusillé sans procès, s’il s’agit d’un corps il sera décimé.

Quant aux autorités et aux habitants du pays où stationneront des fuyards, leur premier devoir est de leur refuser le manger et le boire ; qu’ils sachent bien que les misérables qui abandonnent ainsi leur poste, en semant derrière eux l’alarme et la terreur, compromettent la vie et quelquefois l’honneur des valeureux qui combattent.

Nous remercions les habitants d’Autun des soins empressés qu’ils ont donnés et qu’ils continuent à donner à nos blessés.

Le capitaine Guide, commandant du 2° bataillon des mobiles des Alpes-Maritimes, est nommé chef de bataillon et continuera son service dans le même corps.

Autun, le 2 décembre 1870,

Le chef d’état-major général, Bordone. »

Du début décembre à la fin janvier les combats de grande envergure cessent au profit d’opérations de guérilla. Ces dernières sont principalement menées par la 4° brigade de Ricciotti Garibaldi et différents corps-francs.

Le principal combat dans la région est le combat de Nuits Saint Georges, auquel l’armée des Vosges ne participe pas. Le 18 décembre, les 10 000 mobiles du général Crémer sont confrontés à environ 12 000 allemands. La bataille est rude, mais les allemands arrivent malgré tout à entrer dans la ville que les français évacuent. Le 19 décembre, Werder fait rentrer ses troupes à Dijon.

Courant décembre, l’armée des Vosges reçoit une batterie de 12 de campagne, la 25° batterie (12 de campagne) du 2° régiment. Elle stationne au pied de la Pierre de Couhard, sur la promenade du séminaire pour défendre le village de Saint Martin ainsi que le Petit Séminaire.

Le 22 décembre 1870, deux batteries de montagne issues du 15° corps (armée de la Loire), la 1° batterie de montagne du 12° régiment et la 1° batterie de montagne du 9° régiment, sont rattachées à l’armée de Garibaldi. Ces deux batteries sont desservies par des marins, et commandées par le lieutenant de vaisseau Wyts.

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