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1- L’artillerie de campagne sous le second Empire
 

L’artillerie de campagne sous le second Empire

En 1829, l’artillerie est réorganisée avec la création de l’artillerie montée du système Valée. La batterie remplace la compagnie comme unité élémentaire. Elle regroupe sous commandement organique unique les armes et leurs moyens de transport. Suite à cette réforme, l’artillerie est constituée de :

  • batteries d’artillerie à cheval (les servants sont montés) ;
  • batteries d’artillerie montée (les servants sont assis sur leurs caissons) ;
  • batteries d’artillerie à pied. Les canons sont amenés à pied d’œuvre par le Train d’artillerie, créé en 1800.

Les régiments d’artillerie à cheval sont supprimés lors de la réforme de 1829. Leurs batteries à cheval rejoignent les batteries montées dans certains régiments d’artillerie affectés aux corps d’armée. Ils seront reconstitués en 1854 et conservés en 1867. Ils disparaîtront définitivement après la guerre de 1870.

En 1830 on compte 98 batteries montées ou à cheval et 70 à pied. Ces diverses unités, de six pièces chacune, sont réparties dans des régiments mixtes. Mais cela reste insuffisant.

En 1806, Napoléon I évaluait à un millier de bouches à feu attelées la quantité nécessaire pour ses armées. En 1841, le maréchal Soult, alors ministre de la guerre, s’empresse de relever à 1.200 le chiffre des pièces attelées. On admettait à cette époque, comme maximum pour l’artillerie, de 2 pièces et demie pour mille hommes.

Ensuite, la quantité de pièces disponibles diminue, faute de moyens pour les entretenir. A la veille de la guerre, en 1870, le général Lebœuf, alors ministre de la guerre, s’oppose à toute demande de crédits supplémentaires destinés à accroître un matériel manifestement insuffisant en nombre.

En 1854, les différentes catégories de l’artillerie sont regroupées en 17 régiments à composante unique avec :

  • cinq d’artillerie à pied (n° 1 à 5) pour l’attaque et la défense des places (60 batteries) ;
  • sept d’artillerie montée (n° 6 à 12) affectés au service des divisions d’infanterie (98 batteries) ;
  • quatre d’artillerie à cheval (n° 13, 14, 16 et 17) destinés à manœuvrer avec la cavalerie et à jouer un rôle primordial dans les réserves d’armées (28 batteries) ;
  • un régiment de pontonniers qui porte le numéro 15.

En 1867, une nouvelle réforme amène la création de 20 régiments avec seulement trois composantes :

  • quinze d’artillerie montée dont un pour la garde impériale ;
  • cinq d’artillerie à cheval dont un pour la garde impériale ;
  • un régiment de pontonniers.

Les batteries à pied sont dispersées dans les régiments d’artillerie montée.

En 1870, au moment de l’entrée en guerre, la situation de l’artillerie est la suivante :

  • 15 régiments montés (n° 1 à 15) à huit batteries montées (de 4) et 4 batteries à pied (de 12) ;
  • 1 régiment monté de la Garde Impériale à 6 batteries montées (de 4) et avec 920 chevaux ;
  • 4 régiments à cheval (n° 17 à 20) à huit batteries à cheval (de 4) ;
  • 1 régiment à cheval de la Garde Impériale à 6 batteries (de 4) et avec 1.055 chevaux.

Cette artillerie de campagne est soutenue par :

  • 1 régiment de pontonniers (n° 16) comprenant un état-major, un peloton hors rang, 12 compagnies de pontonniers ;
  • 2 régiments du train d’artillerie à 12 compagnies chacun et un escadron à deux compagnies pour la Garde Impériale ;
  • 10 compagnies d’ouvriers et 6 compagnies d’artificiers.

Il faut aussi mentionner l’École d’application de l’artillerie et du génie. C’est une école militaire et une école d’application de l’École polytechnique créée en 1794 à Metz par le Comité de salut public sur proposition de Lazare Carnot. Elle est issue de la fusion de l’école royale d’artillerie de Metz et de l’école royale du génie de Mézières. Elle est transférée à Fontainebleau après la défaite de 1870 et l’annexion prussienne.

L’artillerie de campagne représente en théorie 224 batteries dont 126 batteries montées, 60 batteries à pied et 38 batteries à cheval. Les batteries montées et à cheval attellent elles-mêmes leurs pièces, leurs caissons et leurs voitures. Les batteries à pied ainsi que les différents parcs sont attelés par les services du train d’artillerie. Soit un ensemble théorique de 1 344 pièces attelées. L’effectif théorique en 1870 par batterie est de 149 hommes et de 120 chevaux.

En 1870, sur les 60 batteries à pied (de 12) des 15 régiments d’artillerie montée, une trentaine sont transformées en artillerie attelée pour l’emploi en campagne et soutenir les corps de troupes.

Mais la réalité est différente car la loi de finances autorise l’entretien effectif de 164 cadres de batteries de campagne. Cela représente seulement 126 batteries montées et 38 batteries à cheval de la Garde et de la ligne, pouvant atteler et servir 984 bouches à feu. Sur ce total sont comprises les 10 batteries montées stationnées en Italie et en Afrique. Le restant des batteries ne peut être mis sur pied qu’après la mobilisation. De plus, ces 984 bouches à feu ne peuvent pas être mises sur pied instantanément, car le budget ne permet de payer et d’entretenir que 34 000 hommes et 16 000 chevaux, tandis que les besoins sont de 58 000 hommes et 39 000 chevaux pour le complet du pied de guerre des troupes de l’artillerie.

Grâce à l’empressement des canonniers de la réserve à rentrer dans le rang, aux mesures prises pour faire entretenir par les cultivateurs 12 000 chevaux en temps de paix, et à l’activité du service des remontes, la différence entre le pied de paix et le pied de guerre est rapidement comblée. Ainsi, l’artillerie de l’armée du Rhin, renforcée des régiments de Toulouse et de Rennes comme ceux de Metz et de Strasbourg, et qui compte une batterie de montagne venue d’Algérie, est complètement réunie à la date du 10 août, vingt-cinq jours après les premiers ordres partis du ministère.

Ainsi, 157 batteries sont disponibles pour l’armée du Rhin. L’artillerie de campagne est aussi renforcée par 4 batteries de campagne du régiment d’artillerie de Marine. Cela représente 161 batteries et 966 pièces (804 canons et 162 canons à balles) aptes à partir en campagne.

Les régiments d’artillerie mobilisent aussi 16 puis 25 batteries à pied, qui, faute d’attelages, seront affectées à la défense des place-fortes et des garnisons.

La grande majorité de l’artillerie de campagne disparaîtra à la suite des défaites de Metz et de Sedan. De nouvelles batteries seront créées à partir des dépôts des régiments et seront engagées avec les armées républicaines.


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