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L’équipage - Transports déplacements
 

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Texte extrait de l’Histoire de l’artillerie française écrit sous la direction de Michel de Lombarès.

La notion d’équipage est introduite à l’époque des Grands Maîtres de l’artillerie. On en retrouve la trace au XVIème siècle dans l’évocation de l’organisation de l’artillerie.

L’équipage :

Lorsqu’une campagne est décidée et que le plan en a été arrêté par le roi, la composition de l’armée est fixée, faisant à l’artillerie sa place, qui est grande. Le Grand maître, informé avec soin de la campagne prévue, prépare "l’équipage", c’est-à-dire les moyens en artillerie correspondant aux besoins. Il sera personnellement le chef de cet équipage si le roi doit conduire lui-même l’armée. Dans le cas contraire, il le confiera à l’un de ses lieutenants généraux.

La préparation des équipages est une des responsabilités fondamentales du Grand maître : choix des bouches à feu adaptées à la mission, évaluation des moyens nécessaires, en particulier des approvisionnements, désignation des personnels "ordinaires" et éventuellement appel aux réserves, au personnel "extraordinaire" : officiers, canonniers, maîtres ouvriers et pionniers.

L’expérience donnait des modèles, tel cet équipage proposé, à la fin du règne d’Henri III, pour une armée de 25 000 hommes environ, qu’on peut résumer ainsi :

  • 30 pièces dont 10 "canons", avec 474 chevaux,
  • 5 200 boulets (dont 2 000 pour "canons") en 86 charrettes à 4 chevaux,
  • le maître d’équipage, son lieutenant, le commis du contrôleur général, celui du garde général, etc., 94 canonniers et 1 500 pionniers.

On notera la proportion de une pièce et quart pour 1 000 hommes.

Transports et déplacements :

L’interminable colonne d’affûts, de charrettes, de chariots que constituait l’équipage rassemblé, c’était le "charroi de l’artillerie", auquel venait s’ajouter les bagages du commandement et de l’administration de l’armée, qui étaient loin d’être négligeables surtout lorsque le roi et sa cour allaient en campagne.

Pour rassembler le charroi, le discipliner, choisir les itinéraires et prévoir des solutions au franchissement des coupures, le commandant de l’équipage disposait des "capitaines de charroi". Ces officiers permanents, gagés et privilégiés comme les autres officiers de l’artillerie, étaient généralement deux par province. Ils en connaissaient les ressources en animaux de trait. Le moment venu, avec l’ordre de réquisition ils recevaient les fonds nécessaires pour y procéder. Ils rassemblaient alors les chevaux avec leurs conducteurs, et aussi des véhicules pour compléter ceux des magasins royaux. Chaque capitaine de charroi devait pouvoir fournir 200 chevaux, 50 charretiers et 25 charrettes.

Ce système évitait la charge permanente de l’entretien du harnachement et de l’encadrement un énorme train de l’artillerie ; mais l’agriculture en souffrait, surtout si les animaux n’étaient pas revenus pour les labours d’automne. Ses inconvénients étaient la lenteur de mise sur pied, l’inadaptation de la remonte aux besoins et l’indiscipline des conducteurs.

A la guerre, l’artillerie se déplaçait et combattait sous la protection d’une infanterie spécialement désignée, notamment les Suisses, qui étaient en principe sous ses ordres et qui, à l’occasion, aidaient au service des pièces. C’est pourquoi, dans les camps, l’artillerie était dans le quartier des Suisses.

Le passage de fortune des rivières par l’artillerie exigeait des moyens particuliers. Le maître de l’équipage mettait ces moyens en oeuvre pour son charroi. Les autres formations de l’armée profitaient de l’ouvrage. C’est ainsi que les artilleurs furent, et restèrent pendant des siècles, les "pontonniers" de l’armée française. Dès le XVIème siècle, ils utilisaient pour cela des bateaux transportables sur chariots spéciaux, très allongés, les "haquets", qui, avec un important attirail et accompagnés par des maîtres-charpentiers et charrons de bateaux, venaient grossir le charroi. Ces bateaux étaient en bois (chêne et bois blanc), abondamment ferrés et calfatés, avec des bords droits permettant la pose d’un platelage suffisamment solide pour permettre le passage des plus lourdes voitures, les canons.

Dans le cas d’une coupure trop large pour les moyens disponibles, on utilisait les bateaux sous forme de bacs.


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