L’organisation de l’Artillerie > Tome B- Approches détaillées > 6- Organisation du XIXè siécle > C- L’artillerie du Second Empire > Sch5- L’artillerie de campagne impériale en 1870 >
2- Les matériels de l’artillerie de campagne
 

Les matériels de l’artillerie de campagne

Le système d’arme La Hitte

Le système d’arme La Hitte est conçu par le général français Ducos de La Hitte. Il consiste à équiper l’armée française des premiers canons rayés à chargement par la gueule. Il est introduit en mars 1858. Ces canons offrent une amélioration considérable par rapport aux canons traditionnels à âme lisse. Ils ont à présent une portée de 3 000 m pour les canons de 12, que ce soit pour tirer des obus, des obus à balles ou de la mitraille. Le chargement se fait par la gueule et les obus sont conçus pour exploser à deux gammes de distance.

En 1860, la chambre accorde des crédits pour la transformation de l’artillerie lisse en artillerie rayée. Cela comprend la fabrication des canons rayés de 4 et le rayage des canons de 8, de 12 et de 24. Il faut aussi modifier en conséquence les affuts et les voitures, réaliser un nouveau compartimentage des coffres à munitions, confectionner de nouvelles munitions et créer des obus oblongs.

L’obus lui-même, une invention du capitaine François Tamisier (1847) est de forme ovoïde, avec à sa surface des cupules permettant de guider le projectile le long des rayures de l’âme. Le système d’armes s’applique :

  • aux canons de 12, 16 et 24 pour les armes de siège ;
  • aux canons de 4 et de 12 pour l’artillerie de campagne ;
  • aux canons de 12 et de 24 pour des obusiers de siège ;
  • au canon de montagne de calibre 4.

Avec l’introduction d’obus fuselés guidés par la rayure de l’âme en remplacement des boulets sphériques traditionnels, les canons peuvent désormais tirer des projectiles d’un poids à peu près du double pour un calibre donné. Il faut à peine plus de poudre pour tirer des obus en fait deux fois plus lourds. Si les « canons La Hitte » conservent l’appellation traditionnelle d’obusier de 4, le chiffre indiquait désormais le poids en kg (plutôt qu’en livres) du projectile. Ainsi le canon de campagne de 4 « La Hitte » tire des obus d’à-peu-près 4 kg. De même, le canon de 12 « La Hitte », au départ un canon napoléonien de calibre 12 cm, tire à présent un obus de 11,5 kg, à comparer avec le boulet napoléonien de 4,1 kg.

Le système La Hitte tombe en désuétude dès 1870 avec les travaux de Jean-Baptiste Verchère de Reffye et le développement du chargement des canons par la culasse.

Pour l’artillerie de campagne il y a donc principalement deux pièces en service en 1870 : celle de 4 (86,5 mm) et celle de 12 (121,3 mm) en bronze, à l’âme rayée et se chargeant encore par la bouche. La pièce de 8, initialement désignée pour remplacer celle de 12, ne sera en service que dans les armées républicaines. Le nouveau canon de 4 du système « La Hitte » de 1858 est mis en service durant la campagne d’Italie. Il est léger, très maniable et facilement tiré par quatre chevaux. Celui de 12 est déjà ancien et lourd. Il faut six chevaux pour le tirer. Il est utilisé par les réserves de corps ou d’armée.

Caractéristiques
Calibre
Longueur en calibre
Poids obus
Vit. init.
Portée maxi
Poids pièce en bat.
Poids voit. pièce
Poids voit. caisson
Unités(mm)(kg)(m/s)(m)(kg)(kg)(kg)
Canon de 4 rayé de campagne modèle 185886,518,44343185070212721310
Canon de 12 rayé de campagne modèle 1853-1859121,31711,52883000118919371844


En 1869 est en développement le canon de 8 « La Hitte ». Ce sont d’anciennes pièces de bronze lisse modèle 1827 rayées suivant le système la Hitte. Ce modèle n’équipe pas l’armée impériale. Les premières pièces connaitront le baptême du feu avec les armées républicaines contre les troupes prussiennes de septembre 1870 à la fin du conflit en date du 26 janvier 1871.

Le canon à balles de Reffye

Enfin, il faut citer les canons à balles de Reffye, qui sont en fait des mitrailleuses qui tirent environ 75 coups à la minute. Le canon à balles De Reffye est mis au point à l’Atelier de Meudon à partir de 1865, à l’initiative de Napoléon III. L’arme est une évolution de la mitrailleuse Belge Fafchamps, perfectionnée par Christophe et Montigny, puis modifiée par De Reffye et Pottier pour l’armée française. Il est fabriqué par l’Atelier de Meudon à 190 exemplaires de 1866 à 1868, puis par les Etablissements Schneider au Creusot en 1870-1871 (96 pièces pour armer 16 batteries).

Environ 190 canons à balles sont disponibles au début de la guerre. Sur ce nombre, 162 sont livrés aux armées, soit 27 batteries de 6 canons. Trois autres batteries (18 pièces) seront affectées ensuite au nouveau 13° corps d’armée en formation.

En théorie, chaque division d’infanterie est dotée de 3 batteries de 6 pièces dont deux de 4 et une de mitrailleuse ou "canon à balle" Reffye.

Conçue pour prolonger les rafales de l’infanterie aux portées moyennes entre le fusil et le canon, l’efficacité de cette arme quoique indéniable est méconnue. Employée par l’artillerie et non l’infanterie, sans effet contre les batteries adverses, elle démontre son vrai caractère lorsque les commandants de batteries s’affranchissent du règlement et prennent pour cible l’infanterie ennemie et non les batteries adverses.


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