Essai de monsieur Laurent, amateur de tout ce qui touche aux fortifications, à l’armée des Alpes et à la "chose" militaire.
Le canon de 75 est une pièce en acier à tir rapide inventée en 1897 par le commandant Deport et le capitaine Etienne Sainte-Claire Deville. Sa cadence de tir va révolutionner l’artillerie car elle est de 11 à 15 coups à la minute, grâce à un frein hydropneumatique qui absorbe l’énergie du tir pour replacer le tube automatiquement à son emplacement d’origine, sans déplacer l’affût. Cela évite de replacer la pièce après chaque coup tiré, car les opérations de pointage prennent du temps pour être précises.
Après cette invention, les freins hydrauliques seront installés sur d’autres modèles de canons.
Le canon de 75 mm modèle 1897 est une pièce d’artillerie de campagne de l’armée française, qui est l’un des canons les plus célèbres de tous les temps.
D’une conception révolutionnaire pour son époque, il regroupe, en effet, tous les derniers perfectionnements intervenus dans l’artillerie à la fin du XIXe siècle, à savoir : l’utilisation de la poudre sans fumée, de la munition encartouchée, de l’obus fusant, d’un chargement par la culasse selon le procédé Nordenfelt, et d’un frein de recul hydropneumatique. Cette synthèse, en éliminant les dépointages lors des tirs, rendait enfin possible un vieux rêve des artilleurs, le tir rapide.
C’est grâce à ses caractéristiques qu’il fut surnommé le « canon roi ».
Devenu un emblème de la puissance militaire française, connu bientôt comme le soixante quinze, voire notre glorieux soixante quinze, il fait l’objet d’un culte de la part des militaires et patriotes français, qui voient en lui une solution miracle à tout problème.
Cet enthousiasme conduira à négliger entre autres la modernisation de l’artillerie lourde, erreur qui sera durement payée lors de la Première Guerre mondiale. En effet si le 75 est le meilleur canon de campagne de l’époque, il est beaucoup moins à l’aise et utile dans une guerre de position, où l’on a besoin d’artillerie lourde, pour atteindre les troupes retranchées.
Il se distinguera néanmoins, en grande partie grâce à ses servants qui paieront un lourd tribut.
Encore en service en grand nombre dans l’armée française de 1940, il se montra cette fois-ci dépassé dans la guerre de mouvement, car on avait tardé à le rendre apte à la traction automobile, désormais nécessaire. Il connaîtra toutefois, une seconde jeunesse comme pièce antichar, lors de la bataille de France et aux mains de la Wehrmacht et des Forces françaises libres.
Un long cylindre de recul à frein hydraulique absorbe l’énergie du recul et ramène le canon en batterie efficacement, sans ébranler sa position, ce qui évitait d’avoir à repointer en direction et en angle. Les études d’un tel frein furent longues et laborieuses, de nombreux problèmes durent être résolus avant d’obtenir un résultat satisfaisant, particulièrement au niveau de l’étanchéité.
L’immobilité totale de l’affut est obtenue par un frein de roues à abatage planté dans le sol sous chaque roue et par une bêche ancrée dans le sol à l’arrière.
Enfin un bloc de culasse à vis excentrée permettait d’ouvrir et de fermer la culasse très rapidement.
Naturellement les éléments du canon furent conçus pour être interchangeables, afin de faciliter la fabrication et la maintenance.