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Expérimentation du canon de 75 modèle 1897 en Chine (1900)
 

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Texte extrait de Au son du canon, vingt batailles de l’artillerie, ouvrage collectif sous la direction de Gilles AUBAGNAC, EMCC Lyon 2010, 144 p.(Disponible à la boutique du Musée de l’artillerie)

L’expérimentation du canon français de 75mm, modèle 1897.

Le canon de 75 mm, conçu en 1897, est considéré comme le meilleur canon de campagne de son époque grâce à sa possibilité de tir rapide.

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Théoriquement, il peut tirer vingt coups par minute. Dans les faits, les cadences sont nettement moins élevées pour éviter l’échauffement du canon.

Ces performances sont possibles grâce au frein hydraulique dont il est doté. Le lieutenant-colonel Deport, directeur de l’atelier de Puteaux, s’inspire des brevets de l’ingénieur autrichien Haussner pour la mise au point de ce frein.

L’action de ce frein hydraulique absorbe le recul du canon au moment du tir ; le tube coulisse d’un mètre vingt vers l’arrière, le long d’une glissière, puis revient exactement à sa position initiale. D’un poids de seulement un peu plus d’une tonne, le 75 est un canon de campagne qui tire à une portée pratique de 6 km. Il s’agit d’un véritable système qui réunit deux ensembles : le canon et son avant-train et le caisson, lui aussi attelé à un avant-train, tirés chacun par deux attelages à six chevaux. Le chef de pièce commande le tir, et dirige une équipe de six servants, le pointeur assis à gauche du tube vise grâce au collimateur, le tireur assis à sa droite actionne la culasse et déclenche le tir, le chargeur, debout et à gauche du canon, introduit l’obus. Devant la voiture-caisson [1], deux pourvoyeurs assurent la manutention et entourent le déboucheur qui prépare l’obus. La munition encartouchée de 75 et un nouvel ensemble de pointage qui ne demande pas au pointeur de voir la cible sont aussi mis au point. Le tir masqué à grande cadence est alors possible. Approuvé en 1898, présenté au public lors de la revue du 14 juillet 1899 à Longchamp, il est utilisé pour la première fois en Chine en 1900.

Du point de vue tactique, la mobilité du canon en fait une arme parfaite pour accompagner l’infanterie. Au cours des opérations en Chine, le canon de 75 s’est avéré compatible avec un emploi en région difficile d’accès, quitte à démonter certaines parties pour les faire porter par des mulets ou à monter des pièces sur des embarcations.

Dès lors qu’ils sont utilisés, les canons de 75 font basculer le rapport de forces de manière favorable pour les Occidentaux. De plus, les artilleurs n’hésitent pas à faire des expérimentations au cours des opérations : emploi du canon, écoles à feu pour l’expérimentation des différentes munitions, emploi en régions montagneuses, tirs à partir de jonques etc. Ils ont ainsi su optimiser au mieux l’emploi de leurs canons.

Le lieutenant-colonel Tariel, alors chef d’escadron commandant le groupe de 75 du corps expéditionnaire, publie en 1902 un témoignage concernant la campagne de Chine. Il expose les résultats des évaluations menées, tant en termes techniques que tactiques, et présente la description chronologique des combats. Tariel conclut que le canon de 75 est : "susceptible de résister à toutes les fatigues d’une très longue guerre en Europe et que son effet foudroyant est supérieur à celui de toutes les artilleries du monde ". La guerre contre l’Allemagne sera-t-elle comparable à une expédition contre une armée sous-équipée ?

[1] Selon le colonel Bonijoly : "Lorsque la pièce est en batterie, il n’y a plus de voitures. Les avant-trains sont séparés et emmenés par leurs attelages vers la zone des avant-trains. seuls restent sur la position les arrière-trains, canons et caissons." Donc il faut comprendre ici qu’ en lieu et place de l’expression "voiture-caisson" il faut mettre le mot "caisson" tout seul.


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