Constat à la fin de la Campagne de France,
Sursaut avec les équipements américains.
L’artillerie n’a pas à rougir de son comportement pendant la Campagne de France et souvent elle a eu des comportements aussi courageux que pendant la Première Guerre mondiale. Les allemands eux-mêmes la considérent comme supérieure à la leur (sauf en antichars et contre-avions). Non seulement elle a bien tenu dans les Alpes (Chaberton, Voreppe, dans les ouvrages de la ligne Maginot (Ouvrages de Fermont, de Michelsberg, du Mont des Welches, de la Lauter) mais elle a su aussi résister à l’avance ennemie dans son opération de débordement par le Nord, comme cela a été souligné dans la zone entre Moselle et Rhin où l’ennemi a subi de fortes pertes par l’artillerie (Gembloux, Stonne, Lille, Amiens).
Néanmoins le bilan est établi et voici quelques extraits de l’histoire de l’artillerie d’où il apparaît l’insuffisance des moyens d’observations aériens.
L’efficacité encore reconnue des sections de repérage est entachée de l’insuffisance des moyens aériens : " les déficiences de l’observation aérienne causaient bien des difficultés dans l’emploi de l’artillerie longue. Malgré le courage obstiné des pilotes et des observateurs, le matériel ancien (avions Mureaux), avec lequel les groupes aériens d’observation avaient commencé les opérations, les exposait aux attaques d’une D.C.A allemande nombreuse et efficace et des chasseurs allemands, qui avaient une nette supériorité sur les avions de chasse français". Le général Condé, qui avait pourtant sonné l’alarme alors qu’il était inspecteur de l’artillerie, fait le constat suivant alors qu’il commande la IIIè Armée (Metz) : "l’infériorité technique des avions d’observation dont il dispose et la grave insuffisance de son armée en canons de 25mm antiaériens et antichars". Il précise "tout est à l’avenant après quatre ans de tension et six mois de guerre".
En revanche, dans la guerre "éclair" qui suit, les avions d’observation allemands sont efficaces : "Pour réduite les brèches profondes réalisées par l’ennemi, il faut manœuvrer. Or, les divisions motorisées sont engagées dans le nord. Il reste des divisions hippomobiles qu’il faut transporter par voie ferrée, alors que, par ses bombardements, l’aviation ennemie désorganise les transports. Lorsque ces divisions parviennent (tardivement) dans leur zone de déploiement, la situation a évolué, les ordres sont périmés. Les avions d’observation allemands signalent à leur artillerie et à leurs avions en piqué, les convois hippomobiles rivés aux routes et les batteries qui s’installent".
L’artillerie française, pour la reconquête, retrouvera, après avoir bataillé courageusement en Afrique du Nord avec des matériels dépassés, toute son efficacité avec son rééquipement en matériels américains. La transition n’est pas difficile puisque ces équipements sont des canons de 155 court du type Schneider (export) modifiés ou adaptés de la 1ère GM, où de nouveaux ont tiré les enseignements français de la Grande Guerre. L’adaptation est donc rapide.
Et puis le "vieux rêve du général Estienne se réalise, avec une aviation d’observation de l’artillerie. A chaque artillerie divisionnaire, à chaque groupe, est affecté une section de deux "piper-cubs", petits avions de deux heures d’autonomie pouvant atterrir sur des terrains de fortune. Le pilote est aviateur, l’observateur est un officier d’artillerie. Conçus comme observatoires surélevés restant à basse altitude, ils pourront, grâce à la maîtrise aérienne des Alliés, voler plus haut, notamment pour avoir des vues en terrain montagneux. Bien des fois ils franchiront les lignes ennemies pour mieux voir".
Pour la division Leclerc après son débarquement en Normandie ce constat est établi : "En complément des équipes de liaisons et d’observation avancée, l’efficacité de l’artillerie est obtenue par "les avions d’observation de l’artillerie blindée qui assurent la permanence de l’observation en situation mouvante et cherchent à déceler sur les itinéraires, les obstacles et les mouvements des véhicules adverses".
Que ce soit pour cette division ou pour celles de la 1ère Armée, "faute d’une aviation d’assaut souvent difficile à obtenir, les divisions blindées recevront parfois des unités d’artillerie lourde pour assurer devant elles les missions d’actions lointaine et de contrebatterie, déclenchées et contrôlées, la plupart du temps, par des observateurs en avions légers".
Lorsque la 1ère Armée "monte la garde au Rhin", "son artillerie vise à empêcher les canons allemands de tirer sur Strasbourg. En raison des difficultés d’observation terrestre sur l’épaisse forêt du Rhin, les "piper-cubs", malgré leur manque de vitesse et leur faible rayon d’action, contrairement aux règles normales de leur emploi, exécutent des missions profondes, au risque de rencontrer un avion de chasse ou de ne pas pouvoir rentrer en raison d’un fort vent d’ouest".
Une fois le Rhin franchit, ce fut une poursuite "où, dans une artillerie complètement décentralisée, les détachements avancés et les avions légers retrouvèrent tout leur rôle".