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La contribution de l’artillerie de Marine pendant le conflit franco-prussien

La guerre franco-allemande, aussi dénommée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870, oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France et les États allemands coalisés sous l’égide de la Prusse.

La défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III, provoquent, le 4 septembre 1870, la chute du Second Empire. Napoléon III part en exil et la France se dote d’un régime républicain avec la création de la Troisième République. Ce gouvernement décide de continuer les hostilités. Malgré la mise sur pied d’armées provinciales, les troupes allemandes n’ont pu être défaites et Paris, investi depuis le 19 septembre 1870, n’a pu être secouru.

Le 26 janvier 1871 l’armistice est signé et il est aussitôt appliqué. Le 28 janvier 1871 sont signées les conventions militaires.

Au cours de ce conflit, l’artillerie de Marine a été largement mise à contribution pour renforcer l’artillerie de l’armée.

Au début des hostilités, 4 batteries d’artillerie de la marine sont destinées à faire partie de la division que le Général Trochu doit commander au Danemark.

Après nos premiers revers, cette expédition dans la mer baltique est abandonnée. Trois des batteries prévues sont alors affectées à l’armée de Châlons. Après le désastre de Sedan avec la capitulation de l’armée de Chalons le 2 septembre 1870 et l’investissement de Metz depuis le 20 août (capitulation le 26 octobre), Paris est menacée. Toute l’artillerie de la marine disponible est dirigée sur Paris avant son investissement le 19 septembre 1870. Ces renforts permettent la formation pendant le siège de 16 batteries, dont 5 montées et 2 à pied pour les armées de Paris. La Marine fournit aussi un grand nombre d’officiers à l’artillerie de terre.

Le gouvernement de défense nationale doit aussi équiper hâtivement les armées de province. Les directions d’Artillerie de Marine fournissent aussi un effort considérable grâce à leurs ateliers et à leurs nombreuses compagnies d’ouvriers. L’Artillerie de Marine peut ainsi mettre sur pied une trentaine de batteries ou détachements pour les armées de province. Cela représente un effectif de 49 officiers et 2.376 hommes dont environ 600 ouvriers, sans compter les conducteurs, pour les armées de province.

D’autre part, au fur et à mesure de l’avance ennemie dans le territoire, le Département de la Guerre adresse de nouveau à celui de la Marine des demandes pressantes pour le renforcement des places menacées, la reconstitution du personnel et du matériel perdus. Ainsi, 868 pièces de mer de gros calibre, avec affuts et munitions, sont dirigées sur Carentan, Besançon, Lyon, Belfort, Grenoble, Bourges, Nantes, Orléans, Dunkerque, Conlie, etc. Ces pièces sont servies par des marins canonniers ou des artilleurs de Marine.

Pour satisfaire ces demandes et comme la Marine allemande n’est pas un danger, le département de la Marine donne l’ordre aux ports et aux stations navales de réduire le nombre de bâtiments en service. Le désarmement de 4 corvettes cuirassées, de 13 béliers et batteries cuirassées, de 3 frégates et corvettes à hélice, de 12 avisos ou bâtiments de flottille ainsi que de plusieurs transports permet la création d’unités pour renforcer l’armée de terre.

En même temps, les ateliers des ports militaires adaptent leurs fabrications pour le département de la Guerre. A la fin de l’année 1870, les arsenaux sont tellement occupés que des réparations pour des navires sont retardées, voire ajournées.

Du 17 juillet 1870 au 15 février 1871, la contribution de la Marine à la défense nationale représente, hors l’armement de la flotte et la mise en défense des colonies :

  • 28 157 canonniers ou fusiliers marins ;
  • 563 officiers de vaisseau (d’aspirant à vice-amiral) ;
  • 20 ingénieurs hydrographes employés aux travaux de reconnaissance autour de Paris ;
  • 23 420 hommes d’infanterie de Marine ;
  • 5 087 hommes de l’artillerie de Marine ;
  • 1 032 pièces de Marine armées et munitionnées ;
  • 29 300 fusils et carabines ;
  • 100 batteries complètes de 4 et de 12 ;
  • 16 batteries de mitrailleuses ;
  • 130 affuts de place et de siège ;
  • 700 canons lisses de guerre transformés en canons rayés.

Au sujet des artilleurs de la Marine, près de 5100 hommes sont mobilisés ce qui permet la mise sur pied de près de soixante batteries ou détachements.

Pour la garnison de Paris, le régiment d’artillerie de la Marine fournit en définitive 1 900 artilleurs pour le service de 16 batteries dont 11 à pied et 5 montées. Il faut rajouter le 11° bataillon de la Marine (commandant Krantz) du "Louis XIV", vaisseau école des canonniers de la Marine. Cette unité est composée de 8 compagnies de matelots canonniers regroupant 722 hommes. Pour la défense de Paris, la Marine mobilise environ plus de 2 600 hommes, dont 98 officiers et 18 gardes d’artillerie.

Pour les armées de province, l’Artillerie de Marine met sur pied une quarantaine de batteries ou détachements.

L’ensemble est servi par 49 officiers et 2 376 hommes, parmi lesquels environ 600 ouvriers, sans compter les conducteurs.

Au 1° février 1871, juste après l’armistice, les ateliers des ports et les arsenaux réalisent et devaient livrer pour la fin du mois au Département de la guerre le matériel suivant :

  • 40 batteries de calibre 4 avec 600 voitures ;
  • 20 batteries de mitrailleuses avec 300 voitures ;
  • 400 caissons ;
  • 100 affuts de montagne ;
  • 100 forges ;
  • 200 chariots ;
  • 8 400 caisses d’approvisionnement.

Par exemple, il est à noter la contribution de l’arsenal de Brest avec 436 bouches à feu et 532 affuts complets :

  • 8 canons de 22 (chargement par la bouche) ;
  • 4 canons de 19 (chargement par la culasse) ;
  • 84 canons de 16 (chargement par la bouche) ;
  • 41 canons de 16 (chargement par la culasse) ;
  • 10 canons rayés de 14 ;
  • 34 canons rayés de 12 de campagne (modèle Marine) ;
  • 19 canons rayés de 12 de campagne (modèle Guerre) ;
  • 15 canons rayés de 4 de campagne ;
  • 62 canons de 4 de montagne ;
  • 45 canons de 30 ;
  • 114 obusiers de 30.

Dans ce cadre, le Régiment d’artillerie de la marine a réalisé des efforts considérables pendant la guerre de 1870-1871 avec la mise sur pied d’une soixantaine de batteries ou détachements.

D’autre part, la flottille de la Seine est armée avec 560 marins et 33 pièces d’artillerie.


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