Pour encadrer ces compagnies, le Corps des canonniers garde-côtes est reformé par décret du 16 thermidor an IX (4 aout 1801).
Par un arrêté des consuls du 18 vendémiaire an X (10 octobre 1801), sur l’organisation de l’armée, les 130 compagnies de gardes-côtes existantes sont conservées. Elles sont ensuite incorporées dans les troupes de la république.
L’arrêté du 2 germinal (23 mars 1802) de la même année ordonne la formation de 3 bataillons, de 800 hommes chacun à partir des compagnies de gardes-côtes. L’un d’eux, organisé à Toulon, est composé de compagnies de la Méditerranée. Les deux autres, à Brest et à Rochefort, sont composés de compagnies de l’Océan. Tous les trois sont destinés pour l’armée de Saint-Domingue aux Antilles.
Bonaparte forme, le 8 nivôse an X (29 décembre 1801), un comité de l’artillerie, chargé d’améliorer les équipements et les matériels de l’artillerie de la manière la plus efficace possible. Ce comité est présidé par le général d’Aboville, Premier Inspecteur de l’Artillerie.
Les membres en sont Lamartillère, Marmont, Andreossy, Eblé, Songis, Faultrier et Gassendi.
Ce comité se doit « d’arriver, en faisant table rase, au matériel d’artillerie le plus avantageux qu’il fût possible d’obtenir à l’époque ». Le conseil arrête, en conséquence, les bases d’un nouveau système dénommé « système an XI ». Pour l’artillerie de côte, elle doit être dotée de canons de 24 et de 36 (tirant des obus creux) et de mortiers.
Le 27 prairial an X (16 juin 1802), suite à la paix d’Amiens, les compagnies sont licenciées.
La reprise de la guerre en 1803 induit la remise sur pied du Corps selon l’arrêté du 8 prairial an XI (28 mai 1803).
Il est formé 100 compagnies réparties dans les directions d’artillerie maritimes suivantes :
L’arrêté ordonne aussi la formation de 28 compagnies de canonniers-gardes- côtes sédentaires :
Ces compagnies de canonniers gardes-côtes sédentaires sont composées des habitants du pays et considérées comme gardes nationales. Elles doivent, en temps de guerre maritime, faire le même service que les autres compagnies de canonniers gardes-côtes.
Chaque compagnie comprend 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sergent-major garde-magasin principal, 4 sergents, 8 caporaux, 8 appointés, 2 tambours et 96 canonniers.
Les hommes sont désignés par les préfets, et doivent servir cinq ans. Ils doivent être âgés de vingt-cinq ans au moins, et de quarante-cinq au plus.
L’arrêté décrit l’uniforme et l’armement ainsi :
"L’uniforme des canonniers-gardes- côtes sera composé d’un habit de drap bleu national, parements bleus, revers et retroussis vert de mer, doublure de serge et cadis blanc, gilet et culotte de tricot vert de mer, chapeau bordé de laine noire, bouton de métal jaune, timbré d’une ancre, d’un canon et d’un fusil.
Les distinctions relatives aux différents grades des officiers et sous-officiers seront les mêmes que dans l’infanterie.
L’armement consistera, pour chaque sergent ou canonnier, en un fusil, une baïonnette et une giberne ; le tout des mêmes forme, largeur, longueur et proportion que celles de l’infanterie."
Les officiers, tous nommés par le premier consul, sont choisis soit parmi les officiers ayant servis dans l’artillerie de terre ou de mer, dans les anciennes compagnies de canonniers gardes-côtes, soit parmi les officiers réformés ou retraités des autres armes. Les hommes sont fournis par les communes, et choisis de préférence parmi les militaires ayant obtenu leur congé ou leur retraite pour blessures ou infirmités, et encore susceptibles de servir. Ils doivent être âgés de 25 ans au moins et de 45 ans au plus. Leur service est fixé à 5 années consécutives. Ils peuvent renouveler leur engagement tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 50 ans.
Un adjudant de côte, pour chaque direction d’artillerie, est chargé de la surveillance du service et du maintien de la discipline. Ces adjudants doivent être recrutés parmi les chefs de bataillon ou d’escadron réformés, de préférence parmi ceux ayant servi dans l’artillerie. Ils peuvent avoir un ou deux adjoints dans les directions dotées de plus de 10 compagnies.
Ainsi que le prescrit l’ordonnance de 1778, les officiers de canonniers garde-côtes doivent être, à grade égal, sous le commandement des officiers des troupes de ligne, lorsque leurs compagnies sont réunies à ces troupes.
En temps de guerre, le service de ces compagnies compte comme celui fait aux armées, et seulement pour moitié en temps de paix. Dans les réunions armées de gardes nationales, les canonniers gardes-côtes prennent la droite et sont censés former les grenadiers de cette garde.
L’arrêté du 22 ventôse an XII (13 mars 1804), sur l’avancement des gardes-côtes, règle que les lieutenants soient pris, soit parmi les officiers réformés des corps de l’artillerie de terre ou de mer, soit parmi les sergents-majors de ces corps, ou ceux des compagnies de gardes-côtes.
Les capitaines sont choisis parmi les lieutenants de ces compagnies ou ceux de l’artillerie de terre ou de mer en activité ou en réforme. Les adjudants de côtes sont choisis parmi les capitaines desdites compagnies ou parmi ceux d’artillerie de terre et de mer, en activité de service, ou parmi les chefs de bataillon et d’escadron réformés de l’artillerie de terre et de mer.
Le décret relatif à l’organisation des vétérans impériaux du 27 floréal an XIII (17 mai 1805) permet le renforcement des canonniers garde-côtes. Les 25 compagnies de vétérans canonniers sont particulièrement destinées à la garde des batteries de côtes, à leur service et à l’instruction des garde-côtes. Ces compagnies sont constituées de 100 hommes dont un capitaine en premier, un capitaine en second, un lieutenant en premier, un lieutenant en second, un sergent-major, un sergent-fourrier, quatre sergents, huit caporaux, deux tambours et quatre-vingts canonniers vétérans. Elles sont sous le commandement et l’inspection des directions d’artillerie de leur arrondissement.
Au fur et à mesure de l’agrandissement de l’Empire, le nombre des compagnies de canonniers gardes-côtes augmente avec la création de compagnies en Piémont, en Hollande et dans les villes hanséatiques. A la fin de 1813, il existe 145 compagnies de canonniers gardes-côtes et 33 de canonniers gardes-côtes sédentaires avec l’effectif suivant :
L’artillerie de côte a un rôle non négligeable pour un empire français en guerre quasi permanente avec la première puissance navale au monde, la Royal Navy britannique. En 1813, les côtes de France, de Belgique et de Hollande sont armées de 23.500 pièces. Elles sont représentées par de nombreux mortiers mais aussi par un grand type de canons.
L’artillerie côtière n’est cependant pas privée d’innovations comme l’adoption des canons-obusiers en bronze du colonel de Villantroys atteignant une portée de 4.000 mètres.
Lors de l’invasion de la France en 1814, un décret impérial du 22 janvier ordonne la formation de 27 compagnies d’artillerie à pied supplémentaires dont les officiers et canonniers doivent être pris parmi les canonniers gardes côtes. Leur organisation est celle des compagnies d’artillerie de ligne. Elles doivent rester en activité jusqu’à ce que l’ennemi soit expulsé du territoire. Aussi, pour suppléer au manque d’effectif de l’armée impériale pour la campagne de 1814, les canonniers garde-côtes sont requis pour l’escorte des convois de munitions.
Le Premier Empire s’achève le 6 avril 1814 avec l’abdication de Napoléon à Fontainebleau et son départ le 20 avril pour l’île d’Elbe.
Une décision du 20 avril 1814 renvoie les compagnies d’artillerie à pied formées par les garde-côtes dans leurs divisions respectives pour y être dissoutes. Une ordonnance royale du 4 juin de la même année licencie les compagnies de canonniers gardes-côtes et de canonniers gardes-côtes sédentaires.
Des cas concrets :
Arrêté Relatif à l’organisation des Compagnies de Canonniers Garde-Côtes du 8 Prairial, An XI de la République Française, une et indivisible (Source : Archives Départementales d’Ille et Vilaine, 5 Z 145)
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Etat des forts et batteries d’Ille et Vilaine :cliquer ici
Contrôle Nominatif des Canonniers gardes-côtes de la 28e Compagnie (assimilée à l’Artillerie de ligne) - Octobre 1812 : cliquer ici.
Quelques forts autour de Saint-Malo, Paramé :