Article du général (2s) Jean-Pierre Bariller, président du comité de pilotage du musée de l’artillerie, dans sa quête de fil conducteur pour comprendre l’artillerie dans son évolution au travers des siècles.
Un système d’arme moderne dispose de tous les éléments qui lui donnent la capacité à réagir vite et efficacement. [1].
Pour donner une approche globale de la notion de systèmes, nous allons prendre une démarche vectorielle.
Les types de lanceurs constituent le premier espace vectoriel : on y trouve des canons, des rampes, des affûts. -*Les canons se distinguent en sous-familles, comme le calibre, le domaine d’emploi (sol-sol, sol-air, antichar).
Les lanceurs utilisent des supports différents pour leur mobilité. Ils peuvent être autonomes s’ils sont motorisés (terrestre ou aérien), ils peuvent aussi être tractés sur des remorques tirés par la force animale ou mécanique, ou tout simplement portés, voire héliportés ou aérotransportés).
Les munitions ou projectiles sont le deuxième espace vectoriel.
Les senseurs chargés de détecter les objectifs sont aussi de natures variées, ils constituent par conséquent un autre espace vectoriel. Ils utilisent un ou plusieurs modes de détection (visuel, optique, électromagnétique, infra rouge, acoustique, sismique) qui vont bien au-delà des possibilités des sens humains (ouïe, écoute, odorat, toucher), qui gardent quand même leur utilité. Ces senseurs peuvent être fixes ou mobiles, terrestres ou aéroportés.
Puis autour des lanceurs et des senseurs, il faut réaliser tout un environnement de moyens techniques pour en optimiser la mise en œuvre.
Enfin les effets produits sur l’objectif (observation, brouillage, destruction, neutralisation, harcèlement etc.), constituent encore un espace vectoriel. Ils sont l’aboutissement d’une combinaison adaptée de tous les espaces vectoriels précédents.
En conclusion, la complexité croissante du métier d’artilleur est simplifiée par cette démarche vectorielle qui consiste à étudier et à mettre en œuvre les nouveaux matériels dans une démarche globale et complète. Pour aussi ardue qu’elle paraît, elle se concrétise par une chaîne de compétence et de cohérence qui implique tous les acteurs. C’est peut-être cela le côté sérieux de l’artilleur.
[1] Seule la durée de trajet est incompressible, mais est différente selon que l’on utilise des obus, des roquettes, des missiles, dont les trajectoires différent. L’obus suit une trajectoire balistique, la roquette à une phase de propulsion qui se prolonge au delà de la sortie du lanceur, et se termine par une phases balistique. Le missile à une propulsion, puis une phase de navigation plus ou moins longue, pour (éventuellement) se terminer par une phase balistique. Les missiles antiaériens, par exemple, peuvent atteindre leurs objectifs au cours des deux premières phases.