Extrait d’un article du "Bulletin historique de l’artillerie n°36 - Octobre 2005" diffusé par l’association des Amis du Musée de l’Artillerie à Draguignan (AMAD). Cet article est rédigé par le lieutenant-colonel Gilles Aubagnac, alors conservateur du musée de l’artillerie.
Sorti de l’Ecole Polytechnique en 1789, Louis Bacquet (1858-1923) a œuvré durant toute sa carrière, en alternance, comme officier d’artillerie - en France et dans les colonies - et ingénieur dans les arsenaux d’état.
On lui doit en particulier la création d’un canon de 120mm court, dit 120 Baquet, qui est le premier canon moderne de gros calibre avec un système de frein de l’artillerie française qui annonce le canon de 75mm modèle 1897.
Dès octobre 1914, l’artillerie manque de munitions. Une guerre courte a été envisagée et les stocks de munitions constitués dans cette perspective sont peu importants. Ils sont consommés en quelques semaines de combat.
Le général Baquet , directeur de l’artillerie de novembre 1914 à juin 1915, met alors en place une véritable industrialisation des fabrications de munitions en faisant travailler de nombreuses entreprises qui n’étaient pas spécialisées dans les fournitures de guerre.
C’est la cas des usines Citroën qui, très vite, s’adaptent à la fabrication de munitions d’artillerie et en particulier celles d’obus explosifs pour le canon de 75mm. Elle fournit aussi les armées russes et italiennes.
Pour remercier le général Baquet, la firme Citroën a fait réaliser un coffret souvenir [1] par la maison Cartier, avec à l’intérieur trois obus en réduction d’environ un demi [2] réalisés en acier tourné, avec une ceinture en cuivre et une fusée en laiton (en acier pour le modèle italien). L’intérieur de ces obus est creux et contient de petites balles de plomb, les "shrapnell" [3]de 6mm de diamètre.
Voir les caractéristiques des matériels du système Baquet.
[1] Ce coffret est exposé au Musée de l’artillerie à Draguignan ; il a été acquis par l’AMAD avec la participation de la Direction pour la Mémoire, le Patrimoine et les Archives (Ministère de la Défense) ainsi que du concessionnaire Citroën de Draguignan.
[2] shrapnell russe, schrapnell français ; shrapnell italien.
[3] Schrapnell est le nom d’un officier français qui a développé ce type de munitions. Le qualificatif français de ce type de munitions est "biscaïen" dont l’usage semble avoir été perdu au cours du XIXè siècle.