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02- Un essai de quantification de l’artillerie en 1870
 

Un essai de quantification de l’artillerie en 1870

En 1870, les régiments et les arsenaux possèdent :

  • 2 647 canons rayés de 4 ;
  • 112 canons rayés de 8 ;
  • 533 canons rayés de 12 ;
  • 190 canons à balles ou mitrailleuses.

Au total 3 482 bouches à feu avec 3 175 affuts et 7 436 caisses de munitions.

A ces bouches à feu de campagne, il faut ajouter 580 canons rayés de montagne, également pourvus de tout l’attirail correspondant.

Il faut aussi y ajouter l’artillerie de siège, dite aussi de place pour l’armement des fortifications. Cela représente 5 379 canons, obusiers et mortiers dont une partie est rayée.

C’est avec les canons obusiers de 12 que le lieutenant-colonel De Reffye, à Nantes, et le commandant Pothier, à Paris, obtiennent, par une ingénieuse transformation, des canons de 7 se chargeant par la culasse qui seront utilisés durant la dernière période de la guerre et pendant la Commune.

Cela représente donc 9 441 pièces.

Par manque d’attelages et de personnel, l’artillerie de campagne regroupe seulement 159 batteries soit 954 pièces (de calibre 4 et 12 ainsi que 190 canons à balles). Cela représente environ 10% de l’ensemble du parc.

L’artillerie est aussi dotée de 60 batteries à pied pour le service de siège, des places fortes et des côtes. Les batteries à pied sont généralement représentées par les 1° et 2° batteries des régiments d’artillerie. Environ 400 pièces de siège sont mobilisables pour participer aux opérations de campagne.

En ce qui concerne les 8 000 pièces restantes (canons, obusiers et mortiers), la principale partie est utilisé pour la défense des forts et des places-fortes. Une fraction est dans les arsenaux.

Par exemple, la place de Paris est dotée de près de 1 820 pièces pour l’armement des fortifications au déclenchement des hostilités. Lors de son investissement, ce nombre aura été porté à 2 606 pièces. A ce chiffre il faut ajouter 678 pièces de campagne dont 468 en dépôt.

Voici quelques autres exemples concernant des places fortes et ville fortifiées impliquées dans les combats, c’est-à-dire soit prises par les troupes allemandes, soit assiégées :

  • Bitche : 53 pièces.
  • Phalsbourg : 40 pièces (1° batterie du 9° régiment).
  • Thionville : 200 pièces (6° et 9° batteries du 8° régiment monté, 2° et 2° bis batteries du 11° régiment monté, 8° et 9° batteries des mobiles de la Moselle).
  • Montmédy : 65 pièces (1° batterie des mobiles de la Meuse).
  • Soissons : 122 pièces (1° batterie du 8° régiment, artilleurs volontaires de Soissons ; 12°, 14° et 16° batteries des mobiles du Nord).
  • Toul : 71 pièces (1°, 2°, 3° et 4° batterie des mobiles de la Meurthe).
  • Sélestat : 120 pièces (1°, 2°, 3° et 4° batteries des mobiles du Bas-Rhin).
  • Neuf-Brisach : 108 pièces (une batterie du 2° régiment, 1° batterie du 9° régiment, 1° et 2° batteries des mobiles du Haut-Rhin).
  • Mézières : 106 pièces dont la moitié rayées (1° et 2° batteries des mobiles des Ardennes).
  • Belfort : 370 pièces (1° batterie du 7° régiment ; 1°, 1° bis, 2° et 2° bis batteries du 12° régiment ; 3°, 4° et 5° batteries des mobiles du Haut-Rhin ; 1° et 2° batteries des mobiles de la Haute Garonne).
  • Verdun : 136 canons (1° batterie du 4° régiment, 2° et 3° batteries des mobiles de la Meuse).
  • La Fère : 80 canons dont 36 rayés (1°, 3°, 4° et 5° batteries des mobiles de l’Aisne, 3° batterie des mobiles de la Seine Inférieure)
  • Strasbourg : 250 pièces (une partie du 16° régiment de pontonniers était demeurée dans la place après l’ouverture des hostilités avec les dépôts des 5° et 10° régiments artillerie ; 5°, 6°, 7°, 8°, 9°, 10°, 11°, 12°, 13° et 14° batteries des mobiles du Bas Rhin).
  • Amiens : 22 canons (1° batterie des mobiles de la Somme).

Cela représente environ 1 750 pièces d’artillerie.

Le 2 septembre, à Sedan, l’empereur Napoléon III capitule avec 39 généraux, environ 83 000 soldats, 550 canons, des milliers de chevaux et 66 000 fusils. La place forte de Metz capitule le 27 octobre avec 173 000 hommes, 622 pièces de campagne et 876 pièces de fortification. Après ces deux redditions, le gros des unités de l’armée régulière française est alors hors de combat.

L’essentiel de l’artillerie de campagne française est alors perdue. Mais le redressement sera réel durant la poursuite de la guerre par la République. Ce redressement est lié à l’emploi des pièces de marine, la modernisation des vieilles pièces qui sont rayées par les arsenaux et les constructions nouvelles, essentiellement les pièces de 7 « Reffye » et les canons à balles. Cela contribue au prolongement de la résistance en encadrant les unités d’infanterie hâtivement constituées de la Défense Nationale.

Ainsi, malgré ces défaites, le gouvernement de Tours aura encore à sa disposition environ plus de 3 000 pièces d’artillerie pour armer les nouvelles troupes de la République. Sur les 21 dépôts d’artillerie, 13 restaient libres, les autres étant localisés dans les places investies.


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