Après un rappel des origines de l’ALVF, l’auteur nous amène progressivement aux différentes étapes de son évolution, jusqu’en 1939.
L’histoire de l’artillerie sur voie ferrée est liée au développement du chemin de fer et de son utilisation militaire. L’idée est née pendant la guerre de Sécession aux États-Unis. Pendant le siège de Paris en 1870, les marins utilisèrent un train blindé armé de deux pièces de 240 mm. Suite à cette première expérimentation "grandeur nature" le lieutenant-colonel Colonel Peigne va propose un matériel sur rails en 1888 sans parvenir à convaincre l’état-major. Cependant, le concept n’est pas oublié et la firme Schneider présente des canons sur voie ferrée lors de l’exposition universelle de 1900.
L’essor et l’apogée de ce type d’artillerie se sont produits lors de la première guerre mondiale, la fixité des fronts permettant ce développement. Ce conflit se traduit par de nombreux projets devant la nécessité de disposer d’une artillerie puissante, tant en portée qu’en calibre. Partie de néant, l’ALVF française compte en 1918 pas moins de 548 pièces de divers calibres, en partie constituée de pièces de marine montées sur affûts trucks.
Dès l’armistice de 1918, un grand nombre de pièces seront réformées. En 1940, 119 pièces seulement sont mobilisées et incluses dans les plans de feux de l’artillerie des régions fortifiées avec des emplacements préparés à l’avance dits « épis ».
En 1918, il existait 6 régiments d’ALVF : 70°, 74°, 75°, 76°, 77° et 78° RALGP (Régiment d’Artillerie Lourde à Grande Puissance). Les 71° et 73° RALGP n’étaient pas dotés de matériels spécifiques sur voie ferrée.
Néanmoins, le 71° RALGP est équipé de 2 groupes de 240 TR et le 73° RALGP d’un groupe de mortiers de 293. Ces matériels ne sont pas considérés comme de "vrais" matériels d’ALVF pendant la Grande Guerre mais ils peuvent circuler sur voie de 0,60 m ou sur voie normale.
Les mortiers de 293 sont classés "matériels ALVF" en 1940 lors de leur réintroduction en service.
Le 72° devait être créé fin 1918 avec des 220L Schneider modèle 1917.
En 1919, tous les matériels d’ALVF sont regroupés au sein du 152° RAP après la dissolution des 6 régiments formés pendant la guerre. La majorité des pièces de l’ALVF, utilisées par la France en 1940, datent donc du premier conflit mondial. Néanmoins, des réalisations en sont postérieures.
En 1923, le 152° RAP donne naissance à 2 régiments actifs d’ALVF : les 371° et le 372° RALVF. De 1929 et jusqu’en 1938, il ne subsiste que le 372° RALVF. En temps de guerre, il est prévu de créer 5 régiments, numérotés de 370 à 374 inclus.
A l’automne 1938, la mobilisation partielle suite à la crise des Sudètes amène l’activation du 1° groupe du 373° RALVF, du noyau actif du 370° RALVF et du 1° groupe du 372° RALVF (2° groupe du temps de Paix) et de 6 batteries de 340 et de 400 du même régiment. Ces unités sont démobilisées après les accords de Munich.
En mars 1939, suite à l’occupation de la Tchécoslovaquie, le retour à la mobilisation partielle des unités de couverture entraîne la réactivation des I/372° et I/373° RALVF.