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2- Création de l’artillerie de l’armée du Nord
 

Création de l’artillerie de l’armée du Nord

Après les défaites de Sedan et de Metz, il n’y a quasiment plus d’unités militaires régulières dans le Nord. L’artillerie va se reconstruire à partir de batteries soit rescapées des précédents combats (3° batterie du 12° régiment issue du 13° corps d’armée), soit non engagées comme les 1° (Douai) et 2° (Lille) batteries du 15° régiment.

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La création de l’artillerie de l’armée du Nord se réalise à Douai et à Lille.

Douai est le siège du 2ème commandement d’artillerie, dirigé par le général Treuille de Beaulieu, secondé par le lieutenant-colonel De Narp, chef d’état-major, et le capitaine Demimuid, aide de camp.

A Douai se trouve aussi une école d’artillerie et la 5ème compagnie d’ouvriers d’artillerie.

La direction de l’artillerie et l’arsenal de Douai sont dirigés par le colonel Briant, secondé par le lieutenant-colonel Colcomb, sous-directeur.

De plus, Douai est la ville de garnison du 15ème régiment d’artillerie qui sera l’ossature de l’artillerie de l’armée du Nord.

La 1ère batterie du 15ème régiment d’artillerie va servir de dépôt pour la mise sur pied de plusieurs unités à fur et à mesure de l’arrivée du personnel et du matériel. Elle sera secondée dans ce rôle par la 1ère ter [1] batterie du même régiment, créée le 19 novembre 1870.

Le personnel provient d’évadés de Sedan et de Metz, de canonniers-vétérans, de militaires du Train d’artillerie et de nouvelles recrues.

La 3ème batterie du 12ème régiment (de 12 [2]), réfugiée à Mézières, est rappelée pour être mise en état de faire campagne.

De La Fère, le maximum de matériel possible est récupéré. Le transport de ce matériel à Douai est terminé la veille même du jour de l’investissement de La Fère par les troupes allemandes.

Le général Treuille de Beaulieu et le colonel Briant déploient la plus grande activité aux travaux de la direction d’artillerie de Douai. Cette direction doit pourvoir les places d’approvisionnements nécessaires, la création de nouvelles unités, sans négliger les fabrications de campagne, les approvisionnements de cartouches, etc.

Le ministère de la Marine attribue cinquante pièces de gros calibre pour renforcer l’armement des places. Partout une activité fiévreuse est déployée et le 6 novembre, la 1ère division du 22ème corps est opérationnelle.

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L’artillerie du 22ème corps, placée sous les ordres du commandant Charon, évadé de Sedan, et dont l’activité et l’énergie contribuent à l’organisation de l’artillerie de l’armée, ne comprend encore que 4 batteries de campagne :

    • 2ème batterie du 15ème régiment (de 4),
    • 1ère batterie bis du 15ème régiment (de 4),
    • 3ème batterie du 12ème régiment (de 12),
    • 3è batterie bis du 12ème régiment (de 8).

La 1ère batterie bis du 15ème régiment, à l’origine à pied, est transformée en batterie montée le 11 octobre 1870. Le 19 novembre, elle est totalement opérationnelle.

La 3ème batterie bis du 12ème régiment est créée le 14 novembre 1870 par dédoublement de la 3ème batterie.

L’artillerie est ensuite renforcée avec la création de deux nouvelles batteries (1ère et 2ème batteries mixtes de 12) de la Marine, ayant pour servants des marins choisis dans les bataillons de fusiliers marins qui viennent d’arriver dans le Nord.

Une nouvelle batterie (2ème batterie ter du 15ème), est créée le 1 novembre 1870.

Lors de la bataille de Villers-Bretonneux, les 26 et 27 novembre 1870, les troupes regroupent 17500 hommes sous les ordres du général Paulze d’Ivoy, auxquelles il faut rajouter les 8000 hommes de la garnison d’Amiens. Les troupes engagées sont alors dotées de 7 batteries d’artillerie (42 pièces).

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A la fin novembre 1870, le 22ème corps est porté à 3 divisions. L’artillerie est considérablement augmentée. Aux 7 batteries qui ont combattu à Villers-Bretonneux, s’en ajoutent 4 autres :

    • 3ème batterie bis du 15è,
    • 3éme batterie ter du 15è,
    • 4ème batterie bis du 15è, et
    • 7ème batterie montée des mobiles du Pas de Calais).

Ainsi, chaque division est pourvue de trois batteries. Il faut y rajouter les 2 batteries de la Marine, comme réserve de corps d’armée. En plus, un parc de réserve est organisé.

L’ensemble regroupe 60 pièces de campagne.

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En décembre 1870, un projet d’organisation de l’armée en deux corps est soumis au gouvernement qui l’approuve.

La création du 23ème corps d’armée est alors décidée.

Le général Farre, commandant du 22ème corps d’armée, est promu major-général de l’armée du Nord, le général Faidherbe étant le commandant en chef.

Le lieutenant-colonel de Villenoisy est promu au grade de colonel comme adjoint au major-général.

Le général Lecointe est nommé au commandement du 22ème corps qui est composé de 2 divisions avec six batteries.

Les colonels Derroja (1ère division) et Dufaure du Bessol (2ème division) sont nommés généraux de brigade.

Le général Paulze d’Ivoy est nommé au commandement du 23ème corps d’armée qui est aussi composé de 2 divisions avec six batteries.

  • La 1ère division, comprenant des fusiliers-marins, est commandée par l’amiral Moulac puis par le capitaine de vaisseau Payen.
  • La 2ème division est commandée par le général Robin.

Chaque division est dotée de 3 batteries et l’armée possède 2 batteries de 12 en réserve.

Les nouvelles batteries sont affectées à la 2° division du 23° corps :

  • 2ème et 4ème batteries (4 de montagne) montées des mobiles de la Seine Inférieure,
  • batterie (de 4 de montagne) montée des mobiles du Finistère.

Lors de la bataille de l’Hallue (dite aussi de Pont Noyelles), le 23 décembre 1870, l’armée est donc constituée de 2 corps et comprend 82 pièces d’artillerie. A cette occasion, le 22ème corps est renforcé par une batterie de 4 canons Armstrong [3] servie par des marins, ensuite affectée à la brigade Pauly, en janvier 1871. Après cette bataille, l’armée recule et s’installe derrière la Scarpe. Les troupes allemandes étaient dotées de 108 pièces d’artillerie.

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Une nouvelle bataille s’engage à Bapaume le 3 janvier 1871 pour secourir Péronne, encerclée et assiégée.

L’artillerie française est durement engagée face à l’artillerie allemande et soutient les assauts de l’infanterie.

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Le 19 janvier 1871, à la bataille de Saint Quentin, l’effectif de l’armée du Nord est de 953 officiers, 12 025 fantassins et 102 pièces d’artillerie (50 de 4, 6 de 8, 18 de 12 et 28 de montagne).

L’armée aligne 15 batteries (7 batteries de 4 de campagne, 1 batterie de 8, 3 batteries de 12 et 4 batteries de 4 de montagne), servies par 2171 artilleurs.

La réserve d’armée est renforcée d’une nouvelle batterie, la 1ère batterie (de 4 de montagne) montée des mobiles de la Seine-Inférieure.

Lors de cette ultime bataille, les troupes allemandes disposaient d’environ 160 pièces d’artillerie. L’artillerie française, reconstituée et correctement dotée, à été à la hauteur des espoirs escomptés et a été réellement efficace.

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C’est à la bataille de Saint-Quentin qu’ont été tirés pour la première fois les nouveaux obus à balles pour le canon de 4 mis au point par le général Treuille de Beaulieu et le lieutenant-colonel Desmaret, inventeur de la fusée percutante. Ces obus ont été adoptés par le gouvernement de la Défense nationale le 17 décembre 1870.

Deux batteries, la 2ème batterie du 15ème régiment et la 3ème batterie ter du 15è régiment, ont utilisé ces obus pesant cinq kilogrammes environ. Ils éclatent en moyenne en quarante-six morceaux ou balles. L’augmentation de poids du nouveau projectile nécessite quelques modifications dans le tir. La charge normale de guerre est augmentée de 50 grammes et portée à 600. Cette augmentation de charge, qui doit être limitée à cause des réactions plus grandes produites sur l’affût, ne suffit pas à compenser la diminution de portée produite par l’augmentation de poids du projectile. Pour pallier cet inconvénient, il est nécessaire d’augmenter la hausse de 100 mètres.

Note de la rédaction :

Tout au long de cette rubrique sont citées différentes sortes de canons (de 4, de 8, de 12...). Pour ne savoir plus sur ces matériels, suivre ces liens/

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[1] NDLR : cette nomination veut dire que la 1ère batterie, au fur et à mesure de la montée en puissance, se dédouble pour créer d’abord une batterie "bis", puis une batterie "ter"...

[2] Cette façon de simplifier veut dire : équipée de canon de 12

[3] Puissants canons rayés à chargement par la culasse conçus par William Armstrong et construits en Angleterre à partir de 1855 par la Elswick Ordnance Company et le Royal Arsenal de Woolwich


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