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Le système PARCA
 

Le système PARCA (Projectile Autopropulsé Radioguidé Contre Avions)a été conçu et développé par la Direction des Études et Fabrication d’Armement de l’Armée de Terre.

La version de l’époque, dite "PARCA de transition", était exclusivement destinée à l’instruction du personnel militaire, à la mise au point du système, et à la fabrication en série. Elle devait aboutir à la version ultérieure "PARCA programme" aux performances nettement supérieures : ce programme sera abandonné au profit du HAWK.

1. ORGANISATION DU SYSTÈME

Il se composait de plusieurs ensembles : l’engin lui-même (la fusée), la rampe de lancement et son tracteur Corbitt, la remorque d’alimentation et de contrôle et son tracteur Dodge, la génératrice IRAT et son tracteur GMC, le système de câblage, la semi remorque de mise sous tension, la semi remorque de commandement, un camion de contrôle engin de type SIMCA, le radar COTAL. A ceci, il convient d’ajouter un camion de transfert de zone assemblage - rampe, une grue de manutention, une remorque pour le calculateur de pré pointage.

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Entre 1945 et 1956, plus d’une centaine de tirs ont été effectués en particulier sur le site du Centre Interarmées d’Essais d’Engins Spéciaux (CIEES) de Guir à Colomb-Béchar au Sahara, ainsi qu’à Suippes, à Quiberon, à La Renardière et au Cardonnet. La dernière campagne de tir de l’Ecole de Nîmes se déroulera à Biscarosse - Naous en juin 1961.

2. PRINCIPE DE GUIDAGE
Le principe général de guidage était du type "alignement sur faisceau directeur".

L’acquisition était réalisée par un radar d’acquisition (qui pouvait être commun à plusieurs batteries) qui transmettait les informations utiles au Poste de Commandement de Batterie situé dans le poste de guidage au sol. L’ordre de poursuite était transmis à un radar de type COTAL qui assurait la poursuite automatique de l’objectif. Ce radar délivrait de manière continue les coordonnées de l’avion à un calculateur qui orientait la rampe de lancement et à un goniomètre aérien associé (G.1).
Simultanément, un second goniomètre (G.2) assurait la poursuite de l’avion, soitpar optique, soit automatiquement via le COTAL et le calculateur définissant ainsi le faisceau directeur.

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Deux secondes avant l’instant du tir, à partir du pupitre de l’officier de tir, la rampe et l’aérien G.1 se stabilisaient.

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Pupitre



Après décollage et misse en balistique de l’engin, ce dernier était pris en charge par l’antenne de télécommande G.1 pour être amené sur le rayon directeur défini par G.2 : "phase de raccordement".
A partir de la 11éme seconde de vol, l’engin était asservi au faisceau directeur : "phase d’alignement".
Pendant la phase de guidage, l’engin était localisé par rapport à l’axe électrique (soit par raccordement, soit par alignement) grâce à la réception au sol de l’onde continue HF en provenance de l’émetteur de bord. [1] Le récepteur au sol pouvait alors définir les informations "écart engin - rayon directeur" et "positions en roulis" et les transmettre à l’élaborateur puis à l’engin grâce à l’émetteur de télécommande. Le récepteur de bord pouvait alors exploiter ces informations et activer les servomoteurs électriques des commandes de gouvernes.
La mise à feu du détonateur de la charge était réalisée avec deux possibilités : par signal émis du sol par l’officier de tir et par minuterie à H+35s (temps de fin de vol).

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3. DONNÉES TECHNIQUES

Les cours système et techniques étaient enseignés à l’Ecole de Spécialisation Sol Air (E.S.A.A.) de Nîmes par le cours "artillerie guidée" en 1961 (fascicules détenus par le musée de l’artillerie sous les n° PAG 100 et 101).
Certains cadres instructeurs ou utilisateurs seront retenus en 1963 pour être transférés dans les bataillons HAWK qui suivront les stages aux États-Unis d’Amérique.

  • 31. L’"ENGIN" PARCA :
    L’engin était une fusée à deux étages, à propulsion à poudre, pesant environ 1 tonne au décollage. Il mesurait 7,50m de long pour un diamètre (hors voilure avant et gouvernes arrières) de 0,45m. L’envergure totale atteignait 1,70m.
    La distance d’interception était de 14000m pour une altitude de 12000m. Sa vitesse atteignait Mach2 avec un facteur de charge de 20g emportant une charge utile de 80kg (40kg de tolite et 800 éclats).

    Caractéristiques des propulseurs :
    • de démarrage (4 propulseurs à poudre) : poussée 12 tonnes pendant 4 secondes pour atteindre 400m/s ;
    • de croisière (2 blocs de poudre Epictete) : poussée 2 tonnes pendant 17s pour stabiliser à 650m/s.

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Pour plus de détails techniques sur le PARCA, voir cet article.

  • 32. LA RAMPE DE LANCEMENT :
    La rampe est télécommandée en pointage (gisement et site) à l’aide de deux servomécanismes à partir des éléments fournis par le calculateur.
    Elle se compose de trois parties :
    • la masse oscillante équipée de 4 guides pour le positionnement de l’engin,
    • l’affût pivotant avec ses moteurs électriques de pointage,
    • le châssis comprenant le groupe auxiliaire Ward Léonard, un dispositif hydraulique de mise en batterie ; les 2 flèches latérales rabattables et les trains de roues amovibles, ces derniers étant retirés lors de la mise en station.

Elle est servie par un équipage de 10 hommes : un sous-officier chef de rampe, un brigadier, cinq servants et trois chauffeurs. Un artificier est présent lors de la phase de préparation au tir.

  • 33. LA REMORQUE D’ALIMENTATION ET DE CONTRÔLE :
    Cette remorque sert d’intermédiaire entre la rampe d’une part, la génératrice (220V 50Hz) la semi-remorque n°2 pour la mise sous tension de la rampe et le test à distance de l’engin. Elle est située à une dizaine de mètres de la rampe. C’est à partir de cette cabine que le lieutenant de tir effectue le test de l’engin et la mise à feu.

[1] l’émetteur de bord produisait une onde entretenue de 2880MHz reçue au sol par les aériens des récepteurs ; cette émission permettait alors de repérer l’engin et de mesurer son écart par rapport au rayon directeur afin de calculer ainsi les corrections à apporter à la trajectoire.


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