Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie du Repérage et de l’Acquisition : renseignement d’artillerie. > 0- Historique du Repérage > I- Les origines du Repérage > Organisation et historique des unités > B- Période de l’entre-deux Guerres >
3- Un esprit repéreur
 

La concentration des hommes et des moyens du Repérage en un même lieu, dans l’entre deux-guerres, aboutit à l’émergence d’un esprit « Repérage ». Toutefois, les repéreurs tenaient déjà, depuis 1914-1915, à l’appellation de « Sioux ». Sans s’attarder sur les anecdotes, il faut s’attacher au côté humain qui est un gage supplémentaire de réussite pour la nouvelle arme. La valeur personnelle des repéreurs se manifeste en plusieurs occasions.

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Le chef de corps du 6è GAA
Croquis de Dubout
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L’officier supérieur adjoint du 6è GAA
Par Dubout



Le repérage a toujours bénéficié de compétences extraordinaires et le quartier Sully de Saint-Cloud continue de recevoir des hommes de même valeur. L’encadrement militaire est choisi parmi les anciens de la première guerre ou parmi les spécialistes des services géographiques ou scientifiques qui ne manquent pas dans l’Artillerie.

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Un encadrement civil vient compléter cet enseignement militaire en la personne des réservistes.

Cette association unique dans l’Armée permet à d’anciens repéreurs de dispenser leur savoir-faire et leur expérience à des plus jeunes, tout en se tenant au courant des nouveautés.

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Lieutenants du 6è GAA
Dessins de Dubout, appelé du 6è GAA

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Le recrutement du 6e GAA est également assez atypique. A partir de 1927, il reçoit et forme chaque année une dizaine de jeunes officiers polytechniciens, normaliens ou licenciés ès-sciences. Ces scientifiques de haut niveau assimilent très vite les techniques du Repérage et mettent leurs connaissances à son service. Saint-Cloud acquiert ainsi une réputation de sérieux qui assure le renouvellement de ses effectifs appelés. Cette unité attire les jeunes appelés à formation scientifique qui n’hésitent pas à s’impliquer, avec zèle, dans une armée qui permet d’exprimer leur talent et d’acquérir une formation supplémentaire. Il suffit de feuilleter les annuaires annuels et de porter attention aux professions des officiers, et sous-officiers de réserve, pour connaître leur niveau d’études à leur incorporation : tous deviendront ingénieurs, chefs d’entreprise, professeurs certifiés ou agrégés, chercheurs... Cet état d’esprit prolonge la coopération qui a toujours existé dans le Repérage entre scientifiques et militaires.

Une activité continuelle résulte de cette émulation. Durant cette période, les repéreurs multiplient les manœuvres, toujours à la recherche de la perfection. Cinq ou six fois par an, militaires et réservistes partent ensemble à La Courtine, Bitche, Mailly, Ussel, Coëtquidan, Valdahon, Marly ou Modane. Par ces sorties, ils prouvent aux autres leur efficacité et s’imposent aux yeux de tous.

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La formation continue souligne aussi leur motivation : les réservistes parisiens viennent travailler à Saint-Cloud, une fois par semaine, tandis que des stages de six jours sont organisés aux vacances pour les provinciaux. Ils créent l’Ecole de Perfectionnement des Officiers du Repérage (EPOR), puis une EPSOR pour les sous-officiers en 1933.

La fondation de l’Association Amicale des Officiers de Réserve du Repérage en 1930 resserre encore les liens et achève de forger l’identité du Repérage. Créée en 1947, l’Amicale des Anciens Repéreurs regroupe toutes les Amicales de Batterie. Elle est devenue la Fédération Nationale du Repérage et a poussé récemment à la création de l’Amicale des nouveaux régiments, le 6e et 7e RA, pour assurer la pérennité de l’esprit du Repérage.

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Plus tard, encore, le 61ème RA reprendra le flambeau des traditions des "6 et 7", qu’il partagera avec les batteries spécialisées réparties dans les autres unités d’artillerie :

  • Batteries de renseignement de brigade (BRB), dans les régiments d’artillerie de brigade,
  • Batterie de radars de contre-batterie COBRA, au sein du régiment LRU.

La fonction Renseignement d’artillerie, longtemps ignorée au niveau des grandes unités, perdurera au sein des régiments d’artillerie. Mais à la création de la Brigade de Renseignement, elle retrouve sa place, amplifiée par les régiments interarmes qui y sont intégrés et qui apportent des capteurs complémentaires à ceux traditionnellement apportés par l’artillerie. Donc ce n’est pas une surprise d’y voir ensemble, la composante terrestre de la géographie militaire (28è Groupe Géographique) et de la composante surveillance et acquisition d’objectifs - interprétation d’images (61è Régiment de Surveillance et d’Acquisition).

En accompagnement de ces évolutions, la Fédération Nationale du Repérage se transforme en Fédération Nationale du Repérage et du Renseignement d’Artillerie.

[1] "DUBOUT est sinon le plus grand humoriste de notre époque, du moins celui qui a le plus de personnalité, en ce sens que ce sont ses dessins qui provoquent le rire et non pas la légende, à laquelle tant d’autres humoristes attachent une importance primordiale.

Il rejoint en cela, la tradition des BRUEGEL, les peintres des diableries, et il est certain que les scènes qu’il représente avec autant de minutie que d’ironie, constitueront dans les temps à venir, de précieux documents sur l’esprit de notre époque qui s’exprime à travers une masse souvent compacte d’individus, à chacun desquels on peut assigner un certain rang social, un certain caractère et un certain comportement, tous ces éléments étant scrutés avec une ironie moqueuse.

Dans ces caricatures, il est aisé de reconnaître tel personnage que l’on a pu rencontrer dans un lieu public et qui se prêtait à cette satyre graphique dont, seul DUBOUT à le secret..."

Extrait de la publication "Les Sioux", n°59 (mai 1970)


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