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02- Le 2ème bataillon du Régiment d’Auxonne et la Guerre d’indépendance américaine
 

LE 2e BATAILLON DU RÉGIMENT D’AUXONNE DANS LA GUERRE D’INDÉPENDANCE AMÉRICAINE
(DU 02 MAI 1780 AU 17 JUIN 1783)

Aux ordres du lieutenant-colonel D’ABOVILLE, six cents canonniers sont rattachés au corps expéditionnaire de Rochambeau qui s’embarque à Brest le 02 mai 1780 à destination de Newport. Le 2e bataillon du régiment d’Auxonne fournit à ce détachement six compagnies sur ses huit disponibles. Ces compagnies sont celles des capitaines de BOISLOGER, de NEURISSE, de MORCOURT, de RUMIGNY, D’HEMERY et JOSSERAND du FORT ; en outre leur sont agrégées la compagnie de sapeurs du Capitaine BARTHELEMY et la compagnie de bombardiers du Capitaine BONNAY. Ce bataillon forme un ensemble solide et très bien instruit dont la grande cohésion a été renforcée par des séjours sur les côtes de l’Atlantique. Son matériel se compose de douze canons de vingt-quatre livres, huit canons de seize livres, douze mortiers de douze et huit pouces et deux obusiers de huit pouces. A l’arrivée à Newport le 11 juillet, le corps expéditionnaire est employé à ériger les défenses de Rhode-lsland.

Durant quasiment une année, les troupes vont rester sur place et, malgré cette longue attente et un hiver rigoureux, le moral des hommes est au beau fixe. Du 08 au 26 mars 1781, les compagnies du bataillon fournissent un détachement de cent cinquante hommes, servant quatre pièces de douze, quatre pièces de quatre et quatre mortiers, à une expédition navale peu fructueuse en Virginie. Le 18 juin, les troupes se mettent en marche en direction de Yorktown et le 06 juillet elles opèrent leur jonction avec l’armée du général WASHINGTON à Phillipsburg après une marche forcée de trois cent cinquante kilomètres.

Le 19 juillet, les artilleurs qui accompagnent l’infanterie dans les reconnaissances en direction de New-York, obtiennent un succès retentissant. En effet, ils arrêtent littéralement l’incursion d’une flottille fluviale anglaise qui s’est attaquée au ravitaillement du corps expéditionnaire et lui a enlevé un bateau transportant quatre jours de pain. Du 19 août au 18 septembre, la marche forcée reprend. Les troupes vont parcourir plus de cinq cent cinquante kilomètres à pied en moins d’un mois.

Fin septembre enfin, le bataillon arrive en vue de Yorktown et, dès lors, son histoire et celle du siège vont se confondre. A la grande surprise des alliés, les redoutes qui constituent l’essentiel de la première position britannique ont été évacuées. Cette erreur de tactique va donc permettre aux artilleurs du régiment de construire la première parallèle. Après diverses opérations préliminaires entre le 05 et le 08 octobre. la batterie du capitaine de BOISLOGER ouvre le feu le 09 octobre. Ses feux précis rendent intenable le mouillage des navires anglais dans la York River durant deux jours et, le 10 en fin de journée, la batterie, tirant à boulets rouges, incendie et coule la frégate « Charon », forte de quarante-quatre canons, ainsi que deux transports. Plusieurs autres transports sont alors contraints de se déplacer vers l’aval.

Pendant ce temps, les autres compagnies ont travaillé dur aux préparatifs de l’attaque principale et les batteries n° 2, 3, 4 et 5 sont désormais en place. Du 12 au 17, elles construisent de nouvelles positions plus rapprochées, à une cadence que ROCHAMBEAU qualifie lui-même de « prodigieuse ». Enfin le 18, Lord CORNWALLIS, commandant l’armée anglaise, juge la situation critique. En effet, le dispositif d’artillerie des assiégeants est maintenant en action à moins de trois cents mètres de ses derniers retranchements, ses propres canons sont désormais inutilisables de jour et ses possibilités de tir indirect sont limitées à une centaine d’obus. Il se résout alors à la reddition.

Le 20 octobre, après la capitulation, les canonniers du 2e bataillon restent sur place et continuent à travailler. Ils construisent des baraquements, réparent les batteries endommagées et en bâtissent de nouvelles autour de la ville. Après neuf mois d’attente, le 23 juillet, les compagnies quittent enfin la ville.

Trois compagnies, dont celle de sapeurs sont laissées à Baltimore en vue d’une éventuelle intervention dans les îles. Le 18 novembre, le bataillon arrive à Boston, y embarque et appareille le 24 décembre. Après un voyage mouvementé, il débarque en France le 17 juin 1783.

Durant cette campagne, les artilleurs français ont sans cesse été à la pointe du combat et ont fait preuve d’une rare valeur. « Canons de siège et de campagne ont serré au plus près, acceptant tous les risques,... ». Leur chef, le lieutenant-colonel d’ABOVILLE, s’est vu attribuer le mérite de la victoire par le commandant en chef anglais lui-même qui a déclaré au moment de signer l’acte de reddition que c’est l’action décisive de ses artilleurs qui l’ont contraint à capituler : « C’est à vous que j’aurais dû rendre Yorktown, car c’est votre artillerie si bien pointée qui a détruit toutes mes fortifications ».

Voir aussi le récit détaillé de la Bataille de Yorktown.


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