Le système d’arme La Hitte
Le système d’arme La Hitte a été conçu par le général français Ducos de La Hitte. Il consistait à équiper l’armée française des premiers canons rayés à chargement par la gueule. Il fut introduit en mars 1858. Ces canons offraient une amélioration considérable par rapport aux canons traditionnels à âme lisse. Ils avaient à présent une portée de 3 000 m pour les canons de 12, que ce soit pour tirer des obus, des obus à balles ou de la mitraille.
Le chargement se faisait par la gueule et les obus étaient conçus pour exploser à deux gammes de distance. L’obus lui-même, une invention du capitaine François Tamisier (1847) était de forme ovoïde, avec à sa surface des cupules permettant de guider le projectile le long des rayures de l’âme. Les canons de l’époque, comme l’obusier de 12, furent dotés d’un canon rayé pour intégrer cette innovation. Le système d’armes s’appliquait :
Avec l’introduction d’obus fuselés guidés par la rayure de l’âme en remplacement des boulets sphériques traditionnels, les canons pouvaient désormais tirer des projectiles d’un poids à peu près du double pour un calibre donné. Il fallait à peine plus de poudre pour tirer des obus en fait deux fois plus lourds. Si les « canons La Hitte » conservaient l’appellation traditionnelle d’obusier de 4, le chiffre indiquait désormais le poids en kg (plutôt qu’en livres) du projectile. Ainsi le canon de campagne de 4 « La Hitte » tirait des obus d’à-peu-près 4 kg. De même, le canon de 12 « La Hitte », au départ un canon napoléonien de calibre 12 cm, tirait à présent un obus de 11,5 kg , à comparer avec le boulet napoléonien de 4,1 kg.
Le système La Hitte tomba en désuétude dès 1870 avec les travaux de Jean-Baptiste Verchère de Reffye et le développement du chargement des canons par la culasse.
Pour l’artillerie de campagne il y avait donc principalement deux pièces en service : celles de 4 (86,5 mm) et de 12 (121,3 mm) en bronze, à l’âme rayée et se chargeant encore par la bouche. La pièce de 8, initialement désignée pour remplacer celle de 12, ne fut en service que dans les armées républicaines. Le nouveau canon de 4 système « La Hitte » de 1858 fut mis en service durant la campagne d’Italie. Il était léger, très maniable et facilement tiré par quatre chevaux. Celui de 12 était déjà ancien et lourd. Il fallait six chevaux pour le tirer. Il était utilisé par les réserves de corps ou d’armée.
Caractéristiques | Calibre | Longueur en calibre | Poids obus | Vit.init. | Portée maxi | Poids pièce en bat. | Poids voit. pièce | Poids voit. caisson |
Unités | (mm) | (kg) | (m/s) | (m) | (kg) | (kg) | (kg) | |
Canon de 4 rayé de campagne modèle 1858 | 86,5 | 18,4 | 4 | 343 | 1850 | 702 | 1272 | 1310 |
Canon de 12 rayé de campagne modèle 1853-1859 | 121,3 | 17 | 11,5 | 288 | 3000 | 1189 | 1937 | 1844 |
En 1869 était en développement le canon de 8 « La Hitte ». Ce sont d’anciennes pièces de bronze lisse modèle 1827 rayées suivant le système la Hitte. Ce modèle n’a pas équipé l’armée impériale. Les premières pièces ont connu le baptême du feu avec les armées républicaines contre les troupes prussiennes de septembre 1870 à la fin du conflit en date du 26 janvier 1871.
Le canon à balles de Reffye
Enfin, il faut citer les canons à balles de Reffye, qui sont en fait des mitrailleuses qui tiraient environ 75 coups à la minute.
Le canon à balles De Reffye est mis au point à l’Atelier de Meudon à partir de 1865, à l’initiative de Napoléon III. L’arme est une évolution de la mitrailleuse Belge Fafchamps, perfectionnée par Christophe et Montigny, puis modifiée par De Reffye et Pottier pour l’armée française. Il est fabriqué par l’Atelier de Meudon à 190 exemplaires de 1866 à 1868, puis par les Etablissements Schneider au Creusot en 1870-1871 (96 pièces pour armer 16 batteries).
Environ 190 canons à balles étaient disponibles au début de la guerre. Sur ce nombre, 180 ont été livrés aux armées, soit 30 batteries de 6 canons.
En théorie, chaque division d’infanterie était dotée de 3 batteries de 6 pièces dont deux de 4 et une de mitrailleuse ou "canon à balle" Reffye.
Conçue pour prolonger les rafales de l’infanterie aux portées moyennes entre le fusil et le canon, l’efficacité de cette arme quoique indéniable est méconnue. Employée par l’artillerie et non l’infanterie, sans effet contre les batteries adverses, elle démontra son vrai caractère lorsque les commandants de batteries s’affranchirent du règlement et prirent pour cible l’infanterie ennemie.