Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie du Repérage et de l’Acquisition : renseignement d’artillerie. > 0- Historique du Repérage > II- Le Repérage de 1940 à nos jours > 2- Le Repérage et la guerre moderne : adaptation et mutation >
A- Recadrage du Repérage
 

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Article en construction, selon le plan suivant.

1. Évolution structurelle

a. Nouveau cadre - nouvelles missions

La première question qui se pose au sortir de la guerre est de savoir si le Repérage, en tant que moyen traditionnel, a toujours sa place dans le renseignement. En effet, il faut considérer la nouvelle donne devant laquelle se trouve le Commandement. Tout d’abord, le 06 août à Hiroshima et le 09 août à Nagasaki, explosent les deux premières bombes atomiques de l’histoire. Le monde entre irrémédiablement dans l’ère nucléaire. Certes, les américains sont pour l’instant les seuls à maîtriser cette nouvelle arme et leurs relations avec la France écartent toute menace de leur part sur le pays. Mais chacun connaît l’empressement de l’URSS, puis bientôt de la Chine, à se doter de cette arme nucléaire. Les principaux pays occidentaux non désarmés entament donc une course effrénée. Dans un monde devenu bipolaire, chaque camp accélère les recherches et augmente progressivement son arsenal.

L’intrusion de l’arme nucléaire bouleverse en profondeur les conceptions classiques du combat, pourtant singulièrement remises à jour durant la seconde guerre mondiale (utilisation de l’aviation, des blindés, d’une artillerie propulsée..). Dans le cadre d’un affrontement général et massif, elle constitue la base de la manœuvre. Sa puissance extrême de destruction est un préalable à toute action offensive ou défensive contre l’ennemi. Elle effectue un travail de neutralisation globale de l’adversaire qui est ensuite complété par l’intervention de moyens dits classiques. De plus, la bombe atomique dépossède en quelque sorte l’Artillerie d’une partie de sa mission. Ce moyen de feu suprême apparaît comme l’aboutissement le plus complet de l’arme.

Or il est confié à l’aviation qui, compte tenu de la conception des bombes, est la seule à pouvoir les transporter à une distance suffisante sans risques majeurs. L’ère nucléaire semble donc sonner le glas de l’artillerie dont les moyens sont trop lourds pour des actions précises rapprochées, et trop peu puissants pour des actions passivement destructrices en profondeur. Elle entre dans une période de doute où elle appréhende de se voir confier un rôle secondaire.

Le deuxième problème auquel est confronté le Commandement ne découle pas d’un armement, mais plutôt d’une tactique spéciale. Comme d’autres pays européens, la France subit les velléités d’indépendance de la part de ses territoires coloniaux. Sur les continents africains ou asiatiques, se multiplient des conflits mais sous forme de guérillas. Les opposants à l’autorité nationale profitent de leurs connaissances du terrain pour s’y réfugier par groupes restreints et mener une guerre d’embuscade et de harcèlement. Face à ce contexte opérationnel particulier, l’Armée doit s’adapter et trouver des réponses efficaces.

Ces nouvelles conditions de combats ne remettent pas en cause l’utilité du renseignement militaire, bien au contraire. Plus que jamais, le Commandement a besoin d’informations en temps de paix, pour approfondir ses connaissances, comme en temps de guerre pour discerner le dispositif de l’ennemi, analyser ses intentions de manœuvre, en déduire sa propre marge d’initiative et prendre les décisions adéquates au moment voulu.

Mais pour remplir entièrement leur mission, les organes de renseignement doivent impérativement prendre en considération plusieurs facteurs

  • le facteur temps : dans un contexte nucléaire, comme dans un contexte de guérilla, les rythmes de la manœuvre s’accélèrent et les organes de renseignement doivent y faire face. Le facteur temps joue un rôle dans les deux sens : d’une part, la mobilité des troupes adverses, sans cesse accrue, exige un temps de réaction réduit au minimum pour informer utilement le Commandement ; d’autre part, une attaque mal préparée par manque de renseignements, donc trop lente à porter ses fruits, déclenche automatiquement une riposte de la part de l’ennemi qui a le temps de se renseigner et qui ne souffre plus de l’effet de surprise. Le renseignement doit gagner en rapidité et en précision.

-  le facteur espace : l’élargissement du champ de bataille en largeur et surtout en profondeur nécessite un accroissement des moyens de renseignement en nombre et aussi en portée. Les évolutions technologiques, notamment l’apparition des fusées et missiles, permettent d’attaquer l’ennemi sur ses lignes arrières et de désorganiser son infrastructure interne. Elles autorisent à l’inverse des actions sur la ligne de front tout en restant à l’arrière, à l’abri des moyens de riposte traditionnels. Au niveau de la zone de contact, chacun cherche à disperser ses unités pour faire jouter l’élément de surprise et éviter des destructions massives. Les procédés utilisés, que ce soit pour l’acquisition d’objectifs ou la surveillance du champ de bataille, doivent être capables de couvrir un maximum de terrain. Ils doivent également pouvoir opérer de nuit comme de jour, dans n’importe quelles conditions, pour assurer la continuité de leurs missions.

-  le facteur coût : bien que cette question ne soit abordée qu’avec réticence, il faut bien admettre que l’emploi de matériel de très haute technicité implique des dépenses très importantes. La conception de l’utilisation des munitions s’en trouve modifiée. Vu le coût des munitions autopropulsées, il devient hors de question de traiter un objectif par une forte concentration de projectiles lancés à l’aveuglette, d’où la nécessité d’informations très précises.

b. Le Repérage d’Artillerie : doute et confirmation

L’expérience de l’artillerie dans la recherche des renseignements est trop longue et trop riche pour que quiconque puisse la négliger. Elle reste une arme grande consommatrice dans ce domaine, elle possède une forte culture renseignement depuis la première guerre mondiale et elle est habituée à mettre en œuvre les moyens nécessaires. De plus, l’arme se réorganise, obtient de nouvelles missions et reprend une place primordiale au sein des Armées. Il était donc impensable que soient négligées les unités de repérage. Pourtant, leur maintien n’est pas acquis en 1945 malgré tous les résultats des GOA.

Le 102 GOA, seule unité existante après la dissolution du 101e en février 1946, reste cantonné en Allemagne, à Landsthul où il exerce des tâches subalternes plus ou moins bien acceptées par son personnel qui perd peu à peu son instruction « repérage ».

En juin 1947, il quitte la RFA pour s’installer à Nancy où il forme le IIe Groupe du 8e RA. Les documents à disposition ne précisent pas si le groupe conserve ses anciennes activités de repérage, ou s’il prend part aux activités « canon » du régiment.

Le 13 mai 1949, le II/78e RA est transféré à Thionville où il forme le IIIe Groupe du 25e RA, puis il se fixe quelques kilomètres plus loin à Hettange-Grande où son quartier, le 17 octobre 1953, reçoit le nom de Sous-lieutenant GUYON-GELLIN, repéreur tombé en Lorraine en 1940. C’est durant cette période que le groupe retrouve sérieusement une fonction de repérage, en particulier sous l’impulsion de son commandant, le Colonel NICOLLET, ancien lieutenant du 6e GAA. La seule unité spécifique de renseignement d’artillerie n’est encore qu’un groupe. Mais un groupe qui travaille et entretient ses connaissances et le matériel américain hérité du 102e GOA. A force de travail et de persuasion, ses chefs réussissent à faire reconnaître leurs atouts au commandement qui décide d’officialiser cette spécialité.

Rendu autonome le 1er mars 1963, cette unité prend le nom de 6e Groupe de Repérage (GR). Il y a des symboles qui ne trompent pas. Le fait que le groupe reprenne le numéro 6 dans le camp Guyon-Gellin et adopte l’insigne des Sioux, dénote bien la volonté de situer le repérage français renaissant dans l’ancienne tradition du 6e GAA. Après une longue période de doute, le renseignement d’artillerie est enfin rétabli à sa juste place

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17 Octobre 1953, HETTANGE-GRANDE
le Quartier du 111/25e RA reçoit le nom de Lieutenant Guyon-Gellin. Une délégation d’anciens du Repérage, groupés autour de leur étendard et des représentants du Service des Instruments de Mesure.

Le 6e GR comprend deux ensembles distincts :

  • le Groupe de Repérage proprement dit, composé d’une batterie de commandement et des services et de deux batteries de repérage avec SROT SRS, radar et topographie,
  • le Groupement d’Instruction National Radar (GINR) qui forme les artilleurs à cette nouvelle technique.

Le Groupe de Repérage est un organe de CA qui participe à la manœuvre générale du renseignement au niveau d’une division. Il appartient au départ au le CA. La composition du 6e GR et même celle du III/25e RA, quasiment similaire, révèle les mutations profondes que connaît le renseignement d’artillerie depuis 1945. Le GR reste à priori la seule unité de ce type et déploie tous les moyens existants pour sa mission. En fait, la technique radar, qui sera développée plus loin, prend de plus en plus le pas sur les moyens classiques qui amorcent leur déclin.

Peu à peu, le 6e GR se recentre sur la surveillance par radar qui prolonge l’observation par le son et délaisse progressivement l’observation à vue. Cette composante échoit à une autre structure parallèle qui la perfectionne et l’entraîne sur des voies nouvelles. Le 701e GAG puis le 702e GAG, à partir de 1958, expérimentent divers engins sol-air et mettent au point, en

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Blason du Quartier Guyon-Gellin à Hettange-Grande

1966, le premier drone R20 qui constitue l’évolution la plus aboutie de l’observation à vue. Dès 1965, le Général BEAUVALLET, Inspecteur de l’Artillerie, note que le 6e GR s’inscrit dorénavant dans un ensemble de deux groupes ou régiments d’acquisition d’objectifs. Sous l’effet des innovations technologiques, l’ancien Repérage se scinde donc en deux branches distinctes servies par deux unités parallèles. Les possibilités et la complexité des nouveaux matériels rééquilibrent leur mission de l’acquisition d’objectifs d’artillerie vers une mission de surveillance générale du champ de bataille et de renseignement interarmes.

Cette organisation en double structure est officialisée au cours de l’année 1970. Le 1er juillet 1970, le 6e GR devient le 6e RA et trois mois plus tard, jour pour jour, le 7e GR issu du 702e GAG prend l’appellation de 7e RA. Le 6e RA quitte Hettange-Grande le 18 août 1976 pour s’installer à Chaumont au quartier Foch. En août 1977, il intègre le 2e CA. En 1984, il se déplace au quartier La Horie de Phalsbourg. Le parcours du 7e RA est nettement moins chaotique : après avoir terminé ses essais à Colomb-Bechar, il passe d’Epernay à Nevers où il se fixe définitivement en septembre 1972.

Le début des années 1990 s’accompagne d’une véritable recrudescence des besoins en renseignements comme le montrent les conflits dans le Golfe où en Yougoslavie. Les moyens de l’artillerie sont les premiers sollicités et ses deux régiments spécialisés se montrent incontournables. Les deux unités mettent en œuvre les matériels les plus perfectionnés. En 1993, est décidé leur regroupement en une seule unité. Celui-ci se fait en faveur du 7e RA ; le 6e RA qui reste cantonné à Phalsbourg, constitue le VIe Groupe/7e RA. Cette réorganisation s’effectue dans le cadre de la création d’une superstructure de renseignement, la BRGE, dont les éléments et les missions sont détaillés dans la partie suivante.

L’histoire du 6e GR puis 6e RA terminée, il reste à souligner qu’ils ne sont pas les seuls gardiens de la fonction « repérage ». Le 6, surtout avec les radars, s’est en quelque sorte comporté comme une maison-mère, en développant des systèmes et des doctrines d’emploi repris par la suite au sein de régiments-canon. Plusieurs d’entre eux mettent en service des radars testés au 6 et accaparent à leur niveau une partie de la mission des régiments de renseignement. Ce phénomène devait s’accroître avec la mise en place d’ALT (aérodynes légers télépilotés) au sein de certains régiments d’artillerie.

c. Organisation et place des unités de surveillance et d’acquisition

  • Place du Groupe de Repérage dans le SRA Place du GR dans le SRA

Dès sa remise sur pied, le groupe de repérage évolue encore au sein d’un SRA qui n’a jamais cessé d’exister. Cette structure conditionne les missions que doit assurer le groupe et par conséquent les moyens utilisés et les liaisons qu’il doit établir. Le recueil des informations est étroitement lié aux besoins du commandement qui dirige l’observation par l’intermédiaire du SRA et à l’exploitation qui est faite a posteriori : l’une des missions du groupe est la transmission primaire des renseignements. Or il se trouve que le SRA connaît une évolution parallèle aux moyens classiques de repérage.

Dans la période d’immédiate après-guerre, il semble atteindre le maximum d’efficacité. Depuis longtemps, sa mission unique d’acquisition d’objectifs au profit de l’artillerie se double d’une mission de centralisation, d’exploitation et de diffusion des renseignements obtenus par l’artillerie. La période récente voit les liaisons entre les SRA et les 2e Bureaux devenir plus étroites : le SRA n’est plus un pourvoyeur unique de la contre-batterie, comme il avait tendance à le redevenir durant la seconde guerre, mais bien un organe participant au renseignement général, ce qui influe évidemment la mission du GR.

Ce Groupe de Repérage n’est donc qu’un moyen parmi d’autres du SRA. Celui-ci a en effet accès aux sources propres à l’Artillerie, tels les observatoires terrestres d’artillerie, groupe de repérage, Section Aériennes d’Observation d’Artillerie (SAOA), rapport de bombardement, mais aussi à des sources extérieures, comme les reconnaissances et photos aériennes, la radiogoniométrie et les écoutes ennemies, les renseignements d’infanterie, l’interrogatoire des prisonniers de guerre...

Pour plus d’efficacité, le SRA se dote d’éléments représentatifs à de nombreux échelons

  • un officier de renseignement à l’échelon groupe,
  • une Section de Renseignement d’Artillerie à l’échelon divisionnaire,
  • un Centre de Renseignement d’Artillerie (CRA) pour le Corps d’Armée.

La souplesse d’utilisation obtenue dans les GOA est reprise : chaque échelon du SRA est jumelé avec un organe directeur de tir, à qui il fait part de ses découvertes. Mais l’intermédiaire que constitue le SRA peut toujours être court-circuité, dans un souci de rapidité, face à des objectifs mouvants sur un front instable. Les liaisons extérieures du GR peuvent ainsi répondre à plusieurs schémas : en cas de renseignement général du champ de bataille, le Groupe de Repérage centralise les données de ses BR et les fait parvenir au CRA, qui les confronte à ses autres sources et les retransmet à toutes les unités de combat ou de commandement concernées. En cas de besoin plus pressé, ce sont les BR qui envoient directement leurs données au CRA pour éviter de retarder les transmissions. Enfin, la liaison peut être directe entre des éléments du GR (batterie ou même section) et les unités de contre-batterie pour parer la mobilité des objectifs.

L’organisation de ce SRA, assimilable à une véritable doctrine d’emploi pour les GR, se trouve remise en question en même temps que le Repérage classique. Le renseignement d’artillerie nucléaire nécessite des moyens de recherche en profondeur que les Régiments de Surveillance et d’Acquisition (RSA) expérimentent progressivement. Mais le traitement des renseignements ne peut se faire qu’au niveau de l’artillerie et d’un SRA : il est confié directement au 2ème Bureau. De plus, le SRA est confronté aux mutations du renseignement d’artillerie classique. L’artillerie non nucléaire peine à concilier la mobilité avec la portée de ses feux en profondeur et disparaît du Corps d’Armée et de la Division : elle se réduit à un régiment par brigade. Dans ces conditions, les différents éléments du SRA n’ont plus lieu d’être et disparaissent aussi temporairement. Seul subsiste un officier renseignement par régiment. Lorsque le Colonel THIBERGE rédige son article en 1975 [1], cette évolution est arrivée à son terme et il note que « le terme SRA a peu à peu disparu des documents officiels et du vocabulaire courant ». La Brigade de Renseignement et de Guerre Electronique (BRGE) créée vingt ans plus tard intègre tous les changements intervenus depuis.

Ainsi, le GR a d’abord travaillé dans le cadre strict du SRA qui initie puis coordonne les recherches. Le déclin du SRA coïncide avec la réorganisation du repérage en deux RSA et surtout la mise au point de nouveaux matériels. Privés pendant une vingtaine d’années d’un organe directeur, les GR ont su néanmoins adapter leur structure interne pour faire face à de nouvelles missions.

  • Organisation interne d’un Groupe de Repérage

A l’image de tout le reste, la composition du groupe puis du régiment se modifie au rythme de la place des moyens nouveaux. La composition de l’unité traditionnelle, III/25e RA - 6e GR découle de celle des GOA. Le Tableau d’Effectif et de Dotation en matériel du Groupe (TEDG) du 1er janvier 1950, inspiré directement du modèle américain, est remplacé quelques années plus tard par un nouveau qui instaure quelques modifications. Le nouveau Groupe de Repérage comporte ainsi une batterie de commandement et des services et deux ou trois batteries de repérage.

La batterie de commandement et de service peut à son tour être sous-divisée en quatre éléments.

Une section commandement comprend l’état-major du groupe, le groupe de DCA et la section de ravitaillement et service de la Batterie.

La section opération-météo regroupe les deux anciennes fonctions dissociées au sein du GOA.

La section opération, chargée de la transmission des ordres et de la diffusion des renseignements est moins importante que l’ancienne car l’organisation du SRA, à tous les niveaux, la décharge des travaux de synthèse. La section météo, par contre, se renforce et doit établir des bulletins de sondage (pour l’artillerie) et des sondages acoustiques (pour les SRS) par l’emploi de ballons sondes.

La section topographique constitue le troisième élément. Dotée de nouveaux moyens mobiles, radio et instruments optiques novateurs (détaillés plus loin), elle remplit les missions de recherche et de diffusion de documentations topographiques, de participation aux canevas d’ensemble de la zone d’action de l’ACA, de rattachement des SRS et SROT à celui-ci et de réglage et mise en place des tirs.

Enfin, il reste un ensemble dit de ravitaillement et de service du groupe, qui réunit service de santé, section transmissions, entretien auto et ravitaillement. A noter que comme dans les GOA, la BCS rassemble les sections utiles au fonctionnement du groupe mais aussi aux travaux des batteries, ce qui permet de soulager ces dernières.

Chaque batterie de repérage comporte une SROT à quatre observatoires, une SRS puis une section radar équipée d’un SCR 584 ou plus tard d’un AN/MPQ 10. Le nombre de ces batteries varie théoriquement de deux à trois : il semble que les prévisions du TEDG d’adjoindre une troisième batterie ne soient pas suivies d’effet. Au début des années 1950, le groupe ne possède que deux batteries de repérage et une plaquette sur le 6e GR d’Hettange-Grande confirme encore cette structure.

Cette composition traditionnelle ne subsiste que tant que les SROT et SRS sont utilisées, jusqu’à la fin des années 60. Après, chaque nouveau système d’arme stimule une nouvelle organisation. Le 6e RA de 1989 comprend deux batteries à quatre RASIT et prévoit une réforme avec quatre batteries à cinq radars. En 1992, l’introduction de nouveaux systèmes aboutit à une réorganisation en deux batteries : la première comprend deux sections CRECERELLE, tandis la deuxième comprend une section de radars de surveillance RASIT et une section de trois radars anti-mortiers Cymbeline.

Si la composition des unités se modifie, les conditions de leur déploiement et leurs missions ne sont pas en reste. En ce qui concerne le repérage classique, la doctrine d’emploi est connue et reste sensiblement la même. Lorsque le groupe met en œuvre ses moyens radars modernes, chaque instrument exige des règles d’emploi en conformité avec ses possibilités, règles qui seront étudiées en même temps que les systèmes. On peut revenir une dernière fois sur les possibilités du déploiement classique par SROT et SRS.

Le groupe n’est qu’exceptionnellement dissocié et exerce sa surveillance sur un front d’au plus vingt-cinq kilomètres maximum. En cas de séparation, due à des impératifs de terrain ou de mission, une BR ne peut surveiller qu’un front de dix à douze kilomètres. Les SROT atteignent leur plein rendement en quatre à six heures, tandis que les SRS mettent six à huit heures pour une installation complète (les tout premiers résultats sont obtenus néanmoins au bout de trois heures). La profondeur de la zone d’action du groupe se situe de dix à quinze kilomètres en avant des observatoires pour les SROT. Pour les SRS, c’est le calibre des pièces à repérer qui joue : les batteries de 75 ou 105 se repèrent à des distances de cinq à dix kilomètres, tandis que les pièces supérieures à 150 laissent des traces jusqu’à vingt kilomètres. Le schéma suivant reconstitue le déploiement d’un groupe de repérage ancien modèle.

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[1] Le Service de Renseignement d’Artillerie, Colonel THIBERGE, op.cit.


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