L’instruction du G.Q.G, en date du 20 Octobre 1916, a créé les S.R.A d’Armée et de Corps d’Armée, et fixé les attributions de chacun d’eux. Cette instruction, parfaitement claire, n’a pas besoin de commentaires. toutefois, il semble utile d’insister sur quelques points particuliers.
Le rôle du S.R.A., aux différents échelons, et ses rapports avec les différents États-Majors ou Services du Corps d’Armée (C.A.) et de l’Armée, peuvent être parfaitement compris par l’étude sommaire du fonctionnement du Service des renseignements dans la recherche des batteries ennemies, au moment d’une attaque.
Il étudie tous ces résultats, les épure, les compare à ceux obtenues antérieurement, et se trouve ainsi à même de dresser, avec le maximum de précision, la liste des batteries ennemies.
En possession de ces renseignements, le Commandement, aux différents échelons, répartit les objectifs entre les exécutants ; mais il est nécessaire, aux échelons subalternes, pour faire un choix judicieux du groupe ou de la batterie chargés de la destruction d’une batterie ennemie, de connaître, en plus de la position exacte de cette dernière, son orientation et son degré de protection.
C’est encore le S.R.A. qui peut fournir ces renseignements ; il lui suffit de faire tirer et distribuer aux intéressés la copie des fiches de batteries.
Au S.R.A. de l’Armée chaque batterie ennemie donne lieu en effet à l’établissement d’une fiche sur laquelle est reportée l’étude détaillée de l’objectif.
Par ce qui précède, on voit que le travail du S.R.A. d’Armée est un travail de longue haleine dont l’importance est capitale. Des batteries ennemies ont-elles échappé aux recherches, elles risquent de n’être pas contrebattues et arrêtent ou retardent au moment d’une attaque la progression de notre infanterie.
C’est encore le S.R.A. qui, par la centralisation des renseignements des différentes sources, sera à même de remplir ce rôle. Un principe essentiel, qui ne doit jamais être perdu de vue, est qu’au moment d’une attaque, il faut aller vite, et que tout renseignement doit être aussitôt transmis tel qu’il est obtenu et précisé, ultérieurement, quand cela est possible.
Le rôle du S.R.A. de C.A., au moment d’une attaque, devient prépondérant. Il rassemble les renseignements provenant :
Il se tient en liaison constante avec le Commandant de l’A.L. du C.A. chargé plus spécialement de la contre-batterie. Les renseignements des S.R.S. et des S.R.O.T. lui parviennent directement.
A l’escadrille il détache son adjoint qui lui rend compte des résultats :
Les officiers de renseignements d’A.D. ou de l’A.L. centralisent les renseignements provenant de leurs observateurs. Ils les font exploiter, si possible, et transmettent aussitôt le résultat de leurs études au S.R.A. de C.A.
Tous ces renseignements, rapidement obtenus par le S.R.A. du C.A., font l’objet de fiches spéciales transmises pendant la bataille aux intéressés par téléphone, estafette ou coureur. Mais ces renseignements rapides sont quelquefois entachés d’erreurs. Ces dernières s’éliminent peu à peu :
En fin de journée, le S.R.A. de C.A. établit le résumé succinct de son travail et l’envoie ou mieux l’apporte au S.R.A de l’Armée.
Au S.R.A. de l’Armée se retrouvant donc en fin de journée, à une heure fixée, les S.R.A. de C.A. A cette conférence assistent aussi un représentant du 2è Bureau et un représentant du Groupe de Canevas de tir.
Les résultats obtenus par le S.R.A. de C.A. sont rapidement étudiés, comparés quand ils se rapportent à un même objectif. De plus, le S.R.A. de l’Armée y ajoute les renseignements que lui-même a pu obtenir, de l’Aéronautique, et du 2è Bureau d’Armée.
L’étude porte :
En quelques instants, la carte des batteries ennemies peut être arrêtée. Elle est aussitôt tirée par le Canevas de tir pour l’ensemble de l’Armée, par chaque S.T.C.A.(section topographique de corps d’armée) pour le secteur du C.A. correspondant. Ces cartes sont distribuées dans la nuit, et le Commandant peut prendre, en toute connaissance de cause, ses dispositions et donner ses ordres pour le lendemain.
En 1917, une circulaire du G.Q.G. a créé les officiers de renseignements d’artillerie aux échelons groupes, régiments, artillerie divisionnaire. Dans quelques armées (IIè et VIè en particulier), le rôle des officiers de renseignements de l’A.D. fut quelque peu développé, et des officiers devinrent de véritables chefs de S.R.A..
De fait, le S.R.A. divisionnaire semble indispensable, en particulier dans la guerre de mouvement. Remarquons tout d’abord qu’à ce moment, le Commandant de l’A.D. dispose en général d’un groupement d’artillerie lourde lui permettant d’entreprendre la contre-batterie. Si on lui donne les moyens de contrebattre l’artillerie ennemie, il est logique de lui donner le moyens de la connaître, c’est-à-dire de placer près de lui un service de renseignements organisé.
En guerre de mouvement, l’objectif est fugitif. Il est mal abrité, plus étendu, par suite plus vulnérable, et le problème consistera, le plus souvent pour l’artillerie, dans le déclenchement au moment opportun d’un tir sur zone.
Il n’est pas alors nécessaire d’avoir recours au S.R.A. de C.A., pour obtenir une précision, d’ailleurs inutile, dans la détermination de l’objectif. Ce C.A. est trop loin des exécutants pour pouvoir intervenir en temps voulu. De plus, la plupart du temps, le recoupement des renseignements est très rare en guerre de mouvement, et le S.R.A. du C.A. ne possèdera pas, le plus souvent, d’autres renseignements que ceux qui lui parviennent du S.R.A. divisionnaire. On peut dire qu’au point de vue S.R.A., en guerre de mouvement, il y a décalage :
Donc si on veut que le S.R.A. divisionnaire soit à même, à un certain moment, de remplir convenablement sa mission, il faut le constituer solidement au même titre que le S.R.A. d’Armée et de C.A.