"Au mois d’août 1914, l’armée française découvre la puissance méconnue de l’artillerie à pied allemande dont les mortiers lourds des calibres 42 cm et 30,5 cm , 28 cm et 21 cm provoquent la chute rapide ou la neutralisation des plus gros ouvrages de fortification permanente à Lièges, Namur, Manonviller, Maubeuge et Anvers."
C’est sur cette annonce de départ que le général Guy François introduit "L’artillerie lourde à Grande Puissance" (A.L.G.P.), objet du Tome 2 de son ouvrage "Les canons de la victoire : 1914-19183".
Mais ce constat ne se limite pas à l’artillerie de grande puissance, car il s’applique aussi à l’artillerie lourde de campagne, sur laquelle butte l’armée française dans sa marche à l’ennemi en Belgique - et plus largement dans le Nord, où les allemands ont eu le temps de l’installer, alors que les français ne pouvaient compter que sur leur artillerie légère - et certes moderne - de campagne (canon de 75mm modèle 1897), dont la portée ne suffisait pas pour se livrer à la contre-batterie. C’est en inversant le processus stratégique, donc de recul, que les canons de 75 mm font des merveilles, puisque les allemands n’ont pas le temps de mettre leur artillerie lourde en position. Mais c’est lorsqu’on passe au combat de défense ferme, pour barrer la route de Paris aux allemands, que le problème se repose avec une grande acuité. L’artillerie lourde n’a pas été modernisée à temps et souffre d’une mauvaise mobilité.
Alors il faut user d’autres matériels dont la puissance est grande et dont l’emploi ne s’avère pas utile là où elles sont. Comme en 1870 pour la guerre de siège, on fait appel aux ressources de la Marine, à celle de l’artillerie côtière et de siège de la Guerre [1].
Quels sont ces moyens immédiatement disponibles :
C’est pendant la bataille sur la Marne que va se décider une nouvelle stratégie ou l’artillerie va se hisser au tout premier rang des armes de combat.
[1] C’est ainsi que l’on appelait l’armée de terre à cette époque
[2] Pour les voies normales un seul projet existe : l’obusier de 220 mm commandé par le Pérou ; commandé en 2 exemplaires, il sera réquisitionné par l’armée française en septembre 1914.
[3] Ils ne seront livrés qu’à la fin de l’année 1914.
[4] En plus de ces deux commandes la France conserve au début de la guerre un reliquat de 6 pièces d’une commande initiée en 1897 de 155 L "Transvaal" qui a fait ses preuves pendant la guerre des Boers.
[5] Ils seront aussi réquisitionnés en décembre 1914)
[6] Il s’agit de trouver des capacités de riposte au canon de 13 cm allemand ayant une portée de 14 500 mètres.