Le repérage est né en même temps que l’artillerie, il a été créé pour donner des objectifs à cette dernière. Ainsi, il a utilisé tous les moyens disponibles pour voir le plus loin possible à l’intérieur des lignes ennemies, pour détecter, reconnaître et localiser les futures cibles. Ceci fait, l’observateur envoyait les coordonnées des cibles aux batteries de tir dont il observait et réglait les coups ou, au mieux, dont il observait l’efficacité du tir.
Au début de l’artillerie, les moyens de repérage étaient assez sommaires, il s’agissait surtout de jumelles ou de longue-vue avec lesquelles le lieutenant de tir de l’époque observait en vue direct les objectifs et commandait et réglait directement l’efficacité de ses tirs. Au fur et à mesure que les portées augmentaient, il devait parfois s’élever pour voir les coups et montait alors sur une échelle pour voir plus loin.
Puis, les portées augmentant, le tir est devenu indirect et l’observateur ne pouvait plus être auprès des pièces. Alors, utilisant les mêmes moyens que précédemment, il montait sur un point haut d’où il pouvait voir au-delà du masque. L’observateur montait en haut du clocher, sur la colline, sur tout ce qui lui permettait de voir plus loin, ainsi furent employés les premiers ballons captifs qui donnaient une altitude dominante à l’observateur.
Mais, l’imagination et les progrès techniques aidant, les ingénieurs se mirent au travail et les premières batteries de repérage ont été créées. Il s’agissait alors de repérer (détecter, reconnaître et localiser) les batteries ennemies qui constituent, comme chacun sait, les cibles prioritaires de l’artillerie sol-sol.
La détection et la reconnaissance nécessitaient, au début, des moyens optiques comme ceux des observateurs classiques, mais la localisation demandait une précision qui n’était obtenue que grâce à des moyens de triangulation très précis en direction. On pouvait, naturellement, utiliser la vue directe, mais la plupart du temps le repérage des tirs se faisait "aux lueurs", de nuit, ou "aux fumées", de jour car des masques plus ou moins importants gênaient souvent la vue directe des pièces.
Puis, la technique évoluant, le repérage à utilisé le son, il s’agissait alors de capter et de reconnaître la signature sonore d’un tir d’artillerie puis de localiser l’origine du son par calcul (intersection hyperbolique [1]). On a vu ainsi de grands écouteurs (dont le diamètre était supérieur à la taille d’un homme) s’installer en arrière des lignes pour mener cette tâche à bien, il fallait au moins trois observations (écoutes) simultanées (dont on mesurait l’instant précis) d’un tir, à partir de postes suffisamment espacés sur le terrain pour pouvoir trianguler la position adverse.
On a utilisé ensuite le repérage sismique. Cette technique, voisine de la précédente, utilisait la mesure des vibrations du sol causées par les départs de coups.
On a également utilisé, en plus des ballons captifs, des ensembles de cerfs-volants qui emmenaient une nacelle permettant à un observateur d’atteindre une altitude suffisante pour démasquer les batteries adverses.
Enfin, dès que l’homme a su voler, l’artillerie a employé des observateurs aériens pour le repérage des batteries adverses. Ainsi est née l’A.L.A.T. (Aviation Légère de l’Armée de Terre), en provenance de l’aviation d’observation de l’artillerie.
[1] Voir les travaux de Ernest Esclangon en cliquant ici.