(Sources : Cours élémentaire d’Artillerie Anti-Aérienne de 75 automobile » des capitaines Pêtre et Plantier tirage de 1931 et « La D.C.A. de ses origines au 11 novembre 1918 » par le chef d’escadron Jean Lucas 1934)
L’auto-canon de 75 mm modèle 1913
Auto-canon de 75mm de la 8ème section à Wargemoulin en 1915
Le 1/5/1908, le Comité de l’Artillerie examine avec intérêt une proposition d’autocanon antiaérien, présentée par Charles Sainte-Claire-Deville, directeur de l’Arsenal de Lyon. Le 6 juin 1908, l’Inspection permanente des fabrications d’artillerie prescrit aux Ateliers de Puteaux l’étude d’un matériel automobile contre ballons.
Les expérimentations de l’auto-canon de 75 mm et de son auto-caisson commence en octobre 1910 au camp de Chalons. A la suite de ces expérimentations faites devant la Commission d’études de tir contre aéronefs, 20 autos-canons sont commandées aux Ateliers de Puteaux en 1913. Ce nombre est porté à 30 en juillet 1914.
En août 1914, seulement un prototype est terminé et 8 sont en construction. Ce retard est du au fait que l’état-major hésite sur le type de châssis automobile à employer : véhicule à roues ou tracteur à adhérence totale (véhicule chenillé). Ce dernier n’est pas au point, et pendant un an les Ateliers de Puteaux sont dans l’expectative.
Début juillet 1914, un chassis automobile De Dion Bouton est choisi. Il est équipé d’un moteur V8 à essence d’une puissance de 35 HP (horse power ou cheval vapeur). Ce moteur est protégé durant le tir par un capot blindé composé de volets métalliques mobiles.
le poids étant à l’arrière, les roues arrières sont plus larges que celles de l’avant ( 0,23 m au lieu de 0,14 m) ;
rayon de braquage : 13 m ;
vitesse 30 km/h ;
la présence du moteur limite le champ de tir horizontal à 240° ;
la bouche à feu est identique à celle du canon de 75 Modèle 1897 ;
portée max : 5 500m
le frein réglé automatiquement en fonction de l’inclinaison du tube permet le tir sous de grands angles [1] ;
l’ élévation du tube varier de 0° à 70° ;
tir tendu, vitesse initiale : 550 m/s,
cadence de tir : 1 coup toutes les 4 secondes,
le volant se rabat afin de ne pas gêner le tir ;
le châssis est mis de niveau grâce à 4 vérins, et il dispose de deux flèches de tir latérales, déployées de part et d’autre et perpendiculairement à l’axe de la voiture afin d’assurer sa stabilité ;
mise en batterie en 2 minutes.
Une voiture caisson plus longue et plus large que l’auto-canon permet le transport des munitions, de deux débouchoirs pour régler les fusées, d’une partie des servants et des sacs du personnel de la pièce.
4 coffres à munitions disposés deux par deux de chaque côté du véhicules permettent le transport de 180 munitions. Un coffre arrière qui sert aussi de marchepied renferment 180 fusées.
Pour les déplacements, l’auto-canon transporte 4 hommes, l’auto-caisson 6 hommes et 2 hommes prennent place dans la voiture légère de l’officier commandant.
La pièce dispose d’un télémètre à coïncidence de 1 m.
En mars 1916, la note aux Armées n° 19.097 attribue à chaque pièce un projecteur de 90 cm minimum pour le tir de nuit.
Les munitions utilisées sont :
l’obus explosif à fusée de 24/31 qui monte à5400 m ;
l’obus à balle à fusée 22/31 qui atteint 6000 m ;
l’obus à balle à fusée 30/55 montant à 6200 m ;
l’obus traceur ou fumigène utilisé pour le tir de nuit ;
en 1918 est mis en place l’obus explosif 1917 dont la portée théorique est de 6800m.
Le personnel suit une formation de 15 jours au centre d’instruction de tir contre Aéronefs, nouvellement créé, d’Arnouville lès Gonesse.
En mai 1915 : 56 autos-canons.
En avril 1915, il y a 11 sections auto-canons constituées.
Début 1918, 199 auto-canons sont sortis des Ateliers de Puteaux.
Il y a en service au moment de l’armistice 160 auto-canons.
Voir cette séquence de tir où l’on voit la rapidité d’action [2].
Le 1 août 1916, toutes les unités auto-canons (comme les postes demi-fixes) sont rattachées au 62ème RA. Plus tard, dans le cadre de la réorganisation des unités de DCA des Armées : les unités mobiles, dont celles d’auto-canons passent sous le commandement du 66 RA.
Les sections sont à 2 pièces et il y aura des batteries à 3 pièces rapidement abandonnées et qui se transformeront en 1918 en groupements de 3 sections à deux pièces.
En principe les sections d’autos-canons sont employées en première ligne, du fait leur mobilité qui leur permet de se déplacer si elles sont repérées.
Chaque section possède deux ou trois positions occupées de jour alternativement. La nuit la section revient au niveau de l’échelon. La distance parcourue chaque jours ne doit pas excéder quelques kilomètres sous peine d’usure prématurée du matériel.
Les pièces sont espacées d’environ 4 km
Tous types d’obus confondus, l’auto-canon a tiré, durant la 1ère guerre mondiale, 5 965 obus pour abattre un avion, alors que les plates-formes de 75 mm ont tirées 10 730 coups.
Le modèle 1913/1934 est le résultat d’une modernisation apportée en 1930, qui lui permet d’être raccordé au poste central de tir modèle 1934 pour déterminer la vitesse et l’altitude de la cible.
Pour de plus amples informations voir ce document.
[1] Selon G. Dessornes, on peut remarquer "l’extraordinaire stabilité de la pièce qui absorbe les reculs du canon. Ce recul était de plus limité quand la pièce tirait à la verticale pour ne pas défoncer son plancher. On peut imaginer que le parage a dû être particulièrement peaufiné...". Puis plus loin, il ajoute que ce matériel était doté de "certaines pièces « hydrauliques confidentielles", que nos alliés devaient se procurer à Paris pour copier ce matériel".
[2] Gaston Dessornes, à ce sujet, dit que "Les rapides manoeuvres en gisement/site qu’on voit sont là pour bien faire voir combien la pièce est facilement manœuvrée (comparée aux pièces anglaises et allemandes). Évidement, dans la pratique, tirant sur un aéronef, les mouvements gisement et élévation peuvent être imperceptibles."