Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie du Repérage et de l’Acquisition : renseignement d’artillerie. > Repéreurs célèbres et méritants >
Lieutenant GUYON-GELLIN (1901-1940)
 

Retour

Extrait de l’allocution du Chef d’Escadron Président de l’Association Amicale des Officiers de Réserve du Repérage : Le Repérage et le camp « Lieutenant GUYON-GELLIN » - octobre 1953.

Lieutenant GUYON-GELLIN (1901-1940)

(JPG)

Sorti sous-lieutenant de l’Ecole d’ Artillerie de Poitiers à l’âge de vingt-quatre ans, GUYON-GELLIN arrive en 1925 au Groupe de Repérage à Saint-Cloud, licencié ès sciences et ingénieur breveté de l’Ecole Supérieure des Poids et Mesures.

Ce n’est pas un hasard mais l’expression de son caractère et l’épanouissement de sa vocation qui l’ont conduit à mener de front une carrière courageuse et féconde dans le Repérage et dans le Corps des Poids et Mesures. Les Poids et Mesures, le Repérage : ici comme là, GUYON-GELLIN utilise des appareils de haute précision, il pourchasse une décimale rebelle, il met son esprit d’homme de science et son tempérament d’homme d’action au service d’une noble cause, toute de loyauté, avec fougue et un absolu désintéressement.

Au Repérage, dont il devient rapidement l’un des plus habiles techniciens, GUYON-GELLIN apprécie surtout le contact du chef avec ses hommes, sur lesquels il prend d’emblée un ascendant irrésistible. L’Ecole de Perfectionnement des Sous-Officiers de Réserve trouve en lui un promoteur d’abord, une cheville ouvrière ensuite, jusqu’en 1939 ; à cette Ecole, il voue avec passion tous ses loisirs. Son enseignement simple, direct, concret, toujours attentif à dégager la leçon des faits, a une portée pleine de vigueur et d’efficacité sur ses élèves, auditoire d’élite certes, qu’il s’attache parce qu’il paie toujours le premier de sa personne, avec ses exigences violentes dans le travail, comme avec ses explosions de gaieté dans les détentes légitimes.

C’est au Camp surtout que s’affirment ses qualités de chef, toujours obsédé par la perspective d’une nouvelle guerre, au Camp où il trouve réunies les conditions d’entraînement les plus proches des réalités d’une campagne, au Camp où il soumet son personnel à un rythme accéléré de reconnaissance et de déploiement, ainsi qu’à une discipline stricte des transmissions et du camouflage.

La guerre, que le Lieutenant GUYON-GELLIN a lucidement vue venir, le trouve donc totalement prêt.

Affecté à la 7e Batterie de Repérage, sous les ordres du Capitaine HAEGEL, un chevronné de la guerre de 14, il est d’ores et déjà les plus averti de nos techniciens, le plus ardent de nos conducteurs d’hommes, armé pour toutes les missions, revendiquant toutes les responsabilités, vibrant d’un sens du devoir qu’il va exalter jusqu’au suprême sacrifice.

Le 13 mars 1940, à 07h15, suivant le rapport du Capitaine HAEGEL, une batterie allemande de 105 tire sur les abords du village d’Haspelschiedt. Le poste 5 SROT de la 7e Batterie y a son cantonnement et les projectiles tombent à proximité. Les lignes téléphoniques sont bientôt coupées mais le poste 5 a le temps de prévenir le central SROT. Son chef, le Lieutenant GUYON-GELLIN, part immédiatement pour Haspelschiedt et y trouve les hommes réfugiés dans un abri proche du cantonnement. Pour les rassurer, il reste quelques minutes avec eux puis, la batterie allemande ayant cessé son tir, il veut se renseigner sur le calibre des pièces et il propose d’aller chercher des éclats ou des fusées. Il fait une trentaine de pas dans le pré où sont tombés les projectiles, lorsque deux salves ennemies, en rupture de cadence, s’y abattent encore. Un obus de la première salve blesse le Lieutenant GUYON-GELLIN à la cuisse et lui inflige peut-être d’autres blessures car il tombe assis et reste sans réaction lors de la seconde salve. Un obus percute à un mètre de lui et le crible d’éclats ; sa mort est probablement instantanée.

Par ordre n°108 en date du 26 mars 1940, le Général BOURRET, comandant la 5e Armée, cite à l’ordre de l’Armée le Lieutenant GUYON-GELLIN :

« Officier de grande valeur, remarquable par ses exceptionnelles qualités morales et militaires, a su imprimer son sang-froid et son entrain à son personnel.

A donné le parfait exemple de son courage et de devoir militaire en se portant le 13 mars 1940 à l’un des postes soumis à un bombardement.

A été mortellement blessé en allant maintenir le moral de ses hommes et accomplir sa mission de renseignement. »

Par la suite, a été attribuée au Lieutenant GUYON-GELLIN la Croix de Chevalier de la Légion d ’Honneur.

(JPG)
Promotion Guyon-Gellin
EOR Ecole d’artillerie

____________

Base documentaire des Artilleurs