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A l’origine des chars : l’artillerie spéciale (A.S.)
 

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Extrait du Petit Journal de l’exposition "1918 : Vers la Victoire" du 19 mai au 18 novembre 1918 au Musée de l’Artillerie de Draguignan ; par Michel Delannoy.

A L’ORIGINE DES CHARS, L’ARTILLERIE SPÉCIALE (A.S.)

Inspirés par l’idée du général Estienne, les Alliés conduisent rapidement des essais de fabrication d’engins chenillés. Les Anglais, qui ont camouflé leurs prototypes sous le nom de Tank (réservoir), produisent le Mark IV avec d’énormes chenilles qui englobent totalement l’habitacle du char.

Engagés dès septembre 1916 dans la Somme, ces Tanks ne connaissent qu’un succès très limité : 12 engins sur 49 se révèlent fiables, les autres sont immobilisés par des pannes ou des tirs ennemis.

Les Français, pour leur part, sont partis d’un canon de 75 sur un tracteur agricole Caterpillar. Fin 1915, Estienne valide une commande de 800 chars, la moitié auprès de la firme Schneider et l’autre auprès de l’arsenal de Saint- Chamond. Les modèles livrés montrent des faiblesses de cuirasse pour les Schneider ou des chenilles trop étroites sur les Saint-Chamond, défauts corrigés par la suite. Un centre de formation est créé à Marly en août 1916, avec du personnel provenant de toutes les armes, quelques artilleurs pour les canons, mais surtout des cavaliers peu utiles dans leur spécialité dans le cadre de la guerre de tranchées.

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Schneider CA1

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Saint-Chamond

Nommé commandant de l’artillerie d’assaut en octobre 1916, le général Estienne organise un autre centre de formation à Champlieu où il constitue 15 groupes d’artillerie spéciale, totalisant 208 chars Schneider et 48 Saint-Chamond. Il adopte pour eux une symbolique fondée sur les as d’un jeu de cartes, par similitude avec les initiales A.S. Il se heurte à l’absence de pièces de rechange, lacune qui vient lourdement handicaper le principe d’emploi du char, moyen de rupture du front, capable d’ouvrir la route à l’infanterie en écrasant les barbelés et les tranchées.

Le 16 avril 1917, à Berry-au-Bac, 128 chars Schneider sont engagés. Deux chars sur trois sont détruits ou immobilisés sur le terrain défoncé par les obus ; 180 de leurs hommes d’équipage sont tués ou blessés. Le 5 mai, au moulin de Laffaux, 16 chars Saint-Chamond attaquent à leur tour, 5 en réchappent. Il faut attendre l’attaque d’octobre 1917 avec 38 Schneider et 30 Saint-Chamond pour assister au premier succès des chars sur le Chemin des Dames.

En parallèle, le général Estienne et l’industriel Louis Renault conçoivent un char léger qui va constituer les régiments d’artillerie d’assaut 501 (avril 1918) à 507 (octobre 1918). L’engagement de ces chars Renault FT est déterminant à compter de mai 1918, mais leurs pertes sont systématiquement importantes (50% à chaque assaut).

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Renault FT

Ces pertes démontrent la nécessité d’un char lourd en complément du Renault FT. L’étude aboutit au char FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), monstre de 70 tonnes portant un canon de 75mm et quatre mitrailleuses avec un équipage de 12 hommes. Demeuré longtemps à l’état de prototype, le FCM sera produit à partir de 1921 à concurrence de 10 exemplaires sur les 300 prévus.

En août 1920, ces régiments passent à l’infanterie, avec l’appellation de « Régiments de chars de combat ».


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