A l’Armistice du 11 novembre 1918, le Repérage paraît donc bien établi. La qualité, l’importance de ses effectifs et sa reconnaissance, en tant que nouvelle unité, en font une véritable subdivision d’arme. Pourtant, cela ne suffit pas pour s’imposer définitivement. Une fois le traité de Versailles ratifié et le processus de démobilisation enclenché, son utilité devient nettement moins évidente. Le Repérage est le fruit d’une guerre impliquant des duels d’artillerie et des besoins en renseignement sur le champ de bataille. Les quelques missions de surveillance des frontières, ou d’occupation de territoires, ne nécessitent plus ses services, d’autant moins qu’un nouveau conflit européen n’est plus envisageable (notion de la « der des der »). De plus, une véritable hémorragie se fait sentir au niveau des repéreurs. La plupart des cadres techniciens sont démobilisés et leurs compétences absorbées par les problèmes immédiats de la reconstruction. La perte de ses forces vives achève de désorganiser le Repérage et le Haut Commandement décide de dissoudre ses unités, le 31 décembre 1918.
Le 05 février 1919, l’Inspection Générale de l’Artillerie ordonne la démobilisation de toutes les sections au Mont-Valérien, sauf quelques rescapées confiées aux Armées qui les employaient :
Ces unités restent aux ordres des états-majors des Armées jusqu’à la fin avril 1919 où leurs traces se perdent.
Il faut attendre le 1er mars 1920 pour que le Repérage renaisse sous l’impulsion du Commandant PEILLON, qui parvient à imposer sa nécessité au commandement. A cette date, se constitue un groupe à deux compagnies de sections de Repérage, sous le nom de IVème Groupe du 82e Régiment d’Artillerie Lourde (RAL). Il comprend les sections non encore démobilisées de l’ancien 163e RAP, qui est dissous définitivement à cette occasion :
Les éléments de ce groupe sont tous basés en région parisienne, dans les forts déjà utilisés par les repéreurs durant la guerre. Les deux compagnies de Repérage s’installent au fort de Montlignon tandis que la 121e Topo se fixe à Montmorency puis Domont. Au total, cent vingt-trois hommes dont trois officiers travaillent aux ordres du Chef d’Escadron PELLION.
C’est à partir de cette base qu’est constitué le premier véritable groupe de Repérage, mis en place, le 1er janvier 1921, sous le nom de 1er GAA (Groupe Autonome d’Artillerie). Cette première unité autonome, unique en son genre, reprend et renforce les anciennes compagnies du IV/82e RAL. Elle se compose de la 1ère compagnie SROT, de la 2ème compagnie SRS et de la 21ème compagnie Topo que servent sept cent dix-sept hommes dont onze officiers. La création d’une 3ème compagnie, par l’Armée du Rhin le 19 avril 1922, complète cette structure. Le 1er GAA prend successivement garnison aux forts de Montmorency, Montlignon puis Domont. La 3ème compagnie, quant à elle, se détache de la portion centrale le 06 juin 1922 pour stationner à Mayence.
Le 1er GAA change d’appellation le 1er janvier 1924 et devient le 6ème GAA. L’attribution de ce numéro 6, qui accompagnera dorénavant toutes les unités de repérage, n’a pas de justification apparente. Aucune unité de tutelle n’a porté ce numéro et l’étude des sections de la guerre n’apporte aucun élément de réponse. Seul le 6ème RAP de Lyon a accueilli la 305ème Batterie de dépôt du 163ème RAP en 1918... Quoiqu’il en soit, le 6ème GAA est la structure la plus aboutie qu’aient connue les repéreurs jusque-là. Il concentre tous les moyens en matériels et en hommes de la nouvelle arme. Sa création fait figure d’acte de reconnaissance par l’Armée qui décide donc d’associer, définitivement, le n° 6 au Repérage. Le 6ème GAA subsiste jusqu’à la seconde guerre mondiale, soit seize ans, durant lesquels il se fixe aussi géographiquement. Son stationnement principal au quartier Sully de Saint-Cloud (nommé aussi « Pavillon Rose ») n’est pas le fruit du hasard ; il succède, dans cette ancienne caserne des « Cents Gardes », au COSR qui fut le centre de formation et le « QG technique » des repéreurs durant la guerre.
La composition du nouveau groupe s’inspire de celle de son aîné :
Cette organisation dispersée convient au temps de paix et répond à des objectifs de formation plutôt que de combat. C’est la fonction principale du 6e GAA qui devient un creuset des techniques de repérage. La coopération entre militaires et scientifiques, ou entre réservistes et actifs, et la multiplication des manœuvres d’entraînement aboutissent aux recherches et adaptations de matériels décrites précédemment. C’est en son sein également que les artilleurs tirent la quintessence des expériences de la guerre pour établir une nouvelle doctrine d’emploi.