Extrait du Petit Journal de l’exposition "1918 : Vers la Victoire" du 19 mai au 18 novembre 1918 au Musée de l’Artillerie de Draguignan ; par Michel Delannoy.
Concept révolutionnaire. C’est ainsi que l’on pouvait qualifier le nouveau venu des chars d’assaut français au printemps 1918, le Renault FT. Il succédait au char moyen Schneider et au char lourd Saint-Chamond, tous deux opérationnels au premier semestre 1917.
Révolutionnaire dans sa conception, à l’image de ce que seront tous les chars d’assaut construits par la suite, il possède une tourelle pivotante à 360° avec armement à l’avant et le moteur à l’arrière.
De petite dimension, 5m sur 1,80m, équipé d’une mitrailleuse ou d’un canon court, il est servi par un pilote et un tireur.
Très maniable, il est aussi à l’aise sur les champs de bataille que dans le combat de rues.
Ses premières armes, il les fait dans la « précipitation ».
En effet, l’armée allemande a lancé une vaste offensive depuis mars 1918, qu’il faut endiguer à tout prix. Les premiers Renault FT, à peine sortis d’usine, sont envoyés sur le front à Chaudun dans l’Aisne.
Ainsi, le 31 mai 1918, 31 chars du 501ème régiment d’artillerie d’assaut bloquent l’offensive allemande à base de tirs de harcèlement. Les Allemands n’iront pas plus loin.
Mais la première grande victoire française, c’est à Villers-Cotterêts, le 18 juillet 1918, que les FT la connaitront, aux côtés des Schneider et Saint-Chamond : 226 chars repoussent les Allemands, laissant la place aux Américains.
Ces derniers seront d’ailleurs entièrement équipés de chars Renault ! Par la suite, les victoires s’enchaînent tant et si bien que le commandement allemand déclare le 8 octobre 1918 : « Il n’y a plus aucune possibilité de vaincre, et le premier facteur, c’est le char d’assaut ».
A l’armistice, le Renault FT, surnommé le « char de la victoire » est produit à 700 exemplaires par mois ; 5500 ont été fabriqués, 1400 sont opérationnels Ils ont été engagés dans plus de 100 combats. Gage de qualité, les Américains le construisent ensuite sous licence. Titre moins glorieux, en août 1944, les Allemands utilisent plusieurs FT vénérables pour tenter de réprimer le soulèvement de Paris !