Les instructions du 10 novembre 1914 et du 19 janvier 1915 sur l’organisation du tir des batteries lourdes et l’établissement du plan directeur de tir, ont prévu la constitution au quartier général de chaque armée d’un groupe de canevas de tir composé d’officiers spécialisés dans les travaux géodésiques et topographiques et ayant pour attributions l’établissement des canevas d’ensemble et des plans directeurs de tir, ainsi que l’instruction technique topographique des officiers des batteries.
La forme actuelle de la guerre a donné au plan directeur une importance de plus en plus grande et son emploi n’est plus limité à l’artillerie. Il est devenu pour le commandement le plan directeur des opérations et il sert en outre de base à l’établissement des cartes et croquis à grande échelle qui sont actuellement indispensables pour les attaques.
Sur toutes les parties du front où n’existent pas de levés récents, il est nécessaire de procéder à de nouvelles opérations géodésiques et topographiques et d’y dresser de toutes pièces, pour ainsi dire, de nouvelles cartes à grande échelle. La mise en place sur le plan directeur de notre propre organisation exige, de même, de continuelles opérations topographiques. Enfin le concours des groupes de canevas de tir est réclamé par les armées toutes les fois que se présentent des questions ayant un rapport avec la topographie ou la cartographie, soit qu’il s’agisse d’exécution de travaux, d’instruction à donner ou de matériel à fournir.
Les attributions des groupes de canevas de tir se sont considérablement étendues.
En outre, en ce qui concerne le relevé des défenses ennemies, l’établissement du plan directeur résulte de la centralisation et de la coordination de renseignements de toute nature. Il est donc indispensable que le groupe de canevas de tir d’une armée soit en liaison constante avec les différents organes de l’armée qui sont à même de se procurer ces renseignements, de façon à ce qu’ils lui parviennent sans retard, et cette liaison doit, pour fonctionner régulièrement, être nettement définie.
L’instruction du 10 novembre 1914 a surtout un caractère technique et celle du 19 janvier 1915 n’est plus en conformité avec les fonctions actuelles des groupes de canevas de tir des armées. Il est donc indispensable de préciser par une instruction nouvelle la situation et les attributions des groupes de canevas de tir ainsi que leurs relations avec les divers organes des armées.
Le groupe de canevas de tir d’une armée est un organe du Q. G. A. ( 1er groupe) placé sous l’autorité immédiate du chef d’état-major de l’armée. Le groupe de canevas de tir d’une armée a, en principe, la constitution suivante :
PERSONNEL.
Le général directeur du Service géographique de l’armée est directeur technique des groupes de canevas de tir des différentes armées ; il s’assure directement des conditions de leur fonctionnement technique et adresse au grand quartier général toutes les propositions utiles intéressant leur organisation technique, leur personnel et leur matériel.
Il propose, quand il le juge nécessaire, l’envoi d’un officier supérieur chef d’un des groupes de canevas de tir, auprès des groupes des diverses armées, afin de s’assurer que les instructions techniques sont appliquées d’une façon uniforme.
Il est appelé à donner aux commandants d’armée son avis en ce qui concerne les propositions pour l’avancement et la Légion d’honneur des officiers des G.C.T.A.
Le G.C.T.A. a dans ses attributions :
L’établissement du plan directeur et des croquis à grande échelle exige que l’on fasse état de tout ce que l’on peut connaître de l’organisation ennemie ; le G.C.T.A. doit donc être en relations constantes et définies avec tous les organes de l’armée qui sont à même de lui procurer les renseignements nécessaires.
ETATS-MAJORS.
Le chef du G.C.T.A. se tient au courant de tous les renseignements sur l’organisation ennemie reçus par le 2e bureau de L’E.M.A. et les 2es bureaux des grandes unités subordonnées. Le chef d’état-major donne les ordres nécessaires pour qu’une liaison constante existe à cet effet entre les chefs des bureaux des divers E. M. et le chef du G.C.T.A., et que tous les documents et renseignements nécessaires soient mis à la disposition de ce service.
SERVICE DE L’AÉRONAUTIQUE.
Le Service de l’aéronautique envoie chaque jour au G.C.T.A. le bulletin des reconnaissances aériennes ainsi que deux collections des photographies prises par les Sections photographiques.
Les restitutions définitives de ces photographies portées sur les éditions du plan directeur sont faites au G.C.T.A. par les soins et sous la responsabilité de ce dernier.
Le G.C.T.A. est chargé de l’établissement et de la reproduction des croquis panoramiques qui pourraient être exécutés d’après les photographies panoramiques prises à terre.
Le G.C.T.A. fournit au Service aéronautique toutes les cartes, plans et croquis spéciaux qui lui sont nécessaires.
ARTILLERIE.
Le G.C. T. A. reçoit les fiches de renseignements des S.R.A. de corps d’armée et le bulletin de renseignements journalier du S.R.A. de l’armée.
GÉNIE.
Le commandant du génie de l’armée fait communiquer au G.C.T.A. tous les levés ou croquis exécutés par le Service et les troupes du génie. Le G.C.T.A. prête son concours s’il est nécessaire pour la reproduction de ces documents.
SECTIONS TOPOGRAPHIQUES DE C.A.
Le G.C.T.A. reçoit des E.M. de C.A. communication de tous les travaux exécutés par les soins des Sections topographiques de C.A. Il fait, s’il y a lieu, reproduire ces travaux suivant les demandes du C.A.
Le G.C.T.A. est chargé de l’instruction technique du personnel des Sections topographiques de C.A. Il leur délivre les instruments et fournitures diverses nécessaires à l’exécution de leurs travaux.
La distribution des plans directeurs, cartes et croquis édités par le Service géographique de l’armée est faite suivant les ordres et instructions du commandement qui fixe en temps utile le nombre des exemplaires nécessaires.
Les tirages sont exécutés en conséquence au Service géographique de l’armée d’après les indications du chef du G.C.T.A.
Au Grand Quartier Général, le 23 décembre 1915.
J. JOFFRE.
[1] Le nombre des employés techniques, dessinateurs, calculateurs, photographes et imprimeurs nécessaires pour assurer les travaux du groupe est de vingt au minimum.