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XX- Annexe
 

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Rapport du S.R.A. de la VIème Armée, sur les positions des batteries ennemies au sud du canal de l’Oise (Décembre 1917).

REPÉRAGES - INSTRUCTIONS.

Il a été possible d’examiner sur place, peu à peu, la plus grande partie des positions de batteries conquises sur l’ennemi, au Sud du Canal de l’Oise, entre PINON et CHAVIGNON. Cet examen a pu être fait d’une façon assez précise, grâce à des reconnaissances faites par le Lieutenant-Colonel de GIGORD et ses adjoints, des groupes d’A.L.G.P., l’aviation du 14e C.A. (qui en a rapporté les photographies très intéressantes jointes au présent rapport) et le S.R.A. d’Armée.

De cet examen résulte un certain nombre de constatations très utiles et qui comportent des conclusions intéressantes en ce qui concerne la valeur des renseignements donnés par les différentes sortes de repérage utilisées (S.R.O.T. et S.R.S., l’Aéronautique et le Canevas de tir).

On a pu constater sur place les destructions effectuées par l’artillerie, ce qui permet de se faire une idée générale de l’efficacité des tirs systématiques effectués pendant la préparation.

L’ensemble des constatations faites est reporté sur le tableau annexé au présent rapport ainsi que sur un P.D. au 10.000è.

Repérages.

L’examen a porté sur 90 positions de batteries. Sauf 7 positions, toutes les autres ont été repérées et étaient connues de notre artillerie. Les 7 positions inconnues étaient des positions de circonstance, ou de fortune, ou établies dans le talus de routes fréquentées, sans pistes par conséquent, et occupées pendant la préparation. D’autres positions connues étaient également des positions très légères, avec abris sommaires et ont dû être occupées après nos tirs sur la position principale.

Calibres.

Du fait que l’artillerie s’est déplacée entre certaines positions pendant le cours de la préparation, il résulte que les calibres repérés ne correspondant pas toujours aux calibres constatés.

Si on considère l’ensemble des 90 positions examinées, on arrive au tableau suivant :

Position de RepéréesConstatées
21044
150 L63
150 Ob1814
Gros calibre indéterminé1>
120>1
105 L14
105 Ob616
881>
772130
77 K.I.H.>3
Calibre indéterminé ou inconnu3113
Auto-canons12

Ce tableau montre en effet des différences sensibles entre les calibres constatés et repérés. On peut toutefois faire les observations suivantes :

  • 1) Il y a peu d’erreur entre les gros calibres et les petits, c’est-à-dire entre l’A.L. et l’A.C. En effet, ce tableau donne (si on retire les positions pour lesquelles aucun matériel n’a été retrouvé) :
Positions.
Repérées.
Constatées.
A.L.
30
25
A.C.
59
50
Auto-canons.
1
2

La proportion entre l’A.L. et l’A.C. est donc la même entre les repérages et les constatations.

  • 2) Certaines déterminations erronées de calibre semblent être assez régulières :
    • le 150 L est souvent indiqué au lieu de 100L et réciproquement,
    • le 155 Ob. de même est confondu avec le 105 Ob. et réciproquement.

Ce fait est à signaler aux S.R.S. et aux observateurs, de façon à éliminer cette erreur assez fréquente.

  • 3) Lorsque les observateurs indiquent, pour une batterie, un calibre indéterminé, il s’agit presque toujours d’une position de campagne.

En effet, l’étude des positions connues, comme de calibre indéterminé, a donné lieu aux constatations suivantes :

7750%
105 Ob.25%
Divers25%

soit une proportion de 75% d’artillerie de campagne.

Repérages par S.R.S.

Il a été constaté que 57 positions sur 90 avaient été enregistrées et repérés par les S.R.S. Il est à signaler, d’autre part, que pour toute la région de PINON, forêt de PINON et bois DHERLY, où l’examen des photographies ne pouvait donner aucune indication, les S.R.S. ont été le seul moyen de repérage possible.

Les résultats montrent que ce procédé mérite la confiance des S.R.A.

En effet, les repérages par S.R.S. se répartissent ainsi :

Repérages exacts...........20
.......à 25 mètres près (0 à 25m)17
.......à 50 mètres près (25 à 50m)12
.......à 100 mètres (50 à 100m)6
.......à plus de 100 mètres(0 à 25m)2
----------
...............................Total.....57

Donc 84% des repérages sont exacts à 50 mètres près et 20% sont absolument exacts.

Il est à signaler que certains de ces repérages, répétés un assez grand nombre de fois, ont donné une forte proportion de points exacts (pièces différentes d’une même batterie).

Pour la position 1386 en particulier, la restitution photographique indiquait 2 alvéoles qui, à l’examen ultérieur sur une photographie prise à 700 mètres d’altitude, après la prise des positions, se sont révélés être des abris ; alors que la vraie position bien nette se trouvait à 50m plus au Sud, exactement, dans une région jalonnée par 5 repérages des S.R.S. et un repérage S.R.O.T

il en est de même pour les positions :

  • 2772 : (2 repérages des pièces extrêmes)
  • 3765 : (2 repérages des S.R.S. et 2 repérages de S.R.O.T.)
  • 1885 : (2 repérages de S.R.S. de la pièce Ouest) etc.

Il est à remarquer que les repérages indiqués comme bons, par les chefs de S.R.S., sont presque toujours au voisinage immédiat de la vraie position.

Il y a donc lieu de tenir le plus grand compte des indications des S.R.S..

Il serait utile que l’on tienne aux S.R.S. de C.A. une carte au 10.000è sur laquelle seraient portés, soigneusement, les repérages de S.R.S. Ces repérages pourraient porter trace du "poids" ou qualité de précision que leur confère le chef des S.R.S. (par un chiffre ou par l’indication de la zone d’erreur possible pour chaque repérage, par exemple sous la forme d’une ellipse plus ou moins aplatie, dont les éléments doivent être donnés par le Chef de la S.R.S.). Dès que le nombre de ces repérages augmente, l’examen des points les meilleurs ou communs doit permettre très vite de préciser l’emplacement réel de la batterie et, dans beaucoup de cas, la direction de son front.

L’examen de la région 1677 sur la carte annexée, qui n’a pu être visitée, montre que là se trouve une position de batterie qui d’ailleurs avait été contrôlée et dont le front est N.O.-S.E.

Repérages par S.R.O.T.

La région examinée ne se prêtait que très mal aux repérages par S.R.O.T., aucun observatoire n’ayant de vues sur ces positions toutes ouvertes par le CHEMIN des DAMES, tenu par l’ennemi. Toutefois, quelques lueurs ont pu être saisies au-dessus des crêtes et 15 repérages effectués par la S.R.O.T. de l’Ouest (front LANDRICOURT-PONT ROUGE).

Les 15 repérages se divisent, au point de vue précision, de la façon suivante :

Exacts8
à 25 m. près2
à 50m. (de 25 à 50m.)1
à 100m. (de 50 à 100m.)4
----
.......Total15

soit 73% de repérages exacts à 50m près, sur lesquels 50% exacts, c’est-à-dire tombant sur une des pièces de la batterie repérée.

En raison du faible nombre de ces repérages, il serait dangereux de tirer des conclusions trop générales.
Cependant, il est indiscutable que les résultats obtenus sont de nature à démontrer la confiance dans les repérages des S.R.O.T., lorsqu’on étudie sérieusement les chapeaux obtenus, et les conditions techniques dans lesquelles les les repérages sont faits.

Là encore comme pour les S.R.S. l’avis du Chef de S.R.O.T. doit être prépondérant dans la confiance que l’on doit attribuer à chaque observation.

Le même procédé d’étude que pour les repérages par S.R.S. est à utiliser.

Repérage par l’Aéronautique.

Les repérages à vue directe par l’Aéronautique, dans la région envisagée, étaient pour beaucoup d’entre eux assez délicats, en raison du terrain mouvementé, des couverts nombreux situés sur les pentes et de l’épaisse forêt de PINON et du bois DHERLY.

Cependant, ces repérages se sont montrés, comme toujours, de la plus grande valeur.

Sur les 60 repérages faits par l’Aéronautique on compte :

Repérages exacts38
.......à 25 mètres près (0 à 25m)4
.......à 50 mètres près (25 à 50m)8
.......à 100 mètres (50 à 100m)8
.......à plus de 100 mètres(0 à 25m)2
----------
...............................Total.....60

C’est-à-dire 83% de repérages exacts, à 50 mètres près, sur lesquels 63% sont exacts, c’est-à-dire correspondant à la position précise de pièces qui ont tiré. Il y a toutefois, dans les régions où la photographie ne donne rien, de grandes difficultés à préciser les emplacements vus en action. Il y a certainement avantage à faire reporter sur des photographies les repérages faits par les observateurs eux-mêmes, comme on l’a fait à la VIè Armée. Ces photographies, reproduites et distribuées aux observateurs permettent à ces derniers, pendant leurs vols, de rectifier de suite l’emplacement indiqué, dès qu’un nouveau repérage est effectué et pendant qu’ils ont encore nettement dans l’œil l’image du point où ils ont vus les lueurs. Cette correction peut se faire très facilement avec une pointe un peu dure, crayon ou épingle.

Les assemblages de photos, tels qu’ils ont été faits à l’Aéronautique de l’Armée, sont précieux à cet égard, parce qu’ils donnent en une seule feuille une grande surface de terrain à étudier.

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