1. Présentation
Système analogue au R-20, le système de reconnaissance CL 89 est mis en service au 7e Régiment d’Artillerie au cours du deuxième semestre 1981. Moins volumineux, plus maniable, il présente l’avantage d’être entièrement autonome et appartient, de ce fait, à la famille des drones. Il possède en outre un aspect proche de celui des missiles classiques.
Le CL 89 témoigne du développement des techniques nouvelles de repérage et de renseignement (optronique, informatique). Conçu comme un système transitoire entre le rustique R-20 et le futur CL 289, il n’est pas équipé de caméras infrarouge permettant la transmission en direct des images et n’assure que partiellement les besoins en renseignement du Corps d’Armée.
Système de transition, il doit théoriquement servir à la préparation des personnels en vue de l’arrivée de son successeur, le CL 289. Il reste néanmoins en service pendant plus de dix ans et se partage la mission de surveillance au profit de l’artillerie avec le radar RASIT.
Grâce à lui, le personnel du RA s’initie à la mise en œuvre d’un missile de surveillance moderne (préparation, récupération et exploitation des données). De conception canadienne, le CL 89 concourt, grâce à ses capteurs visuels, à la surveillance du champ de bataille, en détectant tout indice d’activité adverse, en localisant l’objectif et en le caractérisant.
2. Description du système CL 89
a. Caractéristiques techniques du vecteur
Longueur : | 260 cm |
Diamètre : | 33 cm avec voilure : 94 cm |
Masse brute : | 78,2 kg |
Masse avec charge : | 110,3 kg |
Propulseur à poudre : | 29 kg et 113 cm |
Carburant : | kérosène |
Autonomie de vol : | 105 km (soit 40 km au-delà des lignes adverses) |
140 km avec adjonction d’un réservoir supplémentaire | |
Altitude de vol : | entre 300 m et 1200 m selon les conditions atmosphériques |
Vitesse : | 740 km/h en vitesse de croisière |
Altitude maximale : | 3000 mètres |
Atterrissage : | un parachute et deux ballonnets amortisseurs |
Surface couverte par les capteurs à 300 mètres d’altitude :
Le vol du CL 89 est entièrement programmé, ce qui lui confère une insensibilité totale aux contre-mesures électroniques.
Les officiers de lancement utilisent un programmateur pour insérer les paramètres (distances, virages, altitude et coordonnées de récupération).
Pendant le vol, le programmateur compare les données enregistrées avec les informations fournies par les équipements de bord. Le vol est ainsi moins aléatoire que celui du R-20.
La récupération du drone est assurée par un système de radio-ralliement embarqué qui le dirige automatiquement vers une radio-balise émettrice.
La programmation permet d’effectuer quatre virages et de couvrir deux zones de recherche seulement. Le drone peut effectuer plus de vingt vols.
b. Caractéristiques des capteurs
Le système de prise de vue est constitué d’une caméra ZEISS. Elle permet la prise de vue simultanée de trois images, une verticale et deux obliques, qui assurent une couverture égale à six fois la hauteur du vol. Les deux séquences de prises de vues sont gérées par le programmateur.
De nuit, les prises de vues s’effectuent à l’aide d’un conteneur de douze cartouches photo-éclair.
L’interprétation des clichés connaît également une transformation radicale. Un important matériel est utilisé à chaque campagne de vols. Les opérations comprennent le développement des pellicules, le tirage et l’agrandissement des films, l’interprétation et l’exploitation des photographies.
Les délais d’exploitation sont raccourcis, le site de récupération et celui d’exploitation étant situés à de courtes distances. Le traitement des négatifs représente une durée incompressible de dix minutes, l’interprétation primaire nécessite vingt minutes en moyenne [1], si bien que dans les conditions idéales, il ne s’écoule pas plus de quarante minutes entre la prise photographique d’un objectif et l’arrivée à l’état-major du premier compte-rendu d’exploitation.
L’âge du renseignement peut paraître élevé, mais la furtivité relative du missile compense cette faiblesse. Pour tenir compte des délais de réparation, de reconditionnement, de lancement et de récupération (voir tableau), il est nécessaire d’effectuer un lancement par rampe et par heure pour assurer la permanence de l’observation.
La durée d’interprétation du film dépend également du nombre et de la nature des objectifs et de facteurs extérieurs (météorologie, altitude de prise de vue).
Tableau récapitulatif des délais :
lancement : [2] | 40 minutes |
durée du vol : | 8 minutes |
récupération reconditionnement du drone : | 5 à 6 heures |
interprétation reconditionnement de la caméra | 1 heure |
c. Déploiement du système CL 89
La batterie CL 89 comprend trois sections :
En opération, la batterie CL 89 est renforcée par une unité de soutien, le Détachement de Soutien Adapté (DSA).
Le DSA est chargé essentiellement du conditionnement des drones [3] et de la remise en condition du senseur après la récupération.
Au total, une batterie CL 89 regroupe onze officiers, trente-neuf sous-officiers et cent dix-sept militaires du rang (DSA intégré).
Le 7e Régiment d’Artillerie s’articule alors en une batterie de commandement et des services, trois batteries CL 89, un DSI et une batterie d’instruction.
Une batterie CL 89 couvre la zone de responsabilité de la division [4]. Elle est déployée dans une zone distante de cinq à dix kilomètres de la ligne de contact.
Le système CL 89 constitue le système de renseignement et d’acquisition de la grande unité, complémentaire des autres sources de renseignements (observations à vue, aviation de reconnaissance, radars de surveillance, interrogatoire des prisonniers).
Pour emploi, la batterie CL 89 est regroupée avec une batterie RASIT du 6e RA pour former le régiment d’acquisition d’objectif du corps d’armée.
Son allonge (quarante kilomètres au-delà de la zone des contacts) permet de pallier les faiblesses de l’observation à vue et des radars au sol.
Rudimentaire, le CL 89 présente des faiblesses importantes au niveau de son autonomie, des performances de ses senseurs et de son système de navigation. Il permettra néanmoins aux personnels du 7e Régiment d’Artillerie d’acquérir la culture des drones rapides et le savoir-faire nécessaire au développement d’un système beaucoup plus évolué . le CL 289.
Pour en savoir plus sur le CL 89 cliquer ici.
[1] Règlement de service en campagne du 7e RA - Janvier 1987, page 9
[2] (équipement, chargement, vérification)
[3] Le système CL 89, les Cahiers de l’Artillerie, n° 66, 2e sem. 1981
[4] La couverture de la zone de responsabilité du Corps d’Armée n’est donc pas assurée par le système CL 89.