04H43B le décompte du tir HSO va commencer. Les montres ont été mises à l’heure de Sarajevo. L’objectif du Golo Brdo va subir le premier tir de la BMN. Les coups de départ tonnent dans le vallon de Veliko poljé. Puis les 105 cognent très près du PC TAC et enfin un peu plus lointain arrive le son sourd des 155. Le premier tir se fait sans réglage car l’objectif est parfaitement connu et la somme des coups assénés devrait se répartir suffisamment. L’observateur rend compte depuis le poste « Blue » que les nombreux impacts sont en place.
La suite du plan de feux se déroule normalement. Les intervalles entre les tirs des mêmes pièces de 8 à 15 minutes permettent largement de pointer et de suivre le rythme. Pas de réaction des serbes. L’action au petit matin les a probablement surpris. Par contre dès 5H30, les intervalles entre nos tirs sont occupés par des tirs de mortiers bosniaques qui réveillés se sont mis de la partie pour profiter de l’occasion. Cela n’arrêtera plus jusqu’à 7H00.
La grande différence entre nos tirs et les leurs est la quantité de coups tirés ; nous assenons 30 à 50 coups d’efficacité en 2 minutes là où ils ont l’habitude d’en tirer deux ou quatre !
Le plan se déroule sans incidents majeurs. Vers 5H00 un accident sur un mortier de 120 français fait un blessé grave pour une déflagration prématurée de la charge propulsive dans les mains du servant. Évacuation rapide et poursuite des tirs. On apprendra plus tard que le garçon de la légion est grièvement brûlé, avec des doigts arrachés et des yeux très touchés.
Le réglage des tirs de 155 par les observateurs anglais transite par le FSCC sans dommage. Les corrections sont inférieures à la centaine de mètres. Les 105 par contre ont des séquences de réglage plus longues (1 coup pièce) et des déplacements souvent de 200 mètres ou plus. Les mortiers sont très précis et les tirs presque immédiatement en place.
Les délais tiennent et il est bientôt 6H00. Les mortiers ont terminé les premiers, ont fait mouvement et sont prêts dans quelques minutes pour assurer la veille. Les 155 vont effectuer le dernier tir qui se trouve sur un dépôt de munitions ( ?) dans la caserne de Lukavica. Le tir doit être réglé et les premiers coups partent. Le réglage se termine et l’efficacité est envoyée en panachant fumigènes et explosifs retard. L’observateur rend compte que les impacts sont sur l’objectif. Pas d’effet de destruction apparent. Vers 6H30 énorme explosion suivie d’un champignon au dessus du dépôt, visible depuis tout Sarajevo ; l’effet incendiaire a dû se propager et finir par détruire les stocks entreposés....
Le plan de feux est achevé dans le créneau imparti. Le temps brumeux et couvert interdit le CAS. La fenêtre de tir est laissée aux artilleurs jusqu’à 7H00 puis 9H00.
Commentaires :
Tout le plan de feux se déroule normalement et aucune contre batterie à l’encontre de la BMN n’est observée. La tension reste lourde parce que la menace pèse et chacun sait que les serbes en seraient capables. Il apparaîtra ultérieurement que les serbes ont été tentés d’agir ainsi mais que leurs chefs les en ont dissuadés en les faisant imaginer les destructions que l’ONU et l’OTAN exécuteraient en riposte alors.
Les bosniaques se sont mis à tirer avec enthousiasme et leur manque de retenue les pousse même à offrir leurs services pour faciliter (sic !) les déplacements de la BMN et leur donner des objectifs serbes supplémentaires...
La surprise est donc aussi chez la population de Sarajevo qui n’imaginait pas une telle réaction. En particulier le volume des frappes de l’OTAN ainsi que la puissance des efficacités d’artillerie.