Un détachement du futur groupe d’artillerie GA8 est venu visiter Igman du 5 au 9 octobre. Sous les ordres du chef de corps du 1° régiment d’artillerie, ce détachement de relève doit arriver sur le théâtre le 22 novembre pour les précurseurs et entre le 8 et le 13 décembre pour le gros. La mission ne pouvant être interrompue, le plan de relève comporte un tuilage suffisant de quelques heures pour maintenir sur les équipes opérationnelles une disponibilité d’au moins 50%. Le plus difficile vient des délais qui sont très courts et qui nécessitent le passage de quelques heures à Split. A la même période, les autres unités de la brigade et l’état-major doivent aussi être relevés. En novembre les deux unités d’infanterie et début décembre le 19°RA GB est remplacé par un groupe d’artillerie de la force d’action rapide (AMF) renforcé d’une batterie de « Marines » entraînés pour le combat en hiver. Les sections de mortiers lourds françaises sont aussi remplacées par de nouveaux personnels, en particulier par une SML du 93° régiment d’artillerie de montagne. Les contacts initiaux sont très bons et la mise dans l’ambiance rapide.
Le 12 novembre un exercice d’appui interne à la brigade est mené sous la forme d’un PC Trans avec toute l’artillerie. Les phases de mise en alerte, de constitution de plan de feux et de réactions à des tirs de belligérants sont jouées sans problèmes. L’enseignement principal est le rappel de l’importance du travail de l’avant où le targeting et le suivi des objectifs est essentiel.
Le 22 novembre un autre exercice dirigé par la FORPRONU met en jeu tous les appuis air et artillerie autour d’un scénario de retour à la crise. Cette séance de la journée a pour but de tirer les enseignements avec les unités qui ont agi dans « DELIBERATE FORCE » encore présentes, afin de préparer les futures unités de relève par un second exercice semblable dès la mi-décembre. Le plus gros problème apparu est celui de la coordination artillerie et aviation pour lequel la création d’une ROZ ne donne pas entière satisfaction.
Commentaires :
Les relèves sont effectivement bien planifiées, mais il n’en reste pas moins que les réflexes acquis par
l’expérience des tirs et de la situation d’août 95 sont difficiles à transmettre. Les équipes nouvelles doivent être sensibilisées pour se comporter partout et à tout moment en posture de combat malgré la fausse impression de
paix qui règne dans certains secteurs. Les exercices « PROVIDE SUPPORT » de la BMN et « ABLE ASSISTANCE » de la FORPRONU sont de bonnes bases pour entraîner les équipes d’artillerie. Ils font vivre les événements jusqu’aux pièces et donnent une idée exacte des délais et des procédures indispensables au centre de coordination des feux (FSCC). Les difficultés de coordination Air-Art. sont le résultat d’une culture militaire réduite au sein de l’ONU et par conséquent du manque de compatibilité entre l’OTAN (action aérienne) et l’ONU (action terrestre).
Aux changements propres à la BMN s’ajoutent en décembre 95 l’arrivée de l’IFOR décidée par les accords de DAYTON. Le principal souci devient alors la réorganisation de la brigade qui va perdre aussitôt ses contributions britanniques et ultérieurement néerlandaises. En effet les lanceurs d’artillerie partants devront être remplacés par des lanceurs français et surtout les radars de trajectographie n’ont pas d’équivalent en
France. Le groupe d’artillerie de 155 pourrait être complété à 16 pièces et devenir organique de la division
nouvellement créée.
Quant à la coordination de l’espace aérien au dessus de Sarajevo, la création d’une HIDACZ dont le contrôle revient aux forces terrestres aurait probablement été plus judicieuse que celle de la ROZ. Comme résultat de l’exercice du 22 XI, il semble que l’OTAN s’oriente dans ce sens.