Extrait du livre "7ème Régiment d’Artillerie" sous la direction du lieutenant-colonel FAURE.
En cette fin de XIXè siècle, l’aéronautique militaire française naissante va bénéficier d’une émulation entre l’artillerie et le génie, qui favorise l’émergence de deux concepts différents avant d’accéder, au début du XXè siècle, à son indépendance. On sait que les ballons sphériques ont été utilisés durant les campagnes de la Révolution et en particulier à Fleurus, en 1794, pour repérer les déplacements ennemis. De même, dans Maubeuge assiégée par les Autrichiens la même année, ces derniers tirent en vain des boulets contre le ballon sphérique de la place et réalisent ainsi le premier tir contre un aéronef.
On sait également que les aérostiers civils ont évacué les membres du gouvernement et transporté le courrier hors de Paris assiégée en 1870-1871. De là découle l’idée que la création et le développement de notre aviation sont dus en grande partie au besoin de l’Artillerie au combat.
En 1877,le Capitaine du Génie RENARD organise à Chalais-Meudon un établissement central d’aérostation militaire qui s’intéresse tout d’abord aux ballons sphériques puis, par la suite, aux dirigeables. En 1909, la direction de l’Artillerie crée à Vincennes un « Établissement d’Aviation Militaire » dont elle confie la gestion au Lieutenant-Colonel ESTIENNE, qui s’est distingué par ses études techniques et qui sera, à la fin de la première guerre mondiale, le père de l’artillerie d’assaut. Parmi ses officiers, le Capitaine BELLANGER, le Capitaine CHARET et le Lieutenant LUCAS-GIRARVILLE seront les pionniers de l’aviation d’artillerie. Toutefois, une polémique se développe entre Vincennes et Meudon qui ne sont pas d’accord sur la voie à suivre. En effet, les artilleurs veulent employer le plut tôt possible l’avion pour le repérage des batteries ennemies, pour le réglage des tirs, pour la photographie aérienne et pour le lancement des bombes et fléchettes, alors que Chalais-Meudon s’intéresse essentiellement à faire progresser l’aviation, améliorer ses performances et l’utiliser à la grande reconnaissance souhaitée par les états-majors. En 1912, une loi organise l’aéronautique avec du personnel issu de toutes les armes et en août 1913, le Général BERNARD, issu de l’artillerie, est désigné par le Ministère de la Guerre pour commander les services aéronautiques. De ce fait, l’aviation s’engage dans la première guerre mondiale au service de l’artillerie et ne s’émancipe qu’après, lorsque celle-ci lui aura permis de faire un bond en avant considérable.