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Chapitre 2 : De Louis XIV à l’Empire.
 

Jusqu’au règne de Louis XIV, l’artillerie du champ de bataille ne comprend habituellement que des pièces de position tirant dans une même zone pendant toute l’action. Il ne faut pas seulement alléger le matériel, on doit en réduire les types afin de faciliter l’instruction du personnel et simplifier la fabrication ainsi que l’approvisionnement en munitions.

(JPG) C’est sous le règne de Louis XV que deux grands artilleurs, Vallière et Gribeauval, ont laissé leurs noms aux premiers systèmes d’artillerie appelés à donner à cette arme la mobilité et les règles de fabrication dont elle manquait ainsi que la simplification organique qu’elle réclamait.

Vallière débute dans l’armée comme lieutenant des mineurs en 1690 avant d’être colonel inspecteur du Royal-artillerie en 1720 puis lieutenant général en 1732. Il réduit à cinq le nombre des types de bouches à feu : les canons de 24, 16, 12, 8 et 4 et allège leur poids de façon à pouvoir les monter sur affûts à roue traînés par des chevaux. Les mortiers ont pour diamètre de l’âme 12 pouces et 8 pouces 3 lignes et le pierrier, 15 pouces.

On avait jusque-là, transporté la poudre en barils et il fallait les défoncer pour en extraire la charge convenable que l’on introduisait ensuite dans la chambre à l’aide d’une sorte de cuillère à grain à long manche, la lanterne. Cette longue et délicate opération était de plus entachée par l’imprécision du poids de poudre mise en place. Vallière lui substitue l’utilisation de sachets qui est à l’origine des gargousses. Il fait établir les premières tables de fabrication qui fixent pour chaque type de canon, le poids de la bouche à feu, les formes et les emplacements de ses organes principaux (anses, tourillons, etc...).

Mais il ne va pas jusqu’au bout des perfectionnements qu’il avait amorcés. En particulier, il ne fait aucune distinction en ce qui concerne l’emploi des canons entre l’artillerie de siège, de place et de campagne. Ces faiblesses sont mises en évidence lors de la guerre de succession d’Autriche où l’artillerie française eut à lutter contre une artillerie prussienne plus mobile.

Engagé dans le Royal-artillerie, Gribeauval avait été envoyé, avant la guerre de succession d’Autriche, en mission en Prusse pour étudier l’emploi de l’artillerie légère de Frédéric II. Pénétré des possibilités d’une telle artillerie, il propose à son retour en France l’adoption d’une sorte d’artillerie divisionnaire à raison de huit bouches à feu par brigade d’infanterie. Ses suggestions ne sont pas écoutées et, découragé, il prend du service en Autriche, alors alliée de la France, où il tire, des batailles contre Frédéric II, la confirmation de la justesse de ses idées.

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Rappelé en France par le Duc de Choiseul, il se consacre, dès 1765, à l’étude de l’amélioration du matériel dans le sens où Vallière l’avait conçue tout en y introduisant une méthodologie nouvelle et d’importantes modifications : adoption de matériels distincts pour chacun des services en campagne, de place et de côte, d’affûts différents pour chaque type de tir, de hausse pour le pointage, d’essieux en fer en remplacement des essieux en bois. Il réorganise également l’administration et le fonctionnement des ateliers où les tables de construction sont combinées avec l’usage d’instruments de contrôle de la production. De la gargousse, il développe la cartouche d’artillerie qui améliore la cadence de tir par la simplification du chargement et la précision par la constance de la charge préparée en atelier.

Mais c’est l’adoption de l’avant-train et de la prolonge (JPG) qui fait du système Gribeauval un système révolutionnaire pour l’artillerie française. Définitivement acquises en 1774, ces modifications font les succès de l’artillerie française de la révolution et de l’empire car Gribeauval avait bien compris que tout se tient dans un système d’artillerie, calibre, longueur du tube, système de pointage, affût, munitions, voitures de réapprovisionnements et qu’une lacune dans l’une des parties compromet le fonctionnement de l’ensemble.

Durant cette période, de nouveaux projectiles sont inventés et utilisés en plus du boulet. La boite à mitraille,(JPG) comparable à la chevrotine des fusils de chasse, disperse à courte distance des balles contenues dans un cylindre de fer blanc. L’obus, boulet creux chargé de poudre mise à feu par une fusée, explose sur sa trajectoire. La mise au point de ce dernier projectile dans l’artillerie française est due à un officier général d’artillerie plus connu pour son oeuvre littéraire, Choderlos de Laclos.

Dans la dernière décennie de l’Empire, les fusées de guerre, ramenées des Indes par le colonel Congrève de l’armée britannique et utilisées contre Boulogne et Copenhague, sont à nouveau introduites dans toutes les artilleries et reviennent en service en France. Ce système composé d’un projectile portant sa force propulsive, et n’exerçant aucune réaction sur son point de départ, peut suppléer dans la guerre de terre à l’action des projectiles ordinaires de l’artillerie dans les circonstances où l’emploi des bouches à feu devient impossible. Le capitaine Bruslard en 1810, le capitaine Rougé en 1845 et le colonel Susane en 1855 développent et mettent en place les systèmes français successifs de fusées de guerre. Les progrès des canons dans la seconde moitié du XIXème siècle leur portent un coup que l’on croit fatal. En France, les fusées de guerre sont retirées du service en 1872.

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