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Le télésitémètre Perrin

Jean-Baptiste Perrin [1] est mobilisé comme officier du Génie et il entreprend dès 1915, des recherches sur la détection au son. En utilisant le principe de l’écoute binauriculaire, le capitaine Perrin met au point, en 1917, le myriaphone.

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Le principe du myriaphone est donné par son inventeur : « Un grand nombre de prises de son identiques, de simples cornets dans le cas de l’air [2], captent l’énergie sonore. Cette énergie sonore, pour chaque prise s’engage dans un tuyau sonore où elle se conserve approximativement. Les divers tuyaux groupés, par exemple par 7, accolent leurs extrémités en un carrelage qui forme le fond d’un cornet allongé qui peut être de nouveau conjugué avec d’autres cornets (myriaphones de second ordre),jusqu’à un cornet qui conduit le son au fond de l’oreille. »

Ce système permet d’amplifier le signal sonore et le nombre de cornets augmente la précision du pointage en direction.

Ces myriaphones vont servir comme capteurs pour le télésitémètre de trajectoire Perrin. Ce matériel est expérimenté en février 1918 au Centre d’Instruction et d’Etudes de la D.C.A. du Fayel, près de Compiègne. L’appareil donne satisfaction et 20 sont mis en construction et livrés en juin. Une commande de 100 appareils est passée en septembre.

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Quatre ensembles de capteurs (deux pour la détection en azimut et deux pour celle en site) comportant au total 144 cornets pour les sitémètres et 168 pour les télésitémètres cornets, assurent la captation du signal sonore. Chaque ensemble (ou myriaphone) est composé de 36 ou de 42 cornets. Ils sont regroupés par 6 ou 7 et rejoignent 6 cornets secondaires. Eux-mêmes aboutissent à un cornet terminal. Servi par des opérateurs expérimentés, la portée est de 7 à 8 km et l’erreur angulaire ne dépasse pas 2 ou 3 degrés.

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Le télésitémètre est parfois associé à un projecteur et, afin de faciliter le pointage de ce dernier, un dispositif mécanique à câbles relie les deux appareils (cf. photo). Le C.R.P. met aussi en place des postes d’écoute (1 sous-officier chef de poste, 1 caporal adjoint (lecteur) et 3 hommes) assurant le repérage au profit d’une équipe de tir, servant 6 mitrailleuses.

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Afin de doter les sections mobiles de projecteurs d’un matériel d’écoute plus léger, Perrin met au point, en août 1918, le sitemètre. L’appareil comporte deux myriaphones. L’appareil peut être orienté à distance en azimut, et un opérateur effectue la recherche en site. Sa mise en batterie s’effectue en 30 minutes sur un terrain préparé. Le champ d’un myriaphone est d’environ 300 à 350 décigrades (480 à 560 millièmes). La portée par temps calme est de 6000 à 7000 mètres pour un avion volant à 2000 mètres . Une commande de 250 appareils est passée, mais ils ne seront pas mis en service avant la fin de la guerre. Après la guerre, les batteries de canons de 105 mm antiaériens sont dotés de sitemètres.

[1] Il a obtenu le prix Nobel de physique en 1926.

[2] Il met au point sur le même principe des hydrophones afin de détecter les sous-marins.


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