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Les repéreurs en Ex-Yougoslavie
 

Un détachement du 7e RA en ex-Yougoslavie

Dès le printemps 1995, la France met en place sur le territoire de l’ex-Yougoslavie une force de réaction rapide destinée à assurer la sécurité des éléments français de l’ONU. Compte tenu de la complexité du conflit, de l’imbrication des forces de l’ONU avec les factions belligérantes équipées de systèmes Sol-Air, il est demandé au 7e Régiment d’ Artillerie d’étudier la mise à disposition des forces d’une unité CL 289 sous enveloppe contrainte.

De l’étude menée au 7è RA il ressort, eu égard aux contraintes fixées, qu’il est possible d’engager dès l’été 1995 un module de groupe CL 289 ayant les capacités suivantes :

  • Autonomie initiale : 4 missions/jour
  • Capacité de déploiement : 2 missions/jour
  • Fonctions opérationnelles :
    • commandement
    • mise en œuvre
    • renseignement
    • lancement
    • imagerie en temps réel et différé
    • transport
    • sorties NTI2 intégrées
    • logistique intégrée
  • Effectifs : 65 personnels,
    (3 officiers, 54 sous-officiers, 8 militaires du rang)
  • Mobilité : 29 véhicules (257 mètres linéaires, 364 tonnes)
  • Logistique : 5 conteneurs, 20 pieds.

En décembre 1995, dans le cadre de l’engagement de l’IFOR en ex-Yougoslavie, en vue d’assurer le bon respect des accords de Dayton (USA), l’État-major de l’Armée de Terre décide la mise à disposition de la Division Multinationale Sud-Est (DMNSE) d’une section d’ ALT Crécerelle alignée à trente personnels. Cette section devra rejoindre fin décembre 1995 des éléments du 13e RDP et du 54e RT afin de constituer la composante renseignement de la DMNSE. Le système CRECERELLE, non encore opérationnel, est en phase de démonstration d’aptitude à l’emploi et c’est dans ce cadre que le 14 décembre 1995, le Capitaine DUPORT du 7e RA rejoint, à Sarajevo [1], l’Etat-Major de la DMNSE afin de rechercher des zones de déploiement, d’élaborer dans les meilleurs délais une procédure d’intégration du drone dans l’espace aérien, ainsi qu’une méthodologie d’emploi du drone, adaptée à la situation locale.

Parallèlement à ces démarches, la mise sur pied de la section CRECERELLE nécessite de nombreuses interventions techniques menées par la société SAGEM, maître d’œuvre du système.

Le 30 décembre 1995, dès la fin des travaux, les matériels sont convoyés en direction de Phalsbourg pour préparation de l’embarquement. Pendant ce déplacement sur la RN4, la rampe de lancement est gravement accidentée et nécessite des délais de réparation de plusieurs mois. Le 28 décembre, le Général commandant la DMNSE est informé de la situation et le bureau de Renseignement réorganise son plan d’emploi des moyens d’investigation.

Face à cette situation et après consultation du Lieutenant-Colonel TOZZI, Chef de Corps du 7e RA, le Capitaine DUPORT propose au Général commandant la DMNSE la mise sur pied d’un module de batterie CL 289 aligné à vingt-sept personnels.

Sans attendre la décision du Général commandant la DMNSE et de l’EMA, le 7e RA monte en puissance la logistique du module précité afin de pouvoir répondre dans de très courts délais à toute demande de l’ EMA.

Le 2 janvier 1996, le 7e RA confirme sa capacité à engager un module de batterie CL 289 ayant les caractéristiques suivantes :

  • Personnels : 1 officier, 22 sous-officiers et 4 militaires du rang
  • Mobilité : 14 véhicules (150 mètres linéaires)(VL TT P4, 2 CTT TRM 1000 et 10 PC)
  • Autonomie : 16 drones, 40 missions drones, 100 missions photographiques et 2 nacelles photo pour hélicoptères
  • Capacité : 1 à 2 missions/jour
  • Logistique : 5 conteneurs (20 pieds)

Le format très réduit du module proposé implique une mise en œuvre en base fixe, avec toutefois la possibilité de déplacer la rampe de lancement ou la balise de récupération dans un rayon de vingt à trente kilomètres autour de cette base.

Le 31 décembre 1995, les autorités françaises, gestionnaires de la plate-forme aéroportuaire de Mostar, donnent leur accord de principe pour une mise en œuvre du drone CL 289 à partir de cette piste. Par ailleurs, les autorités françaises placées à la cellule AIR de l’Allied Rapid Reaction Corps donnent leur accord à la procédure d’intégration du CL 289 dans l’espace aérien placé sous la responsabilité de la France.

Le 04 janvier 1996, le Général commandant la DMNSE demande l’engagement du module proposé. Le 11 janvier, l’EMA décide l’engagement du module CL 289 qui devra rejoindre Mostar début février.

Montée en puissance du détachement

Le Capitaine DUNGHI, commandant la 3e Batterie du 7e RA, est désigné chef de détachement du module CL 289. Il est chargé d’assurer, sur les plans technique et administratif, la préparation à l’engagement de son module. Disposant d’une batterie de maintenance, le 7e RA a su intégrer dans le détachement des techniciens de l’arme du matériel, lui conférant ainsi une capacité d’adaptation et de réaction très importante, qui sera démontrée lors de l’installation sur l’aéroport de Mostar.

Le 04 février 1996, les matériels sont convoyés à Miramas en vue de leur embarquement en direction du port de Ploce (Croatie). Les personnels embarquent quant à eux à destination de Mostar le 13 février à l’aéroport d’Orléans-Bricy.

Préparation de la mission

Arrivé le 13 février à 12h00 à l’aéroport de Mostar sous une pluie battante, le détachement s’installe dans un hangar d’aviation saccagé par les factions croates. Bien qu’en piteux état, jonché de nombreux gravats, l’abri dispose d’une toiture neuve grâce à l’action vigoureuse des personnels de la compagnie de génie d’infrastructure. Le 14 février, les personnels du détachement se rendent au port de Ploce afin de récupérer leurs véhicules. Le 15 février, le détachement est opérationnellement apte.

L’installation rapide d’un tel détachement dans une infrastructure rudimentaire a été possible grâce aux techniciens de la batterie de maintenance intégrés au détachement, qui ont su effectuer de très nombreux travaux de casernement (électricité, menuiserie, plomberie, etc.).

Le 18 février, le détachement reçoit sa première mission CL 289. Cette mission a pour objet, outre la calibration de la procédure d’atterrissage, la recherche des relais radios dans la région Sud de la Bosnie, autour de la ville de Trebinje. En raison des très mauvaises conditions météorologiques régionales, il n’est pas possible d’exécuter cette mission avant le 25 février. Bien que le CL 289 soit assez peu dépendant des conditions météorologiques, ce premier lancement doit être réalisé dans des conditions de sécurité optimales, imposées par l’extrême petitesse de notre zone d’atterrissage, elle-même proche de zones vie. Un atterrissage hors zone se solderait par un discrédit porté sur le matériel et les personnels, de nature à remettre en cause la présence du détachement sur un aéroport ouvert au trafic.

Le 24 février, la consultation du terminal METEOSAT de la tour de contrôle donne la certitude d’une amélioration notable des conditions météorologiques dans les vingt-quatre heures. La décision est alors prise d’exécuter la mission le lendemain, à 10h00 heure locale. Le 25 février, à 9h00 heure locale, la cellule de reconditionnement effectue d’ultimes vérifications sur le drone. Les personnels responsables de la programmation du vol vérifient avec la plus grande attention les différents ordres qui seront exécutés par le drone, afin de garantir le bon respect du volume de vol autorisé. Les interprétateurs d’images vérifient leur machine à développer les films, se concentrant sur les cartes pour bien mémoriser la topographie des zones qui seront survolées. Le chef de détachement, personnellement responsable de la sécurité des personnels sur la zone de mise en œuvre, vérifie quant à lui la place de chacun et son aptitude à exécuter les consignes de sauvegarde et de protection en cas de prise à partie par un tireur isolé. Enfin, l’officier de liaison, garant du bon respect des consignes d’intégration du drone dans l’espace aérien, de la sécurité de la phase de lancement et d’atterrissage dans son aspect aéronautique vérifie une dernière fois les conditions de réalisation du vol.

Pour cette première mission, de nombreuses autorités sont présentes sur la zone de mise en œuvre, et compte tenu des difficultés d’obtention de l’autorisation de mise en œuvre de ce système sur un théâtre extérieur, le CL 289 doit apporter immédiatement la preuve de sa fiabilité et de son efficacité. Chacun, conscient des enjeux, se sent responsable du bon déroulement de cette première mission opérationnelle.

A 9h15, heure locale, un dernier sondage météorologique permet d’affiner la précision de l’atterrissage. A 9h30, le chef de rampe et son équipe débutent la procédure de lancement. Les gestes sont précis, seuls les signes conventionnels sont utilisés pour communiquer. Une fois qu’ils sont parvenus à la procédure d’armement du propulseur, le chef de détachement demande l’autorisation de lancement par radio à l’officier contrôleur de l’aéroport, qui s’assure qu’aucun aéronef ne se trouve en procédure d’approche. Autorisation accordée.

Après un dernier contrôle visuel, le chef de rampe se dirige vers son boîtier de commande à distance de l’ordre de lancement. En avance de trois minutes sur l’heure de lancement, le chef de détachement diffère l’ordre. A 9h59, ordre est donné de débuter la séquence automatique de lancement. Le chef de rampe appuie sur le bouton poussoir, le sifflement du lancement de la turbine se fait entendre après quelques secondes d’attente, le turboréacteur monte en régime, baignant les autorités présentes dans les effluves de kérosène, caractéristiques du monde aéronautique. Simultanément, la rampe s’élève, le connecteur ombilical se rétracte, autorisant la mise à feu de l’accélérateur. Le drone quitte la rampe noyée dans un panache de fumée qui disparaît rapidement.

Les cœurs battent très fort, une grande fierté est visible dans les regards, tant des autorités que des personnels. Le largage de l’accélérateur à poudre s’opère normalement et semble chuter précisément dans son réceptacle, constitué par un petit terrain vague, miné, en bordure de l’aéroport.

Le drone disparaît rapidement derrière le relief montagneux. Pendant que l’équipage de rampe procède au repliement du matériel, l’officier de liaison commente alors aux autorités les caractéristiques de ce premier vol :

  • vitesse de croisière : 351,5 km/h
  • durée de vol : 28 min 35 s
  • nombre d’objectifs à survoler : 12 -* longueur de la bande de terrain photographiée : 98 km
  • hauteur de vol sur les objectifs : 150 m

Au bout de vingt-sept minutes, les cœurs battent à nouveau très fort, et l’ensemble des personnels présents scrute le ciel. Un léger bourdonnement est perçu, de nombreux bras se tendent et désignent un point minuscule à travers la brume. La précision du guidage est parfaite. En une fraction de seconde, le parachute d’extraction est libéré, entraînant le drone dans un piqué impressionnant. La parachute principal se libère à son tour, les ballonnets amortisseurs se gonflent, le drone se pose en une dizaine de secondes avec une précision remarquable, inférieure à trente mètres.

La tension chute un court instant mais déjà les spécialistes du reconditionnement s’affairent sur l’engin pour en extraire les précieuses cassettes contenant les films. Après traitement des films, moins de quinze minutes après le poser du drone, le Général Adjoint Opérationnel de la DMNSE constate avec une grande satisfaction et beaucoup d’étonnement l’exceptionnelle qualité des prises de vues.

Au cours de ce premier mandat, quarante missions seront effectuées sans incident, et le détachement visité ou inspecté par de très nombreuses autorités françaises ou étrangères. La qualité des prises de vues réalisées par le CL 289 et le sérieux apporté aux travaux d’interprétation d’images ont valu au Bureau Renseignement de la DMNSE les éloges de l’ Amiral LEIGHTON SMITH en visite d’inspection. Véritable vitrine du savoir-faire français, les résultats obtenus par ce système d’arme provoquent de nombreuses réflexions dans les États-majors français dont une remise en question de la politique des drones dans l’Armée de Terre, et la curiosité des industriels étrangers. Événement important pour le monde du renseignement, le premier emploi opérationnel d’un tel système démontre qu’une force projetée peut disposer d’une composante renseignement par imagerie particulièrement souple et efficace, à faible coût. Il est démontré par ailleurs qu’il est possible de faire coexister dans l’espace drone et composante pilotée. La coopération avec l’Armée de l’Air détermine en grande partie ce succès.

Les deuxième et troisième mandats

En juin 1996, le Capitaine MARQUES et son détachement arrivent pour la relève du premier mandat. Une semaine est nécessaire pour le passage des consignes et le rodage des équipes. Cette semaine permet également d’effectuer des vols en commun, afin que le premier mandat passe dans la sérénité le flambeau à son successeur.

La saison chaude s’annonce, un calme relatif s’est instauré sur le plan politique. L’objectif de la division est fixé sur le déroulement des élections de Mostar, le 30 juin. Dans ces conditions, le recours aux drones ne semble plus la réponse la mieux adaptée à la situation pour le commandement de la DMNSE, et les missions CL 289 sont quelque peu ralenties. Les importantes archives photographiques du premier détachement permettent néanmoins d’effectuer un suivi parfait de l’évolution de certains sites. Elles permettent notamment de déceler que de nombreux travaux d’aménagement du terrain et d’infrastructure, dans certaines casernes ou sites d’armement, sont effectués en secteurs croate, bosniaque ou serbe.

Cette période de calme est mise à profit par le détachement pour parfaire l’instruction des hommes et rechercher de nouvelles positions de tir. Les possibilités de mobilité des équipes du module (lanceur et image...) sont également étudiées, avec l’aide du Capitaine JULIN (DL CL 289), pour augmenter l’allonge du drone par rapport aux missions effectuées à partir de la zone aéroportuaire de Mostar.

De ce point de vue, les hauteurs au Sud-Est de la ville offrent l’avantage de pouvoir rapidement se rendre en secteur serbe, au Nord-Est, et de gagner trente kilomètres dès le départ du drone. Une fois reconnue et dépolluée par les équipes du Génie, cette position permet d’exécuter trois tirs.

Grâce à l’efficacité des personnels de la batterie de maintenance, l’assistance technique du système s’effectue sans aucune difficulté et le hangar du détachement se rénove progressivement avec l’aide du Groupement de Soutien du Commissariat de l’Armée de Terre (GSCAT). Les interprétateurs d’images partent en mission avec des équipes de la Direction du Renseignement Militaire sur les sites d’armement afin d’accroître leur banque d’images et de voir de près le matériel. En parallèle, les missions HL-POD [2] prennent de l’ampleur et des dossiers objectifs sont demandés par la DMNSE.

Le 30 juillet, une équipe « temps réel » arrive pour améliorer les capacités du système dans le domaine de la réception et de la transmission d’images. Composée de quatre sous- officiers commandés par le Lieutenant MAXANT, l’équipe restera quatre mois sur le territoire et rejoindra la métropole fin novembre. Avec ce module intégré au deuxième mandat, des recherches de transmission d’images de la station au Bureau de Renseignement de la DNNSE sont effectuées par divers procédés (satellites, radiotéléphonie RITA ...). De même, sont menés des essais de réception des images, prises par le drone lors du survol des zones de recherches.

A la mi-août, le Capitaine JOB succède au Capitaine JULIN au poste de DL. De nouvelles positions sont reconnues par le Capitaine MARQUES, dont celles du Mont Igman, au Sud de Sarajevo. En cas de retour aux événements de 1996, blocus de la ville et de l’aéroport, cette position pourrait alors être utilisée pour lancer, voire récupérer un drone. D’autres recherches de positions sont conduites après contact avec les secteurs britanniques et américains. Avec l’accord et l’autorisation des responsables alliés, une position est reconnue et équipée à Duvno-Tomislavgrad, ancien emplacement du PC de la Brigade Multinationale (BMN) en 1996, qui permettrait au drone de survoler Bihac et Banja Luka.

Le 17 octobre, arrive un troisième détachement commandé par le Capitaine de LANGERON. Sa mission est de valoriser l’expérience acquise lors des mandats précédents. La réorganisation de l’IFOR (Implementation Force) se dessine, en vue de son passage à la SFOR (Stabilization Force), et une réduction du personnel français est envisagée. Le module doit à terme perdre sa composante drone au profit d’un détachement allemand, il ne conservera donc que le HL-POD. L’ effectif du détachement passera alors de vingt-huit à huit hommes.

Le troisième détachement poursuit ainsi les vols CL 289 jusqu’à l’expiration du mandat et prépare le retour du matériel.

Le 03 février, à 10h00, le dernier drone est lancé avec succès au dessus de la Bosnie. Viennent alors la phase de préparation au désengagement et les nombreuses formalités à mener en amont. Après l’embarquement du matériel au port de Ploce, fin février, les hommes rentrent le 05 mars, par voie aérienne.

Au total, pas moins de soixante-deux vols de drone se seront déroulés en Bosnie, avec un pourcentage de réussite de 95%. Environ cent vingt missions HL POD ont également été effectuées. Le régiment reste toutefois représenté à Mostar par un nouveau détachement HL-POD, commandé par le Lieutenant ROCHAIS.

Par delà la simple relation des faits, l’Histoire permet aussi de tirer des enseignements du passé, même si l’exercice peut paraître délicat, voire périlleux. Dans le cas d’espèce, la mission a été très fructueuse, pour les chefs tout au moins. Les enseignements ont porté sur tous les aspects concernés, à tous les niveaux. Il n’en sera pas traité ici, compte tenu de la proximité de cette expérience. On peut toutefois en retenir un aspect essentiel. A l’évidence, le professionnalisme des hommes a gommé les incontournables faiblesses et insuffisances d’un système, parfois condamné a priori parce que réputé lourd. Le CL 289 a cependant démontré une remarquable adaptabilité, sans pour autant avoir été poussé au maximum de ses possibilités.

[1] Note du webmesstre : En fait il s’agit de Mostar, le lieu où l’EM est installé. Au plus proche de Sarajevo, la DMNSE dispose aussi d’un PC tactique à RAJLOVAC

[2] HL-POD : hélicoptère POD. Le "pod" est une nacelle aéroportée sur hélicoptère Gazelle et équipée des mêmes capteurs que le drone. Initialement à vocation d’instruction en métropole, le HL POD a trouvé sa pleine mesure opérationnelle sur le territoire bosniaque, en complément des missions drones. Il est préférentiellement utilisé pour le survol des zones ne présentant pas de risque pour l’équipage.


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