Extraits de l’Histoire de l’artillerie française, et documents réunis ou réalisés par le spécialiste du musée de l’artillerie sur les fortifications, l’Adjudant-chef Thierry SIMON.
Une commission présidée par le général Guillaumat, assisté du colonel d’artillerie Culmann, propose la création à la frontière franco-allemande de trois "régions fortifiées" (RF) : la RFM de Metz, la RFL de la Lauter, la RFB de Belfort.
Pour la RFB on se contenterait de moderniser les ouvrages existants.
Pour les deux autres, on les doterait d’ouvrages "palmés" dont seuls les organes d’observation, de tir et d’entrée émergeraient du sol. Les autres installations (postes de commandement, casernements, dépôts de munitions, usines, galeries, transmissions) seraient profondément enfouies dans le sol.
On y appliquerait des tirs de flanquement sur la ligne principale de défense, des tirs frontaux et en écharpe (à partir d’armes sous tourelles cuirassées).
En 1927, la commission d’organisation des régions fortifiées (C.O.R.F.) est chargée de la réalisation. Elle est présidée par le général Belhague (génie), assisté du général Culmann (artilleur).
Les chantiers sont ouverts en 1929. L’effort est porté sur les régions de Metz et de la Lauter, où sont construits le plus grand nombre des gros ouvrages comme par exemple :
Sur le Rhin [1] et dans les Alpes [2] les travaux commencent en 1931.
Pour faire face à l’augmentation du coût des travaux, les réductions portent surtout sur l’artillerie. Dans certains ouvrages on se contente de 81mm, dans d’autres de rien.
En 1934 une extension est décidée vers le nord et dans les trouées entre les secteurs fortifiés du plan initial., à base de casemates et de blocs bétonnés ; quelques ouvrages recevront du mortier de 81mm (exception à Montmédy où deux ouvrages seront dotés d’artillerie)...
La commission est dissoute en 1935. En 1936, l’Allemagne réoccupe la Rhénanie , et occupe la Belgique (qui choisit la neutralité)... Les travaux de complément sont confiés aux commandants des régions et à la main d’œuvre militaire ; on ajoute des blocs variés sans artillerie.
La ligne Maginot, découpée en secteurs fortifiés, se présente ainsi [3] :
1) | Secteur fortifié de l’Escaut | 11) | Secteur fortifié de Haguenau |
2) | Secteur fortifié de Maubeuge | 12) | Secteur fortifié du Bas-Rhin |
3) | Secteur fortifié de Montmédy | 13) | Secteur fortifié de Colmar |
4) | Secteur fortifié de La Crusnes | 14) | Secteur fortifié de Mulhouse |
5) | Secteur fortifié de Thionville | 15) | Secteur fortifié de Haute Alsace |
6) | Secteur fortifié de Boulay | 16) | Secteur fortifié de Savoie |
7) | Secteur fortifié de Faulquemont | 17) | Secteur fortifié du Dauphiné |
8) | Secteur fortifié de la Sarre | 18) | Secteur fortifié des Alpes Maritimes |
9) | Secteur fortifié de Rochbach | * les 16 casemates de la Corse | |
10) | Secteur fortifié des Vosges |
On se trouve alors bien loin du projet imaginé par la C.O.R.F. [4].
[1] aucun bloc d’artillerie
[2] quelques blocs d’artillerie
[3] Informations recueillies par l’adjudant-chef SIMON - Adjoint au conservateur du musée de l’artillerie
[4] Commission d’organisation des régions fortifiées créée en 1927