Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie de Campagne > Le Groupe d’artillerie LECLERC en Bosnie (Juillet 1995 - Décembre 1995) > IV. La préparation des tirs >
D. Les 28-29 août : fausse alerte !
 

Les 28-29 août : fausse alerte !

Le Lundi 28 août vers 11 heures un mortier ouvre le feu en direction de Sarajevo et fait plus de 35 morts et 70 blessés sur le marché de Markkale. L’identification de l’origine des coups est demandée aux UNMO (observateurs militaires de l’ONU) et à la BMN. Les radars TPQ 36 n’ont pas intercepté les trajectoires, mais une position serbe à faible portée de l’objectif est connue et tout à fait plausible et concordante avec les analyses de cratères.

L’agression fait un grand bruit dans le monde et une réaction est attendue par les habitants de Sarajevo à ce qu’ils estiment être une nouvelle agression insupportable des serbes de Bosnie. Au FSCC, l’analyse de la position du mortier est faite et conduit à préparer rapidement un tir de riposte semblable à celui du 22 août. Les conditions locales de ce lieu (BP 933/574) situé en contre-pente et à proximité (400 mètres environ) d’habitations, conduit à rechercher par un tir vertical un effet approprié. Les calculs de trajectoires au 155 par Atila ne sont pas acceptées en tir vertical, juste à la limite entre la charge 5 et la charge 7. Le tir en plongeant reste faisable mais provoquerait un écrêtement. Le tir sera donc confié si besoin, aux 105 britanniques en vertical.

Le secteur de Sarajevo ne donne pas son accord au tir, mais demande de se tenir prêt. Dans l’après-midi, l’ordre vient de préparer une liste d’objectifs qui seraient traités simultanément dans la soirée ou la nuit sous la forme d’une riposte massive de l’ONU aux agressions du jour. La décision serait entre les mains du général force commander.

Les échanges avec la RRFOS puis avec le secteur donnent une liste d’une dizaine d’objectifs. Un système d’alerte permet de maintenir sous pression les deux sections de tir de 155 comme le reste de l’artillerie. Les néerlandais ne sont pas prêts. L’évacuation de Gorazde par les britanniques n’est pas achevée.

Le plan de feu se prépare et sans improvisation, les effets à obtenir conditionnent les choix. Les munitions de 155 ne sont pas déballées et il faut 3 heures environ pour préparer un complément aux 42 coups en soute des AuF1. Tout le dispositif est disponible dès 18 heures. Vers 22 heures, l’absence de nouvelles laisse penser que les tirs n’auront pas lieu. Déception surtout chez les britanniques qui sont très excités.

Commentaires :
La préparation de ce plan de feux est une première. Elle servira utilement de répétition générale aux événements du lendemain. Le choix des objectifs échappe totalement à la partie française, mais le secteur semble jouer un rôle de tri. La procédure de commandement est court-circuitée par les liaisons techniques d’artillerie anglaise vers Sarajevo et RRFOS. Le réseau de commandement est soit muet, soit en retard et cela vaut quelques remarques au chef d’état-major de la part du FSCC. Insupportable ...
Le problème des munitions est consécutif du court délai écoulé depuis notre installation. En urgence sur Igman, le 27, les AuF1 ont été complétés en explosif OCCF 1 et RTCF2 pour faire face à l’immédiat. Des charges 1 et 2 ont été données en sus. Les munitionnaires sont sur les genoux, entre les convois, les approvisionnements, les gardes et le ravitaillement des pièces. La zone de batterie est en limite de DMZ et proche des lignes arrière bosniaques. Il était prévu de travailler une semaine à l’installation des TC1 et TC2 qui n’ont ni protection rapprochée ni barbelés ; ce sera pour plus tard. Le BATFRA met en place une surveillance à proximité et des patrouilles sur la route de Krupac voisine.
Concernant le tir sur le mortier en action, le système Atila a été interrogé pour donner l’angle de chute en tir plongeant : 750 millièmes en charge 5 alors qu’il faut au minimum 900 millièmes pour ne pas ricocher. Ainsi en retour le tir est préparé en vertical. La charge 7 est écartée (portée trop courte), l’angle 1164 m en Ch5 est trop proche de la limite 1170m de pointage et la Ch4 est trop courte (portée max. 16 220m pour 16 850m demandée).

Article suivant


Retour au plan interactif


____________

Base documentaire des Artilleurs