Histoire de l’Artillerie, subdivisions et composantes. > 2- Histoire des composantes de l’artillerie > L’artillerie du Repérage et de l’Acquisition : renseignement d’artillerie. > 0- Historique du Repérage > I- Les origines du Repérage > 1918-1939 - Perfectionnement du Repérage > 1 . Les résultats obtenus au cours de la première guerre mondiale >
b. Autre objet de satisfaction : l’avance technique par rapport aux autres nations
 

A partir de 1916, la France s’impose comme chef de file du repérage. Toutefois, il ne faut pas négliger les apports bien antérieurs des Russes dans ce domaine. Les autres nations alliées ont aussi travaillé dès le début de la guerre, la Belgique notamment dont les sections s’allièrent aux nôtres dans de nombreuses opérations d’éclat au front. Mais c’est en France qu’aboutissent les principales recherches théoriques grâce à la motivation des scientifiques. C’est aussi en France que sont élaborés le plus vite les matériels définitifs, grâce à la symbiose entre les combattants du front et les techniciens de l’arrière. Les recherches du Colonel Monnet sur le repérage au son à l’étranger rendent compte de la primauté des alliés et, en particulier des Français dans ce domaine :

  • Les Belges entretiennent une coopération étroite avec les Français qui leur fournissent le matériel Nordmann en 1915 puis le matériel TM à partir de 1916.
  • Les Anglais étudient le principe d’organisation, mais aussi les solutions techniques : on leur doit l’invention du microphone manométrique (Lieutenant Tucher en 1916). Ils adoptent le matériel Bull mis au point par le physicien anglais sur le sol français.
  • Les Américains arrivent bien après les périodes de recherches et utilisent le matériel français TM 18.
  • Le repérage allemand, quant à lui, n’a jamais pu suivre le rythme imposé. Devant le succès de la contrebatterie alliée, les autorités adverses comprennent vite l’utilité de se camoufler et surtout de développer leur propre repérage pour infliger à leur tour des pertes à leurs adversaires. Toutefois, ils ne réussiront jamais à rattraper leur retard pour plusieurs raisons-
    • D’abord, ils ne savent pas résoudre à temps les problèmes méthodologiques. Ils perdent beaucoup d’énergie à mettre au point un repérage par sismographes qui exploitent les ondes de surface émises par le recul des pièces : ce système ne donnera jamais satisfaction.
      En matière de repérage par le son « traditionnel », les Allemands se bornent à utiliser l’onde balistique durant toute la guerre, s’interdisant ainsi tout résultat pour les canons à grande vitesse initiale. .Pourtant, la capture d’un poste SRS français sur l’Yser, 1e24/04/1916, aurait pu aiguiller leurs recherches sur la bonne voie.
      Leur matériel est également dépassé et les guetteurs ne connaissent que le topage manuel alors que les alliés adoptent l’enregistrement automatique dès 1915.
      Ces faiblesses du repérage au son ne sont pas compensées par les SROT ou les ballons, ce qui explique des résultats très décevants ; en juillet 1918, plus de 40% des déterminations allemandes s’avèrent « imaginaires ».
    • Toujours, selon le Colonel Monnet, le deuxième facteur d’échec est interne à l’état-major. Celui-ci s’intéresse assez peu à ces questions et cherche apparemment à déléguer, sans cesse au niveau inférieur la responsabilité de la contrebatterie. Nombre de propositions individuelles se heurtent à l’immobilisme des autorités militaires, ce qui n’encourage pas les recherches théoriques à l’arrière. Ce n’est qu’en décembre 1917, après trois ans d’efforts, que le premier règlement est édité. Enfin, à ces faiblesses intrinsèques s’ajoute l’infériorité des Allemands vis à vis des alliés chez qui la coopération est la règle aussi bien entre les chercheurs qu’entre les utilisateurs sur le terrain.

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