Quels choix pour quels combats ? (1935-1945)
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La période d’entre deux guerres porte en faible partie sur la mécanisation et plus largement sur la posture défensive : la construction de la ligne Maginot. Les débats improductifs entre l’aéronautique et l’armée de terre ralentit la modernisation des avions d’observation, pourtant utiles à l’artillerie. La modernisation de nos armées a été insuffisante comparativement à la force mécanique redoutable constituée par l’armée allemande, combinant chars et avions.
Puis la Seconde Guerre mondiale se déroule en quatre étapes :
Explorons point par point les évolutions conduites dans les composantes principales.
La période d’entre deux guerres permet d’affiner les subdivisions créées pendant la 1ère GM. C’est le cas pour la DCA qui justifie la place centrale qui lui est donnée dans le musée..
L’artillerie de la DCA, après avoir quitté l’artillerie pour l’aéronautique en 1919, revient à l’artillerie en 1924 [1]. Ces régiments comportent des auto-canons, des canons sur remorques, des canons sur plates-formes et des projecteurs.
Le matériel a vieilli, l’effort se porte alors sur l’amélioration des bouches à feu (du 75 modèle 13 - Vo de 570m/s, on passe au 75 modèle 28 - Vo de 700m/s) et les systèmes de conduite de tir (modèles 1932 et 1934).
Les matériels de 90mm (en Défense aérienne du territoire seulement)et de 25mm viendront compléter le domaine d’action (vers le haut et le bas) du canon de 75.
La DCA des armées comptera , en avril 1940, seulement trois groupes d’auto-canons de 75 (dont à peine un tiers du tube moderne modèle 28), 9 groupes de remorques tous en 75 modèle 28, et 3 groupes de projecteurs, plus 44 batteries de 25mm Hotchkiss à 6 pièces et un certain nombre de canons suisses de 20mm Oerlikon.
Pour en savoir plus sur la DCA, cliquer ici.
Matériels majeurs présentés :
le canon de 75mm de D.C.A. Mod 1917 modifié 1934, illustre bien cette évolution ; à côté de lui, un projecteur de DCA pour agir de jour comme de nuit (la maquette d’avion accrochée en l’air dans le prolongement de son tube permet de commenter son dispositif de pointage).
L’esprit défensif l’emporte sur l’esprit offensif. Une ligne défensive est construite, c’est la ligne Maginot.
L’artillerie française, dont les effectifs ont bien diminué depuis la Grande Guerre (notamment avec la dissolution des régiments d’artillerie de tranchée), doit aussi gager sur ses effectifs pour armer la ligne Maginot en artilleurs de forteresse et artillerie d’intervalles. .
Son artillerie complète harmonieusement la panoplie en armes d’infanterie et armes antichars.
Le matériel d’artillerie, diversifié, est particulièrement efficace grâce à une méthode de tir qui profite de la stabilité des pièces et d’une bonne connaissance du milieu (météo, terrain, topo). Les moyens de transmissions inspirés de ceux de la marine sont efficients. Les pièces sont soit en casemates et pratiquent le tir de flanquement, soit en tourelles cuirassées pour l’agression de front.
L’histoire de l’artillerie française relate la forte résistance de certains ouvrages face aux tentatives sans succès des Allemands.
Après la guerre des études reprendront pour apporter des modifications aux ouvrages toujours utilisables. En 1961 cesseront toutes activités.
Matériels majeurs présentés :
A l’intérieur d’un diorama représentant un poste de tir, on trouve :
Pendant l’entre-deux guerres, en dépit d’études et expérimentations diverses, l’artillerie classique n’a pas bénéficié d’une priorité budgétaire. A la mobilisation et pendant la Campagne de France les matériels d’artillerie sont d’origines et d’anciennetés diverses.
Pourtant, pendant la drôle de guerre où les forces s’observent, les allemands considèrent qu’elle est supérieure à la leur, et ils vont le constater effectivement pendant la Campagne de France où leurs pertes sont majoritairement imputables à l’artillerie. Mais la vitesse imposée par le couple chars-avions va vite avoir raison de l’artillerie française, comme du reste des autres armes, par le manque de mobilité.
Mais il y a pourtant eu des épisodes glorieux qui n’ont rien à envier aux combats les plus durs de 14-18 et qui méritent d’être connus. L’aviation d’observation y a contribué.
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Matériels majeurs présentés :
En zone occupée, dans un format réduit, l’artillerie française, obligatoirement équipée de canons de 75mm, est cantonnée dans ses quartiers et y fait de l’instruction, (certains autres matériels sont dissimulés). Le Service de l’artillerie se met en civil (pour ne pas entrer dans les comptes des forces armées) et est transformé en Service du matériel. En 1942, remilitarisé, ce service ne reviendra plus dans l’artillerie. Les unités ont quand même réussi à masquer à l’ennemi des armements diversifiés., notamment en AFN.
Deux ans après l’armistice, toujours équipée majoritairement du canon de 75 modèle 97, du canon de montagne de 65 et de 75mm à dos de mulet, de quelques 105 et 155C, et du 155 GPF (Grande Puissance Fillioux), la France libre reprend la lutte à partir de l’Afrique du Nord, seule d’abord (Tchad - Koufra) puis avec les forces alliées débarquées (Tunisie - Libye) tout en procédant à son armement progressif en matériel allié. Sur ce théâtre, l’artillerie hippomobile vivra ses derniers jours. En DCA nous disposons de section de mitrailleuses doubles ou quadruples de 13,2, de 20 Oerlikon ou de canon de 25. L’armée de l’air apporte deux sections de 25 et la Marine une batterie de 90. En antichar, les quelques canons de 47mm vont vite manquer de munitions, on utilise alors le 75 Mle 1897 selon une technique bien améliorée [2].
Pour en savoir plus sur les combats de Koufra et Bir-Hakeim, cliquer ici.
Matériels majeurs présentés :
En Afrique, l’armée française commence à recevoir du matériel américain après avoir négocié avec les alliés pour 8 divisions. Elle va ainsi pouvoir participer très activement aux combats de la libération et à la reddition de l’Allemagne. L’artillerie française y tiendra sa place en s’adaptant très vite à la modernité des systèmes avec l’emploi généralisé des postes radio à modulation d’amplitude et de fréquence (observateurs - liaisons interarmes).
Le corps expéditionnaire français (CEF) est le premier doté de matériels américains pour la campagne d’Italie. L’organisation de son artillerie est conforme au modèle américain, mais conserve néanmoins son artillerie de montagne (75 sur mulets), le 155 GPF et d’obusiers de 155 Court Schneider. Elle se distinguera à la bataille du Garigliano (Monte-Cassino), par ses tirs de préparation intenses et de poursuite.
L’artillerie de la 1ère armée est à son tour équipée sur le territoire africain et forme avec les unités de retour de la Campagne d’Italie, 7 divisions sur le modèle américain.
Enfin la division blindée du général Leclerc est aussi équipée sur le territoire britannique avant le débarquement en Provence. Elle libèrera Paris, puis Strasbourg pour atteindre en final Berchtesgaden.
A la fin de la guerre l’armée française compte une quinzaine de divisions ainsi équipées.
Toute cette artillerie va pouvoir s’exprimer avec la meilleure réactivité possible jusqu’à cette époque, grâce à ses détachements d’observation avancés à la manœuvre souple et à une aviation d’observation, équipée de Pipers-cub, adaptée au niveau division et l’ensemble communiquant avec des moyens radios performants. L’artillerie française a abandonné une fois pour toutes la téléphonie.
Matériels majeurs présentés :
[1] Ces unités s’appellent alors "régiments d’artillerie de D.C.A" et sont dotés de nouveaux numéros (ajouter 400 à leur numéro d’unité aéronautique).
[2] L’instruction délivrée depuis 1940 porte par priorité au tir antichar. Lorsque les blindés apparaissent sur le terrain bien repéré à l’avance, les batteries les prennent au plus loin sous des tirs massifs. Sur chaque pénétrante une section se tient prête à tirer d’écharpe à vue directe. A 800m elle ouvre le feu cependant que le tir des batteries redouble. Bien souvent, subissant de lourds dégâts, les blindés renoncent et manœuvrent.