Dans la soirée du 30 août, les perspectives sont au renouvellement des frappes le lendemain, de façon conjuguée avec l’aviation de l’OTAN. Très tard et probablement au vu des réactions locales aux tirs de l’artillerie, il est décidé d’interrompre les plans de feux et de limiter les interventions aux ripostes directes face aux agressions avérées.
Les règles d’engagements sont ainsi modifiées et tout en observant les frappes de l’OTAN qui ne cesseront pas avant de nombreux jours, l’artillerie est contenue dans un rôle opératif et dissuasif.
Le 31 août, quelques tirs seulement pour la BMN. Les rues de la ville restent désertes. Les unités bosniaques sont très excitées et déclenchent des tirs sporadiques toute la journée.
L’usage de l’artillerie en riposte requiert des créneaux de tirs aux bons moments. Les activités aériennes de CAS ou de reconnaissance sont permanentes et il faut obtenir l’évacuation des avions de l’espace de Sarajevo. Les accords sont donnés pour des périodes de 15 à 20 minutes avec des préavis très courts. Cette malheureuse gestion des fenêtres va empêcher de faire deux tirs et limiter l’efficacité de deux autres faute de rapidité dans le réglage des 105 et des mortiers. L’AOCC est sollicité pour fournir des créneaux plus longs ; cela ne sera chose faite que cinq jours plus tard...
Le 1 septembre matin la position des 155 est l’objet d’une échauffourée provoquée par des bosniaques. Soit pris par l’enthousiasme soit par l’alcool, ils tirent à la kalashnikov et il faut les menacer pour qu’ils s’éloignent. La protection de la position est alors immédiatement renforcée par les AMX10 RC. Ultérieurement, un groupe de deux Warrior du Devon and Dorset (D and D) sera détaché en permanence au sein des sections de tir.
Commentaires :
L’artillerie devient progressivement l’outil d’une dissuasion mesurée après avoir été celui de la démonstration de force du 30 août, niveau indispensable pour commencer à se faire entendre. Le contrôle de
l’intérêt de chaque tir par le secteur de Sarajevo s’inscrit dans cette logique. La détection fréquente d’actes jugés agressifs, comme le déploiement de nouvelles munitions sur des dépôts ou l’ouverture du feu contre des
bosniaques ne conduira pas systématiquement à des tirs de riposte.
Le sentiment de frustration va aller ainsi grandissant dans l’esprit de l’artillerie tant que le but final n’aura
pas été assimilé. Un observateur GB détecte un SA6 ! le tir demandé est accompagné d’une consommation de
60 coups au moins, lorsque l’on s’apercevra, après le tir, que le jeune officier a confondu SA6 et SA7.
La tenue objective et efficace de 32 pièces en aptitude immédiate au tir est le défi de ces premières journées. Les objectifs ne seront traités dans l’avenir que si l’on peut s’assurer de leur nature et des capacités
d’observations.