Il paraît maintenant indispensable de donner un aperçu des résultats obtenus par le S.R.A. français.
Le rapport de la Commission Centrale d’Artillerie, sur l’évolution au cours de la guerre des méthodes de tir et de recherche des renseignements de l"artillerie française, s’exprime ainsi :
"D’une manière générale, notre artillerie est redevable au S.R.A. pour une large part de ses succès de contre-batterie, succès que les allemands ont reconnu à différentes reprises.
En 1917, après le recul allemand, le 33° C.A visite un grand nombre de positions de batteries portées sur le plan directeur français, 71% sont exactes, 19% le sont à 100m près.
Dans la région de LASSIGNY, sur 30 positions reconnues, le II° C.A. relève, à la même époque, 27 positions exactes, 1 à 100 mètres près."
Reconnaissance de la 6° Armée - Décembre 1917.
Après la bataille de MALMAISON, le S.R.A. de la 6° Armée entreprend la reconnaissance détaillée du terrain enlevé. L’examen porte sur 90 positions de batteries. Sauf 7 positions, toutes les autres étaient connues, soit 92%. Les 7 positions inconnues étaient des positions de circonstance ou de fortune, ou établies dans le talus de routes fréquentées, sans pistes par conséquent, et occupées pendant la préparation.
Quelques erreurs sur le calibre sont relevées, ainsi que l’indique le tableau suivant :
Position de | Repérées | Constatées |
210 | 4 | 4 |
150 L | 6 | 3 |
150 Ob | 18 | 14 |
Gros calibre indéterminé | 1 | > |
120 | > | 1 |
105 L | 1 | 4 |
105 Ob | 6 | 16 |
88 | 1 | > |
77 | 21 | 30 |
77 K.I.H. | > | 3 |
Calibre indéterminé ou inconnu | 31 | 13 |
Auto-canons | 1 | 2 |
Mais on peut toutefois faire les observations suivantes :
Repérage par S.R.A.
57 positions sur 90 avaient été repérés par S.R.S., soit 64% se répartissant comme suit :
Repérages exacts........... | 20 |
.......à 25 mètres près (0 à 25m) | 17 |
.......à 50 mètres près (25 à 50m) | 12 |
.......à 100 mètres (50 à 100m) | 6 |
.......à plus de 100 mètres(0 à 25m) | 2 |
---------- | |
...............................Total..... | 57 |
soit 84% repérages exacts à 50 mètres près
Repérage par S.R.O.T.
La région ne se prêtait que difficilement aux repérages par S.R.O.T.
15 repérages seulement sur 90, soit 17% (tous effectués par la même S.R.O.T.) :
.......exacts | 8 |
.......à 25 mètres près (0 à 25m) | 2 |
.......à 50 mètres près (25 à 50m) | 1 |
.......à 100 mètres (50 à 100m) | 4 |
---------- | |
...............................Total..... | 15 |
Repérage par l’Aéronautique
60 batteries sur 90 avaient été repérées par l’Aéronautique, soit 66% :
.......exacts | 38 |
.......à 25 mètres près (0 à 25m) | 4 |
.......à 50 mètres près (25 à 50m) | 8 |
.......à 100 mètres (50 à 100m) | 8 |
.......à plus de 100 mètres(0 à 25m) | 2 |
---------- | |
...............................Total..... | 60 |
soit 84% de repérages à 50 mètres près.
Restitution par le Canevas de tir
59 sur 90. Aucune erreur de restitution. 2 erreurs d’interprétation.
Résultats des tirs exécutés
L’examen des 90 positions sur le terrain montre que les effets du tir se répartissent comme suit :
Destruction totale | 50% |
Destruction partielle mais suffisante | |
pour rendre la position intenable | |
Position bombardée mais sans démolition | 19% |
pour rendre la position intenable | |
Sans tir systématique | 24% |
Cette proportion de positions de batteries connues, mais mais non contre-battues (24%), est très grande par rapport au nombre de batteries inconnues (8%). Ce fait doit être en partie attribué au mauvais temps, à la brume en particulier, qui a presque empêché tout réglage pendant la moitié de la durée de la préparation.
Tirs d’interdiction
(en tant que constatation sur le terrain)
Ils ont été bien exécutés et se sont montrés très efficaces. Mais les interrogatoires de prisonniers montrent que leur intensité fléchit systématiquement, à certaines heures, ce qui ouvre le passage aux mouvements de matériel et de personnel. Ce fléchissement avait lieu en général de 4 heures à 7 h. du matin.
La nécessité de la centralisation des renseignements a été ressentie chez les Allemands de la même façon que dans l’Armée française.
Mais le système adopté par nos ennemis est différent. Ils n’ont pas créé de service spécial de renseignements. La centralisation n’a pas dépassé le C.A. et ils ont confié la recherche des renseignements à leurs sections de repérage.
Leurs sections comprenaient des S.R.S. et des S.R.O.T.
C’étaient des organes territoriaux fixes placés sous les ordres du Commandant de l’artillerie, du secteur où ils étaient installés. Leur nombre paraît avoir été considérable, environ 1 par division, puisque en Septembre 1917, on avait déjà identifié 174 S.R.O.T.
Les chefs de section étudiaient les photos et dressaient la liste des batteries ennemies.
Dans l’ensemble, la technique du repérage demeure très inférieures à la nôtre ; on peut en avoir une idée par l’examen d’un document allemand, trouvé en Décembre 1916, et relatif à la position des batteries françaises dans le secteur Sud de SAINT-DIÉ, où aucune modification du front n’avait eu lieu depuis Octobre 1914.
Sur 31 batteries signalées par l’ennemi :
Le nombre de batteries françaises dans le secteur était, à la même époque, de 41. Donc 30 avaient totalement échappé aux investigations de l’ennemi, soit 73%.